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Mardi 12 Novembre 2019
Tout le monde est bien arrivé à Kathmandou de façon échelonnée sur la journée. C’est à 18h que nous nous retrouvons tous sur la terrasse de l’hôtel autour d’un thé pour nous rencontrer. Sylvain raconte l’historique des projets IBEX « International Biodiversity EXpedition » dont il est à l’origine, et présente la démarche scientifique et pédagogique propre que nous allons utiliser pour permettre au groupe de s’investir dans le projet des Chepang Hills. Tout le monde se présente et raconte ses motivations. Un enthousiasme général se fait sentir. La suite de la discussion se poursuit au restaurant Gaïa : Catherine explique plus en détail le programme ainsi que les conditions à venir plus précaires dans les Chepang Hill afin que tout le monde puisse s’y préparer et vérifier qu’il a bien l’équipement adéquat. Auquel cas, il est encore temps de s’équiper avant de quitter Kathmandou. Après le restaurant, tout le monde se couche tôt pour récupérer des longs trajets d’avion et se sentir en forme pour le lendemain.
Mercredi 13 novembre 2019
Après un petit déjeuner pris sur la terrasse ensoleillée de l’hôtel, un taxi privé vient nous chercher pour nous amener dans la réserve naturelle Nagarjun, à 20 minutes. Nous entrons dans le parc, munis de nos jumelles que nous apprenons à utiliser. Dès le premier oiseau croisé, c’est l’occasion de nous exercer à le repérer et à l’observer. Sylvain et Catherine nous présentent les fiches de terrain conçues au sein d’OSI pour permettre de noter tout ce que l’on observe sur l’oiseau rapidement, afin de pouvoir après coup l’identifier en cherchant dans le guide des oiseaux du Népal l’oiseau qui aura toutes les caractéristiques notées sur le papier. Chacun s’essaye à l’exercice. Ce n’est pas évident d’avoir un bout coup de jumelles, mais à force de croiser des oiseaux, tout le monde finit par faire de belles observations. L’observation la plus réussie est celle des Garrulaxes à huppe blanche Garrulax leucolophus. Tout du long du chemin que nous remontons, nous regardons aussi toutes les curiosités de la nature qui nous attirent l’œil : papillons, coléoptères, mante, arbres... Sylvain répond à toutes nos questions et il a toujours un commentaire sur ce que l’on voit, c’est très chouette. Après la pause pique-nique, on décide rapidement de prendre le chemin du retour car la journée est déjà bien avancée. Une superbe Martre à gorge jaune Martes flavigula nous fait une démonstration d’agilité en sautant de branches en branches, puis ce sont des Macaques d’Assam Macaca assamensis, l’espèce de macaque la plus rare au Népal que nous croisons, perchés au-dessus de nos têtes. Notre taxi nous ramène à l’hôtel et nous avons un peu de temps pour visiter le quartier de Thamel et faire les quelques achats nécessaires pour certains. Le soir nous nous retrouvons pour un restaurant très sympathique « Electric Pakoda », où nous nous installons dans la cour extérieure aux lueurs des bougies, et accompagnés de musiciens qui jouent en live dans la cour. Sylvain et Catherine offrent à tout le monde des tours de cou OSI, qui nous seront bien utiles pour nous tenir chaud quand les soirées fraîchissent, ou pour nous protéger du soleil pendant les heures chaudes.
Jeudi 14 novembre 2019
Ce matin, nous nous réveillons très tôt : 5h30, pour prendre le bus à 7h qui nous emmène à Sauraha.
Le trajet de bus est long, mais ponctué de pauses toutes les 2h, et finalement cela passe pas si mal. Sur la route, nous mangeons notre premier dal bhat que tout le monde apprécie : à volonté nous pouvons nous servir de la soupe de lentilles (le dal), du riz et de tous les accompagnements de curry, légumes, nouilles cuisinées et crudités, un vrai festin ! Nous arrivons à Sauraha vers 15h, et nous sommes accueillis les bras grands ouverts par Tika, le parrain du projet IBEX. Tika est le propriétaire de l’hôtel où nous allons passer la nuit, et est aussi un ornithologue de renommée, qui forme régulièrement les guides nature du parc national de Chitwan. C’est suite à une discussion entre Sylvain et Tika il y a 2 ans que le projet IBEX dans les Chepang Hills s’est monté. Nous sommes reçus avec un jus de fruit fort bon accompagné d’une serviette fraîche bien appréciée car il fait vraiment très chaud à l’arrivée. Nous découvrons ensuite nos chambres, et nous ne sommes pas déçus : l’ambiance de l’hôtel nous plonge dans une atmosphère de safari. Nous sommes répartis dans des bungalows spacieux donnant vue sur une petite mare entourée d’une végétation verdoyante abondante, et dans laquelle nous identifions de chouettes oiseaux dont le Crabier de gray Ardeola grayii. L’enthousiasme est général et on a tous envie de s’installer là pour plusieurs jours tellement l’endroit est sympathique et dépaysant. Après un petit temps d’installation, nous nous retrouvons autour d’un goûter dans le jardin de l’hôtel pour discuter sciences. Sylvain nous présente le protocole habitat, que nous mettrons en application dès le lendemain lors de la montée dans les Chepang Hills. Grâce à une fiche que nous remplirons au fur et à mesure de l’ascension, nous ferons au mieux pour caractériser les différents types d’habitat par lesquels nous passerons en y reportant les points GPS ainsi que les numéros de photos que nous prendrons pour illustrer les différents milieux. Nous avons aussi une courte introduction à l’utilisation du filet à papillons, qui est l’occasion de bien rire. Et puis nous recevons encore un petit cadeau d’OSI : une loupe de poche qui grossit 10 fois. Les discussions sont passionnantes et le temps passe plus vite qu’on ne voudrait. Vite, avant que la nuit ne tombe, nous décidons d’aller nous balader le longe du fleuve. Le chemin est chouette, on y voit des crocodiles et gavials, plein d’oiseaux aquatiques, plus de 40 Cerfs tachetés Axis axis sur l’autre rive et même un rhinocéros qui barbote dans le fleuve. On le voit même faire des bulles ! La nuit tombe rapidement et nous nous laissons envahir par l’ambiance sonore incroyable de cette jungle. Nous revenons sur nos pas pour aller directement à un restaurant en bordure de la plage, où nous sommes éclairés à la bougie. Nous décidons, en attendant d’être servis de faire un premier bâton de parole : une forte tradition à OSI. Il s’agit d’un moment privilégié d’écoute et de partage, où chacun a tour de rôle exprime ce qui lui a plu ou déplu, ce qu’il aimerait faire, ce qu’il a envie de dire, s’il a des idées, des critiques, des soucis...Tout le monde est très positif et nous réalisons tous ensemble à quel point nous sommes contents d’être là et comme nous sommes impatients de découvrir les Chepang Hills demain. La nourriture s’est fait longtemps attendre mais nous nous régalons ! Tout le monde rentre vite se coucher ensuite, et prendre une bonne douche chaude, avant que cela soit plus compliqué pendant les prochains jours ..
Vendredi 15 novembre 2019
Nous prenons le petit déjeuner dans le jardin de l’hôtel, et nous faisons de superbes observations d’oiseaux dans l’arbre juste au-dessus de nos têtes : un Barbu rayé Psilopogon lineatus ainsi qu’un Barbu à plastron rouge Psilopogon haemacephalus ! Voilà la jeep qui vient nous chercher pour nous emmener aux pieds des Chepang Hills. Tous les bagages sont chargés, puis c’est à nous de grimper et de s’installer le nez au vent dans le véhicule. C’est sacrément chouette, nous profitons du trajet et n’arrêtons pas de nous émerveiller sur les oiseaux que l’on aperçoit ici et là sur les fils et poteaux électriques : Drongos, Rolliers indiens, Ibis noirs... Nous observons aussi toute la vie locale, les habitants qui vaquent à leurs occupations ici et là sur les bords de route. Nous nous arrêtons en chemin pour acheter des fruits et légumes et pour accueillir avec nous Rupen, qui sera notre guide et compagnon d’expédition. Rupen est passionné par la culture des populations Chepang, il a écrit sa thèse de master sur leur sujet. Il est propriétaire du Gadi Hill Cottage où nous nous rendons, et il est à la fois guide et ornithologue. Il va nous être très précieux pour communiquer avec les locaux car ces derniers ne parlent pas l’anglais du tout.
Nous commençons vers 10h30 l’ascension vers Gadi. Aujourd’hui, c’est la journée la plus sportive du séjour car il y a 900mn de dénivelé. Heureusement, des habitants de Gadi nous viennent en aide pour porter les affaires de bivouac et le matériel scientifique, afin que nous ne soyons pas trop chargés. Cet arrangement avec les locaux est vraiment chouette parce que c’est l’occasion pour eux de travailler en tant que porteurs dans de bonnes conditions (ils ne sont pas trop chargés, et ne travaillent que pour faire l’aller-retour), et Rupen nous dit qu’ils le ressentent comme une belle opportunité et ils sont ravis de le faire. Nous avons prévu de faire appel à eux plusieurs fois dans les prochains jours à chaque fois que nous nous déplacerons avec beaucoup d’affaires.
La montée est ponctuée de chouettes observations d’oiseaux, arbres et plantes. La pause pique-nique, avec du riz cuisiné, des œufs et fruits/biscuits est bien appréciée. C’est l’occasion de s’essayer au filet à papillon pour Josy. Nous arrivons en haut de la colline en milieu d’après-midi, accueillis par une luminosité dorée incroyable, qui fait resplendir le paysage et les cultures étagées. Le summum c’est la découverte des montagnes enneigées en arrière plan, sublimées par les couleurs du coucher de soleil. Nous arrivons tous au « Gadi Hill Cottage », juste à temps pour partager un thé et s’installer. Nous avons même droit à un grand sceau d’eau chaude pour pouvoir prendre une douche au gant chaud, bien agréable. Après quoi, nous nous retrouvons tous autour d’un dal bhat délicieux et nous commençons à discuter du protocole que nous utiliserons demain pour répertorier les oiseaux présents dans les Chepang. Puis après quelques jeux de cartes pour certains, tout le monde est vite couché.
Samedi 16 novembre 2019
Nous nous réveillons tôt après une longue nuit bien méritée. Après un petit déjeuner festif de chapatis (des galettes cuites au feu de bois), pomme de terres cuisinées au cumin, œufs et miel local dont tout le monde raffole, nous voilà partis pour notre premier transect à l’affût des oiseaux. Nous prenons le chemin qui part depuis Gadi vers le village de Tardi. Chacun a un rôle précis : enregistrement des chants d’oiseaux au micro, entrée des données dans l’application Obsmapp, prise de photos, prise de notes sur la fiche de coordination de l’ensemble des observations avec les numéros d’enregistrement/photo/obsmapp correspondant, ...et bien évidemment, tout le monde a sa paire de jumelles pour aider à repérer et identifier les oiseaux que l’on entend ou voit. Le groupe s’approprie très vite la démarche scientifique, et la dynamique de groupe marche bien. Nous finissons le transect vers 11h, et nous pique-niquons avec une belle vue sur les collines devant nous. Pendant le repas, un Barbu à gorge bleu Psilopogon asiaticus vient se placer juste en évidence sur une branche au loin. Avant de prendre le chemin inverse, nous remplissons notre première fiche arbre, pour le Sal Shorea robusta, un arbre dont le tronc robuste est utilisé pour les poutres maitresses des maisons, et les feuilles pour confectionner des assiettes. Cette fiche permet de noter toutes les caractéristiques d’un arbre, afin de pouvoir l’identifier ultérieurement et apprendre à le reconnaître. L’intérêt de noter autant de détails est aussi de permettre, à postériori, d’établir une clé d’identification des arbres présents dans les Chepang Hills au fur et à mesure que nous apprendrons à les reconnaître sur ce séjour et les suivants. Sur le retour, nous réalisons le protocole habitat (rapide car l’habitat change peu sur ce chemin), puis nous nous retrouvons à Gadi autour d’un thé. En deuxième partie d’après-midi, nous nous baladons dans le village et visitons le fort et l’école. Après le fameux dal bhat, nous nous préparons pour la montée du lendemain à notre lieu de bivouac.
Dimanche 17 novembre 2019
Après le petit déjeuner, servi cette fois avec du puri (un genre de chapati fri), nous voilà tous prêts pour la montée à notre lieu de bivouac « Chisapani Tar ». C’est là que le Garrulaxe à ailes rouges Liocichla phoenicea, un petit oiseau magnifique que l’on pensait disparu du Népal a été revu il y a 3 ans après 78 ans d’absence. Pendant la montée, nous réalisons encore un transect, mais cette fois chacun a pris un rôle différent de la veille. Nous voyons passer des Aigles des steppes Aquila nipalensis, juste au-dessus de nos têtes. Ces rapaces sont classés « Vulnerable » à l’échelle nationale, et « Endangered » à l’international. Après la pause pique-nique, nous arrivons rapidement sur notre lieu de bivouac. Quelle déception de découvrir là la fameuse route en construction contre laquelle nous luttons pour qu’elle soit abandonnée avant qu’elle ne détruise l’habitat si précieux pour la biodiversité de Chisapani. Le projet de construction avait été stoppé l’an dernier car il était trop controversé, mais il avait fini par être repris malgré tout en avril dernier. La route est de nouveau à l’abandon aujourd’hui mais on ne sait trop si sa construction a été arrêtée pour un problème financier ou si c’est vraiment parce que les arguments contre ont fini par convaincre les preneurs de décision de cesser le projet de façon définitive.
En tout cas, nous voilà face à un sentier large de 4-5 mètres, là où il y a un an, Sylvain et Catherine découvraient un petit sentier sauvage magnifique. Ce qui est impressionnant, c’est que les plantes ont déjà repris le dessus, laissant presque penser que sans autre intervention humaine, la nature reprendra ses droits aussi vite et la cicatrice de cette route se fera vite engloutir…en tout cas, on aime à l’espérer...
Nous installons les tentes, puis, pendant que Sylvain, Clément, Isaure et Sabine partent chercher de l’eau à la source la plus proche (qui se trouve à 15 minutes), les autres finissent de s’installer et préparent le thé sur le réchaud. A leur retour, Sylvain, Clément, Isaure et Sabine sont euphoriques de leur balade : ils ont pu observer une quinzaine de Langurs de Teraï Semnopithecus hector au-dessus de leur tête dans une ambiance envoutante de forêt primaire brumeuse, ils sont enchantés ! La nuit est vite tombée (il fait sombre dès 17h30, et complètement nuit à 18h) et nous nous sommes occupés à la cuisine : pâtes, légumes mijotés (poivrons-aubergines-oignons) et du fromage de yak, c’était un régal et ça permettait de varier un peu du riz. L’humidité a vite fait de refroidir tout le monde : on est en effet complètement dans le brouillard. Catherine démarre une petite animation qui permet à tout le monde de se réchauffer : une chansonnette avec des mouvements à faire en rythme ainsi qu’un jeu africain de rythmes et de coordination. C’était assez drôle de voir Rupen tenter de suivre tout ça comme il pouvait. Et en tout cas, à la fin tout le monde était réchauffé. La veillée s’est poursuivie avec des jeux de cartes sous la tente pour Albina, Delphine et Clément, tandis que les autres se sont vite blottis dans les duvets.
Lundi 18 novembre 2019
Premier petit déjeuner sur notre lieu de campement. Tout le monde a bien dormi, mais Delphine a eu un peu froid. Nous nous régalons de muesli et de porridge avec bananes et miel local, accompagnés d’un bon thé chaud. Ensuite nous partons faire notre 2e transect, en suivant une crête qui part de notre lieu de campement vers le nord. Le chemin n’est plus beaucoup utilisé par les locaux si bien que nous devons souvent nous frayer le chemin dans la végétation. L’immersion dans la forêt quasi primaire est magnifique, mais la difficulté de progression nous empêche d’être rigoureux pour la réalisation du transect. Nous décidons rapidement d’abandonner le protocole, et de s’accommoder de ne noter que les observations faites ici et là au fur et à mesure de notre promenade. Finalement l’accès pas évident du début s’améliore et nous sommes récompensés par des vues prenantes et splendides sur la forêt, avec une arrivée sur un petit sommet qui transporte tout le monde de joie. Pour le pique-nique, nous avons des chapatis cuisinés par les habitants de Gadi, dans lequel chacun se fait ses mélanges de thon/sardine/crudités/maïs/fromage à tartiner/mozzarella. Pour le dessert, le chapati-miel-banane a du succès ! Nous rentrons ensuite au campement pour nous faire un bon thé. Pendant le temps libre de l’après-midi, Sylvain Catherine et Isaure vont se faire une petite séance sportive pendant que Clément montre au reste du groupe des étirements qu’il a appris notamment durant ses longues années de pratique de judo. Puis tout le monde se rassemble pour finir la séance d’étirements. Catherine nous apprend d’autres étirements puis les respirations d’un art martial, le « kalari ».
Finalement, avant que le brouillard ne tombe trop, nous réchauffons le dîner que Kansa, un habitant de Gadi nous a ramené : du riz sauté aux petits légumes, accompagné de pommes de terres délicieuses et d’œufs durs. En fait, Kansa fait des aller-retours tous les jours pour venir surveiller le campement quand on s’en absente. Après la première nuit en tente avec nous où il a eu froid, il a décidé pour les prochains jours de rentrer chez lui le soir et revenir le matin tôt. Après le dîner, nous faisons de nouveau un bâton de parole, qui amène ensuite de longs débats sur la nécessité ou non d’entretenir les chemins dans les Chepang, de laisser la nature reprendre ses droits sur les sentiers non utilisés, d’inciter les habitants à entretenir leurs sentiers plutôt que d’emprunter les gros axes routiers...Nous offrons aussi à Rupen un tour de cou OSI ainsi qu’une loupe. Il est ravi, et il nous confie pendant le bâton de parole que c’était pour lui un rêve de camper à Chisapani. C’est d’ailleurs dans cette intention qu’il s’était acheté une tente, mais il n’avait jamais eu l’occasion de l’organiser, et ne savait pas trop comment s’y prendre du point de vue logistique. Il est ravi de découvrir nos trucs et astuces : les réchauds, le filtre à eau, la gestion des repas ...
Mardi 19 novembre 2019
Après le petit déjeuner, nous partons cette fois en direction de Siraichuli, le plus haut sommet des Chepang, pour faire notre transect. La première partie se fait sur la route et nous sommes impressionnés devant les nombreux glissements de terrains et dégâts occasionnés. Des pans de collines entiers se sont effondrés, rendant d’anciens sentiers impraticables. Cela fait mal au cœur de constater l’ampleur des dégâts. Puis la balade nous fait passer sur des crêtes avec une vue incroyable sur les collines abruptes. Nous observons de magnifiques oiseaux colorés : les Souimangas à queue verte Aethopyga ignicauda, qui font un festin dans des arbustes à fleurs rouges, ainsi que des oiseaux verts élégants, les Verdins de Hardwicke Chloropsis hardwickii. Au moment du pique-nique, nous passons pas mal de temps à identifier et caractériser les arbres aux alentours avec l’aide des fiches arbres. Un couple de bergers s’installent avec nous et discutent longuement. Rupen nous traduit ce qu’ils racontent au fur et à mesure. Ils nous parlent des animaux sauvages, des noms des plantes, de leur quotidien...Grâce à eux, nous apprenons le nom local de plusieurs arbres qui nous entourent, c’est un premier pas vers l’identification scientifique de la plante car nous avons plusieurs ouvrages de botanique qui mentionnent à la fois le nom scientifique et le nom d’usage en népalais. A la fin, ils nous taillent des bâtons de marche et chacun de nous repart avec son bâton. Sur le chemin du retour, nous observons un magnifique Rougequeue à front bleu (Phoenicurus frontalis). De retour au lieu de campement, nous prenons le thé et nous nous y mettons à tous pour éplucher les grenades et les préparer pour qu’il n’y ait plus qu’à piocher dans les petites graines pour nous régaler ensuite. Puis nous repartons nous balader vers la source d’eau. Cette balade est absolument magnifique car on se sent complètement immergés dans la forêt primaire, avec une ambiance sonore géniale. Nous rentrons à la nuit et nous nous mettons à la cuisine : cette fois nous faisons du riz et un accompagnement de lentilles-légumes et lait de coco. Encore un bon festin ! A la lueur de sa lampe, Sylvain réorganise toutes les données des derniers jours, et nous arrivons à retrouver le nom de certains arbres pour lesquels nous avions fait des fiches, en recoupant les informations avec nos livres, très chouette !
Mercredi 20 novembre 2019
Ce matin, c’est la grasse matinée ! On ne se lève qu’à 7h pour les premiers, et 8h30 pour ceux qui préfèrent dormir plus. Les premiers partent de nouveau vers la source d’eau pour tenter de voir le Garrulaxe à ailes rouges. On ne l’a pas vu mais la balade en vaut toujours autant la peine : ce sentier est magnifique et différent à tout moment de la journée : que ce soit à l’aube, en plein jour ou au crépuscule ...Tout le monde se retrouve ensuite pour le petit déjeuner : le muesli arrosé de graines de grenades et de miel c’est le top ! Puis nous plions le camp, et nous nous mettons en route pour rejoindre l’école du village de Kaule. Nous prenons le pique-nique en route, puis nous arrivons vers 15h à l‘école. Les 7 professeurs nous accueillent avec enthousiasme et nous offrent le thé. Juste avant la sortie des élèves, nous avons le temps de leur montrer en express nos filets à papillons, jumelles et guides d’identification. Certains des élèves ont 2h de marche pour rentrer chez eux, donc ils ne tardent pas. C’est finalement surtout avec les professeurs que nous nous baladons un peu à l’affût des oiseaux et papillons. Mais il ne fait pas suffisamment soleil pour voir les insectes. La visite aura été assez courte mais nous avons plein d’idées de projets à faire avec l’école. Pour les prochaines expéditions, c’est sûr que nous passerons plus de temps à l’école pour établir un réel échange avec les élèves et professeurs. Finalement nous poursuivons la route jusqu’à arriver chez la famille de Kaule qui détient un « homestay » et chez qui nous allons passer 2 nuits. Le village a un charme incroyable : les légumes et fruits poussent partout tout autour des maisons : oranges, mangues, ananas, chayottes, riz, maïs, cardamome, thé...les chèvres, coqs et poules se baladent, les buffles dorment sous des abris ici et là, les maisons sont construites simplement en terre cuite avec de petits balcons, des recoins pour le feu...Rupen nous explique que ce village n’a presque pas besoin d’acheter de l’extérieur, ils produisent tout eux-même sur place et ont suffisamment pour la consommation de tous les habitants pour toute l’année.
Après le thé, tout le monde prend une douche avec plaisir avant de se retrouver pour le dal bhat. La soirée se finit avec des jeux de cartes qui attirent l’intérêt des quelques professeurs de l’école qui dorment à Kaule ce soir, et qui se joignent à nous avec enthousiasme.
Jeudi 21 novembre 2019
Ce matin le petit déjeuner servi par la famille est surprenant et délicieux : nous avons des pois chiches grillés, accompagnés de potimarron cuit à la vapeur avec du sel et du cumin, œuf dur, ‘ground apple’ et oranges. Nous démarrons notre itinéraire en passant par le pont suspendu au-dessus de la rivière, la traversée est magnifique. Puis nous montons dans la colline tout en faisant notre transect. Tout le monde commence à progresser pour la reconnaissance de certains chants et cris caractéristiques des oiseaux communs locaux : le petit cri répétitif du Pouillot verdâtre Phylloscopus trochiloides, le vacarme des Garrulaxes à huppe blanche, le chant du Sibia casqué Heterophasia capistrata qui donne tellement une tonalité tropicale à l’ambiance sonore de la forêt, ...Nous avons aussi acquis une bonne efficacité de communication qui rend la réalisation du protocole de plus en plus fluide. Nous prenons de la hauteur et profitons de magnifiques vues sur le village de Kaule entouré de ses orangeraies en fond de vallée, ainsi que sur les zones agricoles étagées dans lesquelles poussent de la moutarde, du millet ou du sarrasin. Nous arrêtons le transect avant de passer successivement par des petits pâtés de maisons, plein de charme. Nous rencontrons et discutons avec les habitants, qui s’intéressent et s’amusent beaucoup de nos filets à papillons. Ils nous montrent un nid de guêpe trouvé dans des arbres : cela ressemble à une énorme boule toute légère dans lequel le détail des alvéoles est digne d’une œuvre d’art. Arrivés en haut d’une crête, nous décidons de nous arrêter pour le déjeuner pour profiter du beau panorama qui s’offre à nous. Le pique-nique a un sacré succès : nous avons un apéro de pop-corns et graines de soja grillées au feu, puis nous nous régalons de « scous » bouillis (le nom local pour la chayotte) avec du sel et du cumin, et surtout, nous découvrons les rotis de Kaule : des petites galettes frites à base d’un mélange de farine de sarrasin, moutarde et millet. Les rotis font vraiment l’unanimité ! A la redescente, nous observons de nombreux papillons, et nous nous faisons inviter à prendre le thé dans l’une des petites maisons que nous croisons. Les habitants nous offrent des citrons ainsi que de la marijuana pour les chèvres de Gadi. Non ce n’est pas une blague : ici les feuilles de cannabis sont utilisées pour guérir les maux d’estomac des chèvres. Or, à Gadi, le cannabis ne pousse pas aussi bien que sur ce versant de colline. En terminant la descente vers Kaule, nous faisons encore de belles observations : des Guépiers à barbe bleue Nyctyornis athertoni, Barbus à gorge bleue Psilopogon asiaticus, Drongos bronzés Dicrurus aeneus et Drongos royaux Dicrurus macrocercus, Faucons crécerelles Falco tinnunculus et le fameux Arrenga siffleur Myophonus caeruleus que l’on entend tous les matins à l’aube et dont le chant flûté est si chouette ...De retour à Kaule, nous sommes accueillis avec un thé. Puis nous nous baladons dans le village. Isaure étant très intéressée par le monsieur du village qui guérit par les plantes dont Rupen nous avait parlé, Rupen décide donc de nous emmener le rencontrer. Il nous reçoit les bras grands ouverts mais malheureusement il nous dit qu’il est malade et qu’il se sent trop faible pour nous montrer les plantes et ses secrets. Nous le saluons, ravis de l’avoir rencontré et poursuivons notre balade dans le village, en passant voir les rives de la rivière avant de revenir au homestay. Ensuite, chacun profite de son temps libre pour prendre sa douche ou se reposer. Isaure, Delphine et Catherine aident la famille à préparer le dal bhat. Plus tard, tout le monde se retrouve autour de la marmite et nous discutons longuement, jusqu’à l’heure du dîner. Encore un dal bhat fort apprécié. Après un rapide jeu de cartes, tout le monde est vite fatigué, nous nous couchons tôt.
Vendredi 22 novembre 2019
C’est notre dernier petit déjeuner à Kaule avant de repartir. Nous rassemblons nos affaires, puis nous faisons des photos souvenir avec la famille, qui nous offre des fleurs. Aujourd’hui, nous rentrons au cottage de Gadi, nous avons donc pas mal de marche. Nous prenons donc un rythme un peu plus soutenu que lors de nos transects, et finalement nous avançons vraiment bien. Ce qui est chouette, c’est qu’aujourd’hui, il n’y a pas de brouillard du tout si bien que les papillons sont partout. Rupen s’amuse comme un fou à les attraper et nous en identifions plusieurs, dont certains aux motifs et couleurs magnifiques. Au pique-nique, nous avons le même menu qu’hier avec des patates douces à la place du scous, c’est que la famille a pris soin de remettre les rotis tant appréciés au menu, nos papilles leur en sont reconnaissantes !
Nous arrivons finalement à Gadi vers 16h, fatigués de la marche mais bien contents. Après le thé, chacun vaque à ses occupations : lessive, douche avec le fameux grand sceau d’eau chaude ...Pour notre dernier dal bhat dans les Chepang, Gothe, Mayla et Kumar, les 3 cuisiniers et gérants du cottage de Gadi nous ont préparé de la polenta, une chouette attention de leur part car c’est beaucoup plus long à cuisiner. On est bien contents de pouvoir goûter cette variante du dal bhat. La soirée se termine autour de jeux de cartes et discussions conviviales.
Samedi 23 novembre 2019
Ce matin, après le petit déjeuner copieux et succulent, nous prenons le chemin du retour vers la plaine. Nous avons donc de nouveau 900 m de dénivelé, en négatif cette fois. L’itinéraire que nous prenons est magnifique. Nous réalisons le protocole habitat, et c’est fort intéressant : nous voyons le paysage se transformer depuis le haut des collines jusqu’à l’arrivée dans le village de Garybari, avec l’arrivée des espèces d’arbres et plantes typiques de la jungle de Sauraha. En particulier, nous en profitons pour repérer l’altitude maximale de la plante envahissante Mikania micrantha, parfois appelée en anglais ‘Miles a minute’ tant cette plante envahit en peu de temps l’espace. Elle ressemble à un genre de liane qui recouvre la végétation basse. Notre rando se termine par la traversée d’un pont suspendu, et nous sommes accueillis de l’autre côté par notre jeep qui nous ramène à l’hôtel de Sauraha où nous avions logé la veille de notre départ dans les Chepang Hills. Rupen nous laisse à mi-chemin pour rentrer chez lui. Arrivés à l’hôtel, nous retrouvons nos bungalows avec joie, puis nous nous rassemblons autour d’un goûter dans le jardin de l’hôtel. On en profite pour charger toutes nos données accumulées pendant l’expédition. On fait même des paris : combien d’espèces avons-nous recensé sur l’ensemble de l’expé ? C’est Delphine qui gagne l’estimation la plus proche : 124 espèces au total, dont 65 d’oiseaux, 29 de plantes, 21 de papillons de jour, et 4 de mammifères. Après quoi, chacun profite de son temps libre, et nous apprécions la douche chaude ! Nous fêtons ensuite la fin de notre expédition dans les Chepang en allant dans un des restaurants de bord de plage. Et là, sacrée surprise : alors que nous venions de commander nos plats, un serveur vient nous avertir de nous lever et de libérer notre table pour laisser passer un rhinocéros ! Incroyable, nous nous écartons donc à distance pour rester en sécurité, et observons le passage du rhinocéros, qui marche là tranquillement au milieu des tables du restaurant pour aller rejoindre l’autre côté de la plage plus loin. Nous nous demandons s’il existe un autre endroit au monde où l’on puisse être dérangé au restaurant par le passage d’un rhino...Pendant le déjeuner, nous discutons de l’expédition que nous venons de finir, des progrès scientifiques et des ambitions pour la suite. Ce qui en ressort, c’est que le projet a avancé bien plus que l’on pensait pour la partie reconnaissance des arbres. Par contre, nous avons été globalement étonnés de ne pas voir tant d’oiseaux que ça chaque jour, peut-être est-ce une année plus calme, ce qui arrive. Les circonstances qui font que les oiseaux sont plus discrets certaines années sont trop complexes pour que l’on puisse l’expliquer, mais ce qui est sûr, c’est que cela n’est pas prévisible, et que c’est lié à une combinaison de facteurs (météo, évènements ponctuels, etc). Quoi qu’il en soit, nos données vont être très utiles pour argumenter en faveur de la protection des collines Chepang.
Dimanche 24 novembre 2019
Ce matin c’est grasse matinée et temps libre pour ceux qui veulent. Sylvain, Catherine, Sabine, Delphine et Albina partent se balader le long de la rivière. Le tour en valait la peine : plein de chouettes observations dont 5 Calao pie Anthracoceros albirostris dans un arbre, de nombreux drongos et pie-grièches...Sabine, Delphine et Albina sentent qu’elles ont de mieux en mieux le « coup de jumelles » pour viser rapidement les oiseaux après les avoir repérés à l’œil nu.
Vers 11h30, tout le groupe embarque sur la jeep qui va nous emmener au cœur du Parc National de Chitwan. Le trajet dure plus d’une heure, Sabine et Catherine en profitent pour faire sécher le linge au vent, l’occasion de bons fous rires. Le point de rendez-vous a été prévu au sortir d’un pont. On y retrouve nos deux guides ornithologues : Hem et Bishnu, accompagnés de leurs assistants Anish et Ajay. Ils seront tous les 4 avec nous pour les 2 prochains jours que nous allons passer dans la jungle. Nous nous installons pour prendre le pique-nique, puis nous commençons les observations juste autour du pont en attendant que Hem et Clément aillent chercher nos permis d’entrée dans le parc. En moins de 20 minutes, nous voyons ainsi une 30 aine d’espèces d’oiseaux différents dont le magnifique Martin pêcheur pie Ceryle rudis. Nous voyons aussi un rhinocéros traverser la rivière au loin. Nous nous mettons finalement en route pour le village de Madi vers 15h. Il n’y a qu’une petite heure de marche, mais nous avons tellement d’oiseaux à voir sur le chemin que nous prenons 2h à parcourir la distance. Pour terminer, nous devons retirer les chaussures pour passer dans la rivière. L’ambiance avec le soleil couchant est fantomatique et magnifique. Nous marchons les pieds dans l’eau, avec le doux massage du sable sous les pieds. Nous voilà de nouveau repartis pour un autre bout d’aventure, qui sera encore bien différent de celui vécu dans les Chepang. Arrivés au village, nous découvrons nos chambres : il s’agit de constructions extraordinaires en boue et bambous uniquement, les constructions semblent pouvoir tomber au moindre coup de vent. Mais elles sont évidemment plus robustes que ça. Malgré tout, Hem nous explique que le sol doit être refait toutes les semaines, car la moindre pression localisée le marque : un pied de chaise, un pas appuyé ...heureusement, car nous aurions l’impression d’abimer les maisons en deux temps 3 mouvements ! La famille qui nous accueille nous sert le thé, puis chacun s’installe. Nous nous retrouvons sous le petit toit de paille au milieu des maisons, pour l’habituel dal bhat maison. Après dîner, Hem et Bishnu nous expliquent les points de sécurité à garder en tête pour nos balades dans la jungle des prochains jours. Nous allons partager l’habitat des grands prédateurs, et il faut donc savoir comment se comporter en cas de rencontre avec un tigre, un ours, un éléphant sauvage... La conversation est à la fois passionnante et impressionnante. Tout le monde n’est pas très rassuré mais au fur et à mesure de la soirée et des discussions pour relativiser le risque lié à une rencontre qui tournerait mal, le groupe finit par se sentir plus à l’aise avec la perspective de randonner dans la jungle. Hem et Bishnu nous expliquent qu’en fait, si l’on respecte l’animal, c’est à dire qu’on lui laisse son espace, qu’on s’éloigne si on le rencontre, lui même nous respectera tout autant. Ils nous expliquent que ce sont les lois de la jungle : chacun se respecte mutuellement, les hommes, la grande faune, et ainsi ils vivent en harmonie. Il ne faut donc pas chercher à s’approcher pour observer mieux, encore moins pour prendre des photos ou filmer, mais simplement repartir discrètement et passer son chemin.
Lundi 25 novembre 2019
Nous nous levons à 7h pour prendre le petit déjeuner : des chapatis avec du miel accompagnés d’un bouillon de pommes de terre très goûtu. Nous ne partons que vers 8h40 car le brouillard de la jungle met du temps à s’atténuer. Comme discuté la veille, nous progressons en groupe en essayant de rester discret et pas trop bruyants. Hem et Bishnu repèrent et identifient les oiseaux au quart de tour, c’est impressionnant : le moindre coup d’œil, le moindre cri, et ils savent déjà nommer l’oiseau. Ils utilisent aussi des cris et chants qu’ils sifflent pour faire réagir l’oiseau si bien qu’il se déplace et finit par se retrouver ainsi à notre vue. Nous nous émerveillons du paysage et des observations que nous faisons. La forme des arbres et des lianes partout nous attirent l’œil et nous intriguent, c’est sacrément dépaysant. Parmi les moments les plus chouettes : nous observons un superbe Pic à huppe jaune Picus chlorolophus rentrer et sortir de son trou et plusieurs cerfs tachetés. Nous observons des oiseaux pas faciles à voir : la Pirolle verte Cissa chinensis et le Trogon à tête rouge Harpactes erythrocephalus. Puis, juste avant la pause déjeuner, nous avons le spectacle des Langurs de Teraï juste au-dessus de nos têtes qui sautent avec aisance et comme des fous de branches en branches. On voit même la maman qui bondit avec son petit accroché au ventre. On reste au moins 10 minutes à observer la famille singe dans les arbres. Nous repérons aussi plusieurs indices de présence du tigre : plusieurs belles empreintes ainsi que des grattages et traces d’urine (ce sont des marquages de territoire : le tigre gratte le sol et urine au même endroit pour signaler sa présence), des empreintes de rhinocéros. Pour le pique-nique, nous nous installons sur le banc de sable qui longe le fleuve, et nous nous régalons ...d’un délicieux dal bhat ! Eh oui, même en pique-nique : nous avons chacun notre riz emballé dans de grandes feuilles d’arbre, qui nous servent d’assiettes. On y rajoute le mélange de curry de légumes, c’est quand même la classe ! Au moment de la digestion, une sieste s’impose. Tout le monde ou presque s’endort littéralement sur la plage, heureusement que les guides gardent l’œil ouvert pour surveiller la jungle. Catherine en profite pour prendre une photo qui fera rire tout le monde, car très représentative de ce moment de sieste profonde que personne n’avait spécialement vu venir…Pendant la sieste, Catherine et Isaure ont la chance d’observer un Aigle criard Clanga clanga ainsi que des marabouts Leptoptilos javanicus cerclant en vol. Nous rentrons ensuite au village vers 16h, et après un temps libre pour chacun, nous nous retrouvons pour le dal bhat du soir, suivi de quelques jeux de cartes avant que le sommeil n’emmène tout le monde se coucher très tôt.
Mardi 26 novembre 2019
Deuxième jour dans la jungle : nous partons un peu plus tôt cette fois, vers 8h15. Nous empruntons le même chemin qu’hier mais nous bifurquons à un moment pour s’enfoncer droit dans un bras de rivière et aller voir de plus près le vacarme d’une colonie d’oiseaux d’espèces différentes qui s’agitent. Hem nous explique que les oiseaux se regroupent souvent de cette façon : les petits passereaux au sol dérangent les insectes qui s’envolent et servent alors de nourriture pour les oiseaux des étages supérieurs de l’arbre. Les plus gros oiseaux ont tendance à rester vers les cymes des arbres, et protègent les oiseaux placés en-dessous d’eux des prédateurs. Ainsi, chaque espèce a intérêt à cohabiter avec les autres et c’est pourquoi de tels regroupements d’espèces sont fréquents dans la jungle. Nous sommes enchantés par l’ambiance sonore et la beauté de la forêt. Nous identifions des déjections de Gaur Bor gaurus : il s’agit du bovin le plus gros au monde, il est même plus gros qu’un rhinocéros !
Finalement, nous rejoignons le bord de la rive pour le pique-nique. Le coin est très bien choisi : nous surplombons la rivière et avons la vue sur toute la rive d’en face, idéal pour observer le passage des animaux. Pendant que nous nous régalons du dal bhat, nous avons la chance de voir un beau rapace qui se pose bien en vue sur une branche en face de nous : le Serpentaire bacha Spilornis cheela. Sur le trajet du retour, nous nous arrêtons un moment au bord de la rivière pour marcher les pieds dans l’eau et profiter de ce moment apaisant et calme en pleine jungle. Nous en profitons pour faire les fous et prendre des photos de groupe. Puis nous rejoignons le village, et là tout le monde s’active pour apprendre à cuisiner le dal bhat avec la famille. Nous avons du succès auprès des voisins et de la famille qui viennent voir ce qui se passe d’un air très amusé. Au final, notre dal bhat est tout aussi bon que les autres, nous avons noté bien en détail la recette pour pouvoir le refaire chez nous.
Mercredi 27 novembre 2019
Ce matin, nous faisons nos au revoir à la famille qui nous a logés, et nous reprenons le sentier qui mène au pont. En chemin, nous continuons nos chouettes observations qui n’en finissent pas. Nous voyons entre autre des Bec-ouvert indien Anastomus oscitans. Un bus privé vient nous chercher et c’est parti pour le long retour vers Bhaktapur où nous passerons nos 2 derniers jours avant de reprendre l’avion. Hem, Bishnu, Anish et Ajay nous quittent après la première heure de route pour rentrer chez eux. Nous nous arrêtons dans un chouette restaurant sur la route. A l’arrivée en bordure de Kathmandou, les embouteillages ralentissent beaucoup notre trajet, et nous sommes soulagés et contents lorsque nous arrivons enfin à destination à l’hôtel Pottery de Bhaktapur ves 18h. La ville est charmante, et l’hôtel confortable avec des chambres spacieuses et même un petit balcon. Nous nous retrouvons rapidement pour aller manger dans un petit restaurant juste à côté, sur la terrasse du toit, très sympa !
Jeudi 28 novembre 2019
Ce matin nous nous retrouvons pour prendre un petit déjeuner sympathique en terrasse tous ensemble avec la découverte du fameux yaourt de Bhakatpur qui est un délice. Puis nous nous baladons dans le quartier et commençons pour certains des achats de souvenir (surtout du thé !). Nous déjeunons ensuite dans la cour intérieur d’un restaurant recommandé par les propriétaires de notre hôtel, ce qui nous permet d’être accueillis comme des clients privilégiés. Après un peu de temps libre, nous nous retrouvons dans un petit café pour travailler sur nos données. Dans un premier temps, Sylvain nous présente le site observation.org sur lequel nous avons téléchargé toutes nos données depuis le début du séjour. Il nous montre tous les outils et possibilités qu’offrent le site pour analyser et organiser les données de terrain. C’est vraiment intéressant. Puis nous ressortons toutes les fiches arbres remplies pendant l’expédition ainsi que les photos qui ont été prises et classées par espèce sur l’ordinateur. Notre mission est d’établir la première clé d’identification de ces quelques espèces d’arbres que nous avons pu caractériser et qui pourra être ensuite utilisée et améliorée lors des prochaines expéditions par les futurs participants. Une clé consiste à guider le lecteur de questions en questions, auxquelles il répond, et ce qui l’amène au final au nom de l’espèce d’arbre qu’il est en train d’observer. Tout le monde se prend au jeu et nous nous retrouvons à finir la clé jusqu’au dernier moment avant notre dernier dîner, que nous choisissons dans un restaurant sympa pour marquer le coup. Nous voilà donc installés dans un jardin de restaurant charmant. Nous échangeons et discutons sur nos impressions finales quant à tout ce que nous avons vécu ensemble. Tout le monde est satisfait et même : plusieurs avouent qu’ils pensaient que le descriptif du séjour était trop beau pour être vrai et que ça ne répondrait forcément pas à leurs attentes. Or, leur ressenti est que c’est finalement allé au-delà de ce qu’ils avaient espéré. Tous ces échanges enthousiastes sont émouvants. Isaure a même déjà écrit à france Inter pour parler de l’expédition, et a hâte d’en parler autour d’elle dès que l’opportunité se montrera.
Nous rentrons nous coucher, le cœur en fête de toute cette belle aventure partagée ensemble.
Demain, chacun repartira de façon échelonnée dans la journée. Nous nous souhaitons de bons retours, et nous nous promettons de continuer à suivre le projet. Catherine et Sylvain on prévu de faire une newsletter pour tous les anciens participants pour les tenir informés de la suite. C’est sacrément motivant et chouette de savoir que notre implication ira bien plus loin que notre participation au séjour seul.
Quelques liens
Vous pouvez accéder à la liste des espèces observées pendant l’expédition en cliquant ici, ainsi que la la liste complète des observations ici.
Vous pouvez retrouver le journal de bord de la 2nde expédition (mars 2020) en cliquant ici
Une bonne partie des photos de l’expédition sont visualisables et téléchargeables ici.