Accueil > Nos actions > Journal de Bord des Opérations > Vacances Scientifiques > Autres séjours > Sur la route des oiseaux migrateurs du 25 octobre au 01 novembre 2020
Introduction
Le pays basque est un haut lieu de passage de la migration des oiseaux. Chaque année, des centaines de bénévoles se répartissent sur différents cols afin d’observer le ciel et d’étudier les oiseaux migrateurs. C’est dans cet objectif qu’OSI Biodiversita va intervenir. Nous nous baserons sur les études réalisées sur le col d’Organbidexka, lieux mythique et historique du comptage des oiseaux, et irons mettre en place un protocole de suivi de la migration sur le massif des Escaliers en pleine forêt d’Iraty.
Notre mission sera de profiter du spectacle de la migration et de compter et d’identifier les oiseaux qui vont passer les crêtes menant à l’Espagne, puis, pour certains jusqu’en Afrique. Nos résultats seront mis sur une base de données de science participative (observation.org) afin d’alimenter les jeux de données utilisées pour évaluer les populations en migration.
Le séjour a eu lieu du 25 octobre au 1er novembre 2020, et a été encadré par Hélène, spécialisée en ornithologie et notamment dans le domaine de la migration des oiseaux, et Bastien, passionné par la faune de montagne.
Lien vers la présentation du séjour : https://www.vacances-scientifiques.com/Sur-la-Route-des-Oiseaux-Migrateurs-en-Pyrenees.html
Le Journal de Bord
Dimanche 25 octobre 2020
Dans l’après-midi, les participants se sont retrouvés au gîte « le Chalet Pedro » en plein cœur du Pays Basque sur le territoire de la forêt d’Iraty qui est la plus grande forêt de Hêtre d’Europe (à cheval entre la France et l’Espagne). C’est donc un milieux tout à fait remarquable où l’on constate que les arbres aux formes étranges se sont développées dans des conditions de vent extrême ! Une fois tout le monde bien installé au gîte, nous sommes allés faire un tour un peu plus haut sur les crêtes pour découvrir le terrain où nous irons les jours suivants afin de réaliser notre étude sur les oiseaux migrateurs. Ainsi, nous montons dans notre petit vanne bleu, direction les crêtes.
Depuis ces derniers jours, les crêtes subissent les assauts répétés du vent et de la pluie, ce qui ne nous a pourtant pas découragés ! La météo est très changeante ici à 1200m d’altitude, et du fait du relief marqué et de la forme des vallées, le brouillard et le vent sont monnaie courante à cette saison. Vu les conditions météorologiques, il est incroyable de se dire que malgré ses conditions, des milliers d’oiseaux vont pourtant emprunter cette voie pour prendre la direction du Sud vers leur lieux d’hivernage. Nous voilà donc arrivés sur le col mythique d’Organbidexka, pour observer le paysage et les quelques oiseaux affrontant le vent encore puissant. Le nom du col est écrit en basque, où l’on peut aisément associer un n et un b sans que cela ne gêne personne. En français, cela s’écrit ainsi, Orgambideska, le « s » remplace le « x », et l’on peut voir les deux écritures sur les cartes IGN par exemple. Pour l’anecdote, ce mot signifie : le petit chemin des charrettes, puisque le long du col, un sentier caillouteux était utilisé par les charrettes pour passer les cols, disons que c’était la route officielle. Elle est aujourd’hui encore utilisée par les bergers qui montent leurs brebis en pâture.
Si nous avons choisi de commencer notre séjour par la visite de ce col, c’est qu’il a une histoire formidable. C’est le premier endroit en France où des groupes de bénévoles passionnés ont monté le tout premier site d’étude et d’observation de la migration des oiseaux, et ce comptage, repris par d’autres associations au fil du temps, a toujours lieux tous les ans, entre mi juillet et mi novembre. Cela fait plus de 40 ans que des passionnés se relayent du lever au coucher du soleil pendant 4 mois, afin de collecter des données sur ces oiseaux migrateurs. L’accent est en général mis sur les grands échassiers, les pigeons appelé « la palombe » ici dans le Sud Ouest (venant de son nom latin, Columba palombus). Mais ce qui fait la réputation de ce site, c’est bien évidement le passage incroyable des rapaces en migration. Car oui, les rapaces aussi migrent pour rejoindre des terres aux conditions plus clémentes et aux ressources alimentaires plus variées. En fonction des semaines, on pourra y croiser, des Milans noirs (Milvus milvus), Plusieurs espèces de Faucons, des Aigles également comme l’Aigle botté (Hieraaetus pennatus) ou encore le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), la magnifique Bondrée apivore (Pernis apivorus) que l’on confond parfois avec la plus commune Buse variable (Buteo buteo), et bien d’autres encore. Mais là, on ne vous liste que les oiseaux migrateurs... Mais d’autres oiseaux, dits locaux, séjournent toute l’année dans ces vallées et peuvent être observés en train de se déplacer ou de chasser sur ces crêtes, c’est le cas par exemple de l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), le Vautour fauve (Gyps fulvus) ou le rarissime Gypaète barbu (Gypaetus barbatus).
Sur le site d’Organbidexka donc, les observateurs de l’association la Ligue pour le Protection des Oiseaux s’affairent à scruter le ciel à la recherche des oiseaux. Emmitouflés dans des gros manteaux et assis sur leurs chaises pliantes pêcheurs, ils luttent contre le vent, tentant de garder leurs yeux en face de leurs jumelles qui ne décrochent pas du ciel. Nous allons à leur rencontre pour nous présenter, et discuter avec eux de leur protocole d’étude, des espèces qu’ils ont pu voir passer dans ce froid et ce vent.
Nous en profitons pour découvrir le paysage, les cols, les points de repères et tentons de comprendre les courants de migration utilisés par les oiseaux lorsque les conditions météorologiques sont si difficile. On nous apprend que la journée a été ventées et que peu d’oiseaux ont été observés. Ces voyageurs ont sans doute préféré rester en fond de vallées pour ne pas affronter la colère du vent d’altitude. A cette hypothèse, deux choix s’offrent à eux : soit ils vont rester en basse vallée et attendre une accalmie, soit ils vont simplement se décaler de quelques kilomètres et essayer de passer dans un secteur moins venteux.
En attendant, nous faisons nos premières observations d’oiseaux, et ce sont des petits passereaux qui, courageux, se lancent à l’assaut des crêtes. Ainsi un beau vol de Tarins des Aulnes (Spinus spinus) est passé très près de nous, de même qu’une Corneille noire (Corvus corone) volant contre le vent. On dirait même qu’elle s’amuse dans ces courants d’air, jouant avec les altitudes en se laissant porter sans battre des ailes. Nous n’avons pas prit racine sur le col et avons préférer rejoindre notre gîte pour commencer notre mission.
Ce soir, après une première présentation ludique de quelques espèces d’oiseaux susceptibles d’être observées ici, c’est un plat de lasagnes qui nous a régalé.
Lundi 26 Octobre 2020
Ce matin, la neige avait recouvert la forêt mais n’a pas tenu longtemps. Le paysage forestier autour du chalet a prit une jolie couleur blanche ; et tout est devenu silence. Le vent est tombé semble-t-il. Durant la matinée, nous avons commencé à en savoir plus sur la migration des oiseaux au travers d’un jeu avec des questions. Pourquoi les oiseaux migrent-ils ? Comment se repèrent-ils ? Cette petite présentation nous a permis de partir sur une base de connaissance commune, car comment bien étudier ce phénomène si nous ne comprenons pas quels sont les impératifs biologiques qui poussent les oiseaux à effectuer un si grand voyage. Alors voilà en gros ce que l’on peut résumer :
Pourquoi les oiseaux migrent-ils ? Le phénomène de migration correspond à un déplace d’une zone où les conditions deviennent défavorables à cause de l’hiver qui approche (diminution des ressources alimentaires, plans d’eau qui vont geler, luminosité en baisse etc.). Ils vont donc aller dans un secteur où les conditions, durant l’hiver sont davantage favorables à leur survie. Et ce comportement, répété de génération en génération apparaît comme un impératif biologique pour de nombreux individus qui vont donc effectuer chaque année ce déplacement vers le Sud. Mais, en ce qui concerne la migration retour, là c’est un impératif lié à la reproduction, puisque pour limiter la surpopulation dans les zones du sud, les oiseaux vont donc reconquérir des territoires « vides » où, au printemps, les conditions commencent à nouveaux à être viables. Ajoutez à cela les hormones qui commencent à s’activer, le besoin de remonter vers le Nord se fait de plus en plus ressentir. D’où leur retour au printemps.
Comment se repèrent-ils ? Là, c’est une question bien plus difficile, puisque les scientifiques sont encore en train de trouver des réponses car il existe encore bien des mystères. Mais en gros, il y a plusieurs techniques. Certains se repèrent au soleil ou à la position des étoiles dans le ciel, d’autres vont se rappeler des chemins utilisés en observant le paysage (montages, fleuves, océans, etc), et enfin, pour d’autres des cristaux de magnétite dans leur tête leur permet de capter les ondes magnétiques émises par la Terre et donc leur permettrait de trouver les grands accès directionnels Nord-Sud. Bon et pour les autres, ben on n’en sait rien, les études sont en cours et nous apporterons encore des réponses.
Une fois cette présentation passionnante et très éclairante effectuée, direction le jardin. Nous avons pris le temps d’apprendre à régler les jumelles pour qu’elles soient à notre vue et avons commencé à utiliser des longues vue pour pouvoir être prêts lorsque nous irons sur les crêtes pour étudier la migration des oiseaux. Parce qu’une longue vue c’est l’équivalent d’un télescope pour observer les étoiles en moins puissant. Même si, celles que nous avons peuvent zoomer jusqu’à 60fois, il faut apprendre à regarder dedans et à viser, car lorsque l’on voit à l’œil nu un oiseau dans le ciel et que l’on essaye de le regarder dans la longue vue, encore faut-il le retrouver dans cette immensité où nous n’avons aucun point de repère. Plus en s’entraîne, plus on sera prêt et efficace sur le terrain. Juste pour information, Nous utilisons la longue vue d’Hélène qui est de la marque Kyte, et qui est un très bon rapport qualité/prix pour l’usage que l’on en fait. Une bonne luminosité, un grand champ de vision, et un super zoom... Elle est vraiment cool et pratique.
Entre deux accalmies, nous voilà partis arpenter la forêt pour marcher et sortir un peu du chalet et pour aller découvrir un peu le animaux que l’on a dans le coin. Et malgré les conditions météorologiques humides, les oiseaux sont très actifs. On les entend piailler et sautiller de branche en branche, on les voit se poser au sol pour picorer des graines. On croise donc une Bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea) sur un radeau de feuilles, une Buse variable (Buteo buteo) houspillée par les Corneilles noires (Corvus corone), les jolies Mésanges huppées (Lophophanes cristatus), les Grimpereaux des jardins (Certhia brachydactyla) qui montent habillement et tournent sur les troncs d’arbres... Une très belle diversité d’espèces observée pendant cette première sortie.
D’ailleurs, nous avons également eu la grande chance d’observer une Vipère séoane (Vipera seoanei). L’animal trouvé au sol par Thibaut était déjà mort mais était en très bon état. L’occasion de parler des reptiles, et notamment des espèces rares, comme c’est le cas de cette vipère qui ne s’observe en France que dans quelques vallées seulement. C’est donc une grande chance pour nous d’avoir pu la rencontrer.
Rédaction de notre protocole d’étude sur la migration
Retrouvez notre note se synthèse concernant notre protocole d’étude en fin de journal de bord
Le reste de l’après midi, nous avons travaillé à la rédaction d’un protocole d’étude que nous allons mettre en place durant le reste de la semaine afin d’étudier le flux de passage migratoire derrière le Massif des Escaliers. Ainsi nous avons pu voir comment s’organise une étude scientifique de ce genre et avons pu déterminer collectivement les informations nécessaires pour la réalisation de notre étude. Nous avons repris des protocoles réalisés sur le suivi de la migration par d’autres organismes et avons sélectionnés collectivement les données qui nous semblaient pertinentes et réalisables compte tenue du temps et du matériel dont nous disposions.
Localisation du site d’étude et Météorologie :
Ainsi, nous avons choisi le site d’étude, mais également les secteurs d’observation d’arrivées et de départs des oiseaux que nous allons étudier, afin de savoir à partir de quel repère géographique du territoire l’on considère l’oiseau comme ayant migré vers le Sud (pour différencier les migrateurs, de ceux qui viennent chasser dans le secteur). Afin de coupler les données récoltées avec des données de cadrage météorologique (dans l’objectif de mieux comprendre les déplacements des oiseaux dans le ciel en fonction de la météo), nous avons sélectionné plusieurs informations utiles à notre étude : Température, vitesse et direction du vent, nébulosité, hauteur de la couverture nuageuse et pluviométrie. Ces informations seront récoltées en début de chaque heure sur une fiche météorologique lors de la mise en place de notre étude sur le terrain.
Données de cadrage :
Lors de la rédaction de notre protocole scientifique, nous avons ciblé plusieurs espèces à étudier car les particularités géomorphologiques du site vont favoriser le passage de certaines espèces au détriment d’autres. L’effet « entonnoir » de ces montagnes est propice au passage des grands échassiers, cependant les passereaux volent de façon plus désordonnée, en dehors de cet entonnoir, propice à notre comptage. Nous écartons donc les passereaux de notre études, mais nous pouvons cependant les comptabiliser en tant que données opportunistes (= informations intéressante en soi, mais récoltée en dehors d’un protocole d’étude).
Ainsi nous avons sélectionné les catégories d’espèces suivantes : Rapaces + Grands échassiers + Pigeons, et pour cela, nous aurons besoin d’associer les informations suivantes à chacune des observations récoltées :
> Le nom exact de l’espèce (genre et espèce = Milan royal)
> Le lieu exact de l’observation (notre site d’observation qui devra demeurer strictement le même durant notre étude)
> Les données horodatées : date et heure exacte à la minute près
> Le nom des observateurs présents sur le site
La récolte des données :
Nous avons réalisé un tableau faisant apparaître les entrées (lieu de détection de l’oiseau) et les sorties (lieu où où l’oiseau est passé par dessus les crètes en Direction du Sud) noté "S1, S2 ou S3. Ces données sont réparties dans la plage horaire que nous avons sélectionné à savoir de 13h à 16h (horaires les plus propices à l’observation de nos espèces cibles). Ce tableau sera emporté avec nous et rempli directement sur le terrain puis retranscrit dans un tableur excel chaque soir.
Après tout ce travail collectif, où les méninges ont bien travaillées, un bon repas et un super fondant au chocolat, nous avons revu en détail l’ensemble des oiseaux observés durant la journée afin de revoir ensemble les critères et avons fait un quizz photos afin de nous préparer à aller observer les rapaces sur le terrain demain !
Mardi 27 Octobre 2020
On ouvre un œil, plus de pluie ! Après un solide petit déjeuner, session de découverte des chants d’oiseaux le long de la rivière Iratiko Erreka. On apprend tout sur le pourquoi et le comment (les oiseaux ont des membranes dans leurs trachées ce qui leur permet de moduler le son). Des mésanges en pagaille qui sautent d’une branche à l’autre, la « fameuse bergeronnette grise de Thibault », nos amis les Rougegorges familiers (Erithacus rubecula), les Geais des chênes (Garrulus glandarius) qui se chamaillent, et le roi de la forêt - autrement dit le Roitelet triple bandeau (Regulus ignicapilla) dont Hélène vous contera l’histoire.
Déjeuner rapide et en route pour le « Protocole ». En chemin, nous tombons sur une curée de Vautours fauves (Gyps fulvus ), qui décollent devant nous. Une curée est un rassemblement de vautours nécrophages sur la carcasse d’un animal mort - il y a toute une hiérarchie entre les individus qui viennent s’y nourrir, on entend des sifflements, des cris, des coups d’ailes, tout ceci est très organisé. Après investigation (digne d’une série américaine), nous retrouvons les indices (fientes et plumes) et la carcasse du défunt chevreuil.
Au bout de la petite route sinueuse, se trouve notre « spot » au pied du massif des escaliers : Inharxaria.
Il est 13h : prêts pour 3h d’observations selon le « protocole » : La zone d’arrivée des oiseaux est découpée en trois secteurs limités par des points distinctifs et le passage à la sortie de la vallée est également découpé en 3 parties. Tous à nos jumelles !
Les Grues cendrées (Grus grus) défilent par centaine, les Milans royaux (Milvus migrans) fusent, malgré le vent tempétueux. Les grues, de part leur grande envergure allant jusqu’à 230 cm apprécient de le laisser porter par l’air chaud, comme bon nombre de planeurs. Cependant à cette saison, les courants thermiques se font rares et elles doivent battre des ailes pour avancer dans ce vent. Elles doivent être sacrément musclées. On comprend mieux la forme particulière des vols en « V » qui est en fait très bien adapté pour limiter l’effort fourni par les oiseaux de queue, lorsque les oiseaux de tête « coupent » une tranchée dans le vent, aidant alors leurs camarades à se frayer un chemin plus facilement. Ces vols coordonnés sont vraiment magnifiques à voir, même si on constate le temps et la difficulté qu’elles ont à passer au dessus des crêtes avec ce temps.
Les Milans royaux (Milvus migrans), quant-à-eux, volent en solitaires et luttent aussi contre les bourrasques qui les surprennent. Leurs battements d’ailes sont élégants, amples et souples tout en étant puissant à la fois. On dirait que malgré leurs coups d’ailes, ils ne font que reculé, dans le vent les déstabilisent. Ils redescendent en basse vallée pour chercher un chemin d’accès plus aisé, et parfois ils se posent à même le sol, sur la pelouse des cols, attendant que le vent ne se calme un peu.
Après 3 heures d’observations assidues avec nos deux ornithologues en chef, nous voici frigorifiés mais heureux de toutes ces belles observations. Nous avons collecté quelques données, remplis les tableaux, pris les données météorologiques. Nous avons testé pour la première fois notre protocole et tout à bien fonctionné, même si nous entrevoyons déjà des pistes d’amélioration. Nous repartons alors avec des données brutes que nous allons rentrer dans l’ordinateur une fois de retour au gîte devant un bon bol de chocolat chaud.
Mercredi 28 Octobre 2020
Ce matin, le temps est au brouillard, nous en profitons donc pour aller découvrir un secteur tout à fait particulier, la tourbière.
Les tourbières sont des zones humides entourées par de la végétation très spécifique. Les conditions adaptées pour les tourbières sont une température froide, un sol acide avec une légère pente, peu de nourritures pour les plantes et pas beaucoup d’oxygène dans l’eau.
Beaucoup d’espèces (plantes, insectes…) vivent uniquement dans les tourbières, ce qui en fait un habitat remarquable avec des espèces rares.
La tourbe est composée de plantes qui s’entassent au fond de l’eau en plusieurs couches, sans oxygène et sans décomposition. Nous sommes allés dans une tourbière de pente et nous avons même vu des plantes carnivores (Drosera), des chenilles sorties d’un autre monde (la pudibonde), et plein d’autres plantes spongieuses (allez voir la photo). A quatre pattes les nez dans les herbes, nous observons à la loupe ces plantes étonnantes au travers d’une activité ludique qui développe notre curiosité.
12h30 : en route dans notre camion bleu pour le spot. Comme la veille, notre progression est ralentie par une rencontre rare : des dizaines de petits passereaux multicolores nommés Leiothrix, remontés des fonds de 2 vallées basques (originaire d’Asie du Sud et échappés de captivité). Au spot, Eole nous a malheureusement abandonnés et nous voici rapidement encerclés par les nuages. Le paysage se ferme, les oiseaux ne passeront pas… En attendant une éclaircie, nous testons nos connaissances sur un quizz de chants d’oiseaux. Le ciel d’Iraty se charge de sons qu’il n’a sans doute jamais entendu. Au retour, petit détour à la fromagerie et visite de l’exposition sur le pastoralisme pour se réchauffer autour d’un chocolat chaud avant de rentrer à pied au gite, accompagnés des Cincles plongeurs et de leurs acrobaties dans les flots. Clou de la journée : Bastien a trouvé des épreintes (=excréments) de Loutre à 2 pas de notre gîte !
Jeudi 29 Octobre 2020
Un grand ciel bleu ! Ce matin, nous partons marcher un peu en allant parcourir les crêtes d’Organbidexa pour nous poster en haut d’un rocher avec un sacré point de vue à 360°. Des Milans royaux arrivent de toutes parts, seuls ou en pompe de plusieurs individus. Éperviers, Busard Saint Martin, Pigeons ramiers, Bruants jaunes font aussi partie du voyage.
Fin de matinée, transfert vers le « spot du protocole », mais avant de commencer, nous prenons un solide pique-nique face à une vue magnifique sous un soleil radieux : what else !
Sur le spot, tous à nos jumelles pour 3h studieuses : autre météo, autre parcours pour les oiseaux. Au loin dans le ciel, nos longues vues ont furtivement capté la présence d’un Gypaète barbu qui est beaucoup plus rare que les Vautours fauves qui, eux, tournent par dizaines autour de nous !
Nous retrouvons au moment de partir les Leiothrix dont les piaillements auront intrigué quelques temps même les oreilles expertes de nos 2 ornithologues.
Vendredi 30 Octobre 2020
Ce matin, randonnée sur le massif de l’Escalier. L’œil perçant de Bastien déloge un groupe de biches pâturant tranquillement sur une pente herbeuse ensoleillée et plus loin un isard solitaire. Trace de cervidés, crottes de renard avec les ongles d’un cabri, la balade devient un jeu de piste.
De retour sur notre spot sous un soleil qui nous fait oublier la neige d’il y a 4 jours, on chausse nos jumelles. Les milans restent loin dans la brume. Les cris et looping d’un Grand corbeau nous signale la présence d’un grand rapace : l’Aigle royal ! Thibault ne le lâche pas de la longue vue et le voit se poser au loin, en ombre chinoise sur un arbuste à flanc de falaise. Ce sera notre dernière image incrustée sur la rétine de cette belle journée.
De retour au gîte, la propriétaire du gîte nous propose de l’aider à installer un piège photos qu’elle vient de recevoir sur la zone où nous avons trouvé une épreinte de loutre la veille. C’est ce que nous faisons à la nuit tombée après une bonne tartiflette et après que Bastien nous ai parlé de la biologie de l’Aigle royal.
Photos : Aigle royal juvénile - Jérémie Doyon ; Gypaète barbu + Milan royal : Maxime Roumazeilles
Samedi 01 Novembre 2020
Le matin au réveil, la propriétaire accourt grand sourire : la loutre est passée cette nuit, photos et vidéo à l’appui ! Quelle chance, nous en profitons pour parler de son écologie, de son comportement et on regarde en boucle les clichés de l’animal.
En raison des mesures sanitaires et du début de confinement COVID19, le programme de la journée est légèrement chamboulé : nous n’irons pas sur les crêtes aujourd’hui ni effectuer la retransmission du travail de la semaine auprès du personnel de la LPO.
A la place nous effectuons une petite balade en forêt à proximité du gîte, l’occasion d’observer de nombreux passereaux forestiers, Buse variable, Grand corbeaux et quelques traces de cervidés. Aurélie et Sébastien prennent la route dans l’après-midi tandis que Thibault et Bastien reposent le piège photo pour la loutre.
Demain tout le monde regagnera sa région pour une période de confinement avec des Milans royaux et des Grues cendrées pleins la tête...
Retrouvez en image, le tableau des espèces comptabilisées durant nos sessions de protocoles d’études, et plus bas la liste de l’ensemble des espèces observées durant cette semaine.
Liste globale des espèces d’oiseaux observés durant le séjour (hors protocole d’étude de la migration)
La liste suivante présente les noms des espèces que nous avons croisées aussi bien devant le gîte, en balade en forêt, sur les chemins, etc. Ces données ne sont comptabilisées dans l’étude de la migration que nous menons car nous les avons observées en dehors de notre protocole d’étude, et nous pouvons déduire de ces observations si l’oiseau habite ici à l’année, s’il est déjà sur sa zone d’hivernage, s’il va bientôt partir, s’il fait juste une pause.... Ces informations correspondent à ce que l’on appelle des données opportunistes.
Rapaces : Vautour fauve, Gypaète barbu, Aigle royal, Milan royal, Faucon crécerelle, Faucon hobereau, Epervier d’Europe, Buse variable, Busard Saint-Martin.
Pigeons : Pigeon ramier, Pigeon colombin
Echassiers : Grue cendrée, Héron cendré
Corvidés : Grand corbeau, Corneille noire, Geai des chênes, Pie bavarde, Etourneau sansonnet
Paridés : Mésange bleue, Mésange charbonnière, Mésange noire, Mésange huppée, Mésange nonnette, Mésange à longue queue
Motacillidés : Bergeronnette grise, Bergeronnette des ruisseaux, Pipit farlouse
Turdidés : Grive musicienne, Grive draine, Rougegorge familier, Tarier pâtre, Merle noir, Rougequeue noir,
Prunellidés : Accenteur mouchet, Accenteur alpin
Sylviidés : Pouillot véloce, Fauvette à tête noire
Fringillidés : Linotte mélodieuse, Pinson des arbres, Tarins des aulnes, Serin cini, Bouvreuil pivoine
Embérizidés : Bruant jaune
Cincle : Cincle plongeur
Certhiidés : Grimpereau des bois, Grimpereau des jardins
Sittidés : Sittelle torchepot
Roitelet : Roitelet triple bandeau, Roitelet huppé
Phalacrocoracidés : Grand cormoran
Autre : Léiothrix jaune !! (espèce introduite par erreur en France il y a quelques années)
Voir l’ensemble des données récoltées sur Obsmap ici (lien à venir).
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Si vous êtes intéressé(e) pour participer au prochain séjour « Sur la route des oiseaux migrateurs », ou si vous avez des questions sur notre protocole d’étude, l’organisation du séjour, voir les disponibilités et réserver votre séjour, n’hésitez pas à nous envoyer un mail : direction osi-biodiversita.org
Découvrez notre note de synthèse concernant notre protocole scientifique juste ici :