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Nature au sommet spécial adultes du 07 au 21 Juillet 2024

Un séjour d'immersion en haute montagne, pour l'étude des impacts du changement climatique sur la répartition de la faune et de la flore en altitude. Voir descriptif détaillé

Nature au sommet spécial adultes du 07 au 21 Juillet 2024

Un séjour d'immersion en haute montagne, pour l'étude des impacts du changement climatique sur la répartition de la faune et de la flore en altitude. Voir descriptif détaillé

4 adultes
Des voyages scientifiques qui changent le monde
Des aventures hors du commun, des projets réels pour le développement durable

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Le Journal de Bord

Dimanche 7 juillet 2024

Tout le monde est bien arrivé au centre : Camille, Ariane, Julia et Juliette. Après un bon repas réunis tous les 6 (avec les éducateurs Sylvain et Catherine), nous nous sommes rassemblés autour de la carte topo du Val d’Anniviers pour discuter des possibilités d’itinéraires, de protocoles et de bivouacs d’altitude pour cette première semaine. En effet, les intempéries des dernières semaines ont bloqué l’accès à plusieurs sentiers de randonnées et l’abondance de neige en altitude rend plusieurs sommets de notre étude non accessibles. Il faut donc adapter par rapport au plan initial. Mais les possibilités sont nombreuses et toutes aussi enthousiasmantes, si bien que nous avons du mal à nous décider sur les 3 scénarios possibles présentés ce soir pour notre immersion en altitude à choisir. On s’oriente pour l’instant, pour partir mercredi vers le glacier de Moiry pour y passer 2 jours (et donc 2 nuits en bivouac). Avec ces belles perspectives en tête, bonne nuit à tous !

Lundi 8 juillet 2024

Nous partons vers 10h pour une randonnée à la journée du côté de l’Illgraben (une vallée très érosive spectaculaire donnant lieu à un gigantesque cirque rocheux qui surplombe la vallée du Rhône). Pendant la matinée, nous passons de l’étage subalpin à l’étage alpin et apprenons à reconnaitre les conifères présents (Epicéa, Mélèze, Pin cembro et Pin à crochet) puis les espèces des landes à éricacées (Rhododendron ferrugineux, Raisin d’ours, Airelle des marais, Airelle rouge, Myrtille, Azalée des Alpes, Camarine noire ... ) dans lesquelles nous prenons le pique-nique avec une vue magnifique sur le Val d’Anniviers et la vallée du Rhône à la fois. Une observation grandiose juste avant la pause repas : nous voyons un Gypaète barbu et un Aigle royal voler ensemble (avec quelques altercations d’intimidation mutuelle) pendant plusieurs minutes, magnifique ! Surtout qu’en fond de ce spectacle, nous voyions le Cervin et tout son décor glaciaire, de quoi se sentir dans un reportage magnifique montrant avec une qualité exceptionnelle les rapaces dans un milieu naturel de toute beauté.
Après le pique-nique, c’est alors le moment de sortir les clés d’identification des plantes d’altitude et de déterminer autour de nous les fleurs qui font partie du projet Nature au Sommet (NAS). On identifie ainsi l’Homogyne des Alpes, la Renouée vivipare, la Potentille dorée, la Pensée des Alpes, le Trèfle des Alpes...Puis nous nous remettons en marche pour parvenir à la crête donnant sur la vallée de l’Illgraben. C’est impressionnant car cela tombe à pic tout d’un coup ! Une barrière permet aux promeneurs de ne pas se laisser surprendre par ce changement vertigineux de décor. Après un petit moment contemplatif, nous finissons notre boucle en se focalisant un peu plus sur les papillons mais ils sont peu nombreux. Nous repérons aussi quelques fleurs de deux familles de plantes à fleur typique des montagnes : les Gentianacées et les Saxifragacées.
Juste avant de rentrer au gîte vers 18h, deux Aigles royaux nous survolent. Ils sont tellement proches qu’on voit leur couronne dorée sur la tête, un beau cadeau final pour cette première journée ! Le soir, nous nous rassemblons pour discuter du protocole de NAS que l’on fera demain sur le sommet du Schwarzhorn. On se répartit à l’avance les rôles, car demain nous essaierons de démarrer au plus tôt, car la journée sera bien remplie, avec une ascension de 850m tout en faisant le protocole sur plus de 600m.

Mardi 9 juillet 2024

Aujourd’hui nous démarrons notre premier protocole, en direction du Schwarzhorn. Après un inventaire le plus exhaustif possible des plantes présentes dans notre zone de départ, nous cheminons doucement en observant à droite et à gauche de notre sentier pour repérer les plantes cibles de notre étude. Le protocole consiste à repérer à la montée la première occurrence de chaque plante cible afin de noter son altitude minimale de présence. On range alors la fiche correspondante lorsque la plante est vue. On a ainsi de moins en moins de cartes en main, et il est de plus en plus facile de repérer les plantes cibles restantes. Au sommet, après un inventaire exhaustif des plantes présentes, il nous faudra redescendre en reprenant en main toutes les fiches des plantes cibles non présentes au sommet. On notera alors de nouveau la première occurrence de chacune de ces plantes afin d’en relever l’altitude maximale. Pour le démarrage, Julia prend les notes sur la fiche du protocole, Sylvain surveille l’altimètre tout en rentrant les données au fur et à mesure que l’application Obsmapp, et tous les autres se répartissent les fiches des plantes cibles à repérer par couleur, afin de garder le visuel des plantes en main pour mieux les trouver. Un Tarier des prés vient se poser et chanter pas très loin de nous, que nous pouvons observer aux jumelles avec plaisir. Nous prenons le pique-nique autour d’un petit lac d’où nous voyons plonger hirondelles et martinets pour boire au passage. Puis nous reprenons le protocole. Comme il y a tout de même 850m de dénivelé sur l’ensemble de notre itinéraire prévu, on propose plusieurs options au fur et à mesure car tout le groupe n’est pas si à l’aise que ça avec le dénivelé et les passages en rochers plus escarpés de la fin de l’itinéraire. On choisit finalement de ne pas aller jusqu’au sommet, mais nous aurons tout de même récupéré des données sur une bonne section de l’itinéraire. On fera mieux un autre jour car le groupe reste motivé. La mise en jambe était un peu rapide, mais d’ici 2 jours, tout le monde a envie de recommencer un transect ! Le soir au centre, nous sommes en tout petit comité, c’est agréable (8 à table car les autres groupes sont dispersés en bivouac ou en soirée astro). Après le dîner, nous choisissons ensemble la destination de notre premier bivouac, du côté du Roc d’Orzival finalement. En effet, la météo annonce de la pluie en continue au niveau du glacier de Moiry où on voulait aller initialement. Et d’ailleurs la météo ne nous laissera pas enchaîner 2 nuits en montagne donc nous reviendrons dès le jeudi soir. Par contre, nous irons donc dans un endroit encore inexploré de la vallée et nous inaugurerons un nouveau transect (c’est à dire un nouvel itinéraire le long duquel nous effectuerons notre protocole NAS) sur un nouveau sommet : La Brinta (2659m).

Mercredi 10 juillet 2024

Ce matin, nous préparons nos sacs et c’est parti pour 2 jours en montagne ! Afin de raccourcir au mieux l’approche au lieu de bivouac avec les gros sacs lourds, nous nous rapprochons en voiture jusqu’au point le plus haut possible sur une piste forestière. La marche à pieds est donc facile, nous suivons une piste en balcon avec de magnifiques vues sur le Val d’Anniviers, cette fois-ci depuis l’autre versant du Val d’Anniviers (celui qui fait face au village de Chandolin). Quelques identifications de plantes chouettes en chemin dont le Gnaphale de Hoppe : Gnaphalium hoppeana, 3e observation seulement en 11 ans de prospection dans la vallée, un bon pique-nique puis une arrivée enthousiasmante au lieu de bivouac : on l’avait repéré sur la carte mais nous ne le connaissions pas encore, et la vue est encore plus chouette que ce qu’on avait imaginé car on voit même le glacier de Moiry en arrière plan et quelques montagnes de plus de 4000m de la couronne impériale (l’Ober Gabelhorn, le Weisshorn et le Zinarothorn). Après une pause goûter-tisane et installation du tarp pour abriter nos affaires des quelques averses annoncées,nous partons vers notre lieu de départ du protocole. Nous démarrons la première partie de notre protocole qui consiste à inventorier toutes les plantes présentes sur les 10 premiers mètres de dénivelé depuis le point de départ. Nous sommes plusieurs fois interrompus par des averses, pendant lesquelles nous nous abritons sous le porche d’une petite maison charmante non loin de là. On s’y prend donc à 3 fois au total et notre persévérance nous permet de réussir à en venir à bout ! C’est toujours ça de fait en avance, pour ne pas avoir une journée trop longue demain. Avant de revenir à notre camp de base, nous récoltons quelques plantes sauvages que l’on rince à la fontaine, pour se faire une petite salade d’accompagnement au dîner (majoritairement des feuilles d’Achillée millefeuilles et de pissenlit accompagnés de quelques feuilles et tête de trèfles). Le dîner de couscous-cacahuètes-thon et salade sauvage est un succès ! Comme la météo annonce encore quelques averses dans la nuit, tout le monde se cale sous le tarp (sauf Sylvain et Catherine qui ont des sursacs de modèle différent, mieux adaptés pour la pluie).

Jeudi 11 juillet 2024

Tout le monde a bien dormi ! Les premiers rayons du soleil nous réveillent vers 7h du matin. Un horaire parfait pour démarrer la journée. Après le petit-déjeuner, nous rangeons nos affaires sous le tarp et partons avec des sacs bien allégés pour la journée (sauf Juliette qui a tout pris, et se transporte au moins 12kg sur le dos !)
On change les rôles régulièrement tout au long du transect pour la prise de données ou le repérage des plantes cibles. C’est impressionnant comme le groupe a déjà progressé pour repérer les plantes cibles, une belle efficacité ! Ariane a mal à la hanche dans la montée mais elle tient bon jusqu’au col, un bel effort. L’arrivée au sommet nécessite un petit passage avec des câbles puis quelques pas d’escalade facile. La vue est splendide. Nous y faisons la connaissance des « mouches doudous » Cephenemya stimulator, surnommées ainsi parce qu’elles ont la tête toute colorée pleine de poils dans tous les sens et des grands yeux, une vraie bouille de doudou. On les trouve très souvent aux sommets si bien qu’elles deviennent un peu la mascotte attendue par Sylvain et Catherine qui ont l’habitude de la retrouver. Après un inventaire exhaustif des plantes et un protocole habitat, on redescend tout en poursuivant le protocole afin de repérer cette fois les altitudes maximales de nos plantes cibles. Nous sommes finalement de retour à notre lieu de bivouac vers 17h. Un bon goûter sur place afin de profiter encore de la belle vue, puis nous plions le tarp et rembarquons toutes nos affaires afin de rentrer au centre juste avant les averses de pluie annoncées. Nous arrivons tout pile pour nous mettre les pieds sous la table. Bien fatigués par cette belle journée en montagne, nous ne faisons pas long feu après le repas : rangement de nos affaires, bonne douche bien chaude et tout le monde est vite au lit.

Vendredi 12 juillet 2024

Aujourd’hui, le mauvais temps nous retient au centre. On se lève tranquillement, puis, comme le ciel s’éclaircit, on profite du rayon pour faire un petit réveil tonique de yoga juste devant le centre. Le ciel continue de se maintenir plutôt clair. Après vérification de la météo, nous avons bien un petit créneau ce matin pour prendre l’air. Camille, Juliette, Sylvain et Catherine en profitent pour retourner au lieu de départ du transect effectué mardi dernier, afin d’y faire un protocole habitat au niveau de la zone de départ (protocole que nous aurions du faire mardi mais nous étions pris par le temps). Pendant ce temps, Julia et Ariane restent se reposer au centre. La redescente après le protocole se fait en petite foulée car il est bientôt l’heure du déjeuner, et ce petit footing en sentiers verdoyants ravit le petit groupe, content de se dynamiser un peu.
L’après-midi passe très vite, avec un retour sur les données de terrain de la veille (il nous faut vérifier la prise de données préciser la qualité de nos données, et préciser quelles plantes resteront cible ou pas pour ce transect), l’identification des 3 plantes récoltées au sommet plus compliquées à identifier (d’où le fait que nous ayons gardé l’identification pour plus tard), et enfin une conférence sur l’adaptation des plantes à l’altitude. Juliette et Julia identifient ainsi avec Flora vegetativa le Myosotis alpestre, et Ariane et Camille le Gaillet à feuilles inégales ainsi que la Minuartie du printemps avec l’application Flora helvetica (avec un petit doute pour cette dernière identification car la plante récoltée était un peu trop fanée pour bien voir les critères). Le soir se finit tranquillement avec la projection du documentaire « les îles du ciel », qui nous immerge dans la recherche sur l’origine des plantes alpines. On retrouve plein de similitudes avec les études que l’on fait pendant notre séjour, avec plusieurs mentions des mêmes plantes que l’on suit. C’est très chouette d’avoir ainsi un contexte plus large de tout ce qu’il y a de mystérieux et d’extraordinaire à étudier les plantes alpines.

Samedi 13 juillet 2024

C’est notre dernière journée avec Ariane et Camille. Pour marquer le coup, nous partons pour le glacier de Moiry que nous n’avions pas pu voir au final. On va pouvoir explorer un nouveau milieu bien particulier, celui des moraines glaciaires, et nous comptons y faire un dernier protocole habitat tous ensemble. En effet, nous n’avons aucune donnée naturaliste dans le fond de la vallée de Moiry, proche du glacier. La randonnée le long de la moraine est incroyable car on a la vue sur le glacier, les séracs, et même l’énorme moulin par lequel les eaux de surface s’écoulent pour circuler ensuite sous le glacier. L’ambiance haute montagne est garantie, et tout le monde est fasciné. On s’arrête ici et là pour reconnaitre des plantes déjà vues, ou pour en identifier de nouvelles. Les saules nains (Saule réticulé, Saule herbacé, Saule à feuilles émoussées) tapissent un peu partout le sol, et les coussins de Silène acaule parsèment ici et là les blocs rocheux, le tout est magnifique. Après le pique-nique, nous cheminons jusqu’aux névés, avec une dernière vue surplombante fascinante sur le glacier. En chemin, deux crottes attirent notre attention, la première étant de façon fort probable celle d’un loup (pleine de poils, de fragments d’os et dans un milieu de glacier très peu probable pour un chien errant) et la deuxième celle d’une hermine (crotte torsadée typique de la famille des Mustélidées, la taille et le milieu orientant ensuite sur l’hermine). Après le protocole habitat non loin de ce point de vue, nous faisons demi-tour pour rentrer au centre. Nous arrivons vers 18h, le temps de faire les valises pour Ariane et Camille, d’une petite pause et voilà déjà l’heure du dîner de fête avec la fameuse fondue suisse. Comme à notre tradition, nous finissons en discutant autour d’une tisane, et on en profite pour faire un petit bilan de la semaine passée. Nous sortons ensuite nous balader sous le clair de lune dans le village de Chandolin, une petite marche digestive agréable et nous voilà prêts à filer dormir.

Dimanche 14 juillet 2024

Après le départ de Camille et Ariane, nous voilà en tout petit comité. Nous choisissons de passer la matinée au centre, et nous nous occupons à la création d’une clé d’identification des Asteracées (la famille des marguerites, pissenlit etc), en nous installant sur une table dehors, un bureau bien agréable. Puis nous partons prendre le télésiège juste derrière le centre pour savourer notre pique-nique dans les alpages et profiter de la vue là-haut. Nous marchons ensuite vers un chaos rocheux pour y faire une école d’alpinisme ! On voit les techniques d’encordement et de progression en corde tendue, les pauses de coinceurs et friends et enfin la technique du rappel. Déjà avec cette petite mise en situation, on ressent les sensations que doivent donner les passages en crête encordés à plusieurs, une chouette expérience. Julia préfère redescendre avec le télésiège et Catherine et Juliette prennent un peu plus de temps avant de rentrer pour aller voir la vue depuis le sommet de l’illhorn ( à 15mn des rochers où nous avons fait notre école d’alpinisme), puis pour redescendre à pieds jusqu’au centre.
Après le dîner, nous finissons la clé des Asteracées démarrée le matin. Il ne reste plus qu’à rentrer la clé sous forme informatique afin de l’imprimer et de la tester partout sur le terrain pour la suite de notre séjour.

Lundi 15 juillet 2024

Ce matin, Juliette a du quitter le séjour pour des urgences familiales. On est tout désolés de devoir se quitter plus vite que prévu. On lui souhaite un bon retour et plein de courage et on est de tout cœur avec elle pour la soutenir.
Comme la météo annonce de grosses pluies cette nuit, on envisage de faire le sommet d’alpinisme à la journée demain sans partir en avance pour bivouaquer la veille comme on fait d’habitude. Nous avons donc une journée complète devant nous sans préparatif de gros sacs et de bivouac. Julia choisit d’en profiter pour se ressourcer avec une journée tranquille de son côté (baignades et détente près d’une réserve naturelle proche de Sierre). Sylvain et Catherine ont de leur côté un peu bossé pour numériser la clé des asteracées, et géré quelques éléments de logistique/sciences et coordination d’équipe, tout en prenant quand même le temps d’une balade agréable dans l’après-midi ! Le soir on fait le point pour le lendemain. Faire un sommet d’alpinisme à la journée sera tout de même un petit challenge car cela prend du temps et de l’énergie, mais on est bien motivés. Tiphaine, qui a encadré la semaine dernière le séjour itinérant des ados, se joindra à nous demain, une chance qu’elle soit libre pour nous accompagner. Demain, départ 7h30, on prépare les sacs et le matos d’escalade et vite au lit !

Mardi 16 juillet 2024

Après un départ un peu rapide (le bus avait du retard alors il a fallu marcher vite pour ne pas rater le funiculaire), nous voilà partis à bon rythme de marche pour rejoindre le départ de notre transect. On est plutôt bien efficaces : inventaire de la zone départ, puis on marche le long d’un canal très charmant tout en surveillant nos plantes cibles. On arrive à bien voir quelques papillons : les Moirés cendrés, ainsi que plusieurs Cicindèles. Notre guide, Luc, nous rejoint peu avant l’arrivée au col où nous prenons un pique-nique bien mérité. Vient ensuite la partie en alpi : Luc emmène Julia et Tiphaine sur sa cordée, tandis que Catherine et Sylvain suivent en cordée volante derrière. Quelques passages en corde tendue puis un peu de grimpe facile (mais attention, le rocher réserve des surprises, il faut bien choisir ses prises car tout n’est pas si stable), et nous voilà déjà au sommet. La vue est grandiose en haut, un vrai panoramique sur le paysage couvert de névés. On explore le sommet tout en s’assurant les uns les autres pour inventorier toutes les plantes présentes. Elles ne sont pas nombreuses : Saxifrage sillonné, Saxifrage fausse mousse, Joubarbe des montagnes, Minuartie faux-orpin, ... Puis on fait notre protocole habitat et on redescend encordés jusqu’au col. On fait un petit point sur les plantes cibles déjà trouvées, celles à chercher etc tout en goutant. Et là, que voyons-nous juste à côté de nos sacs ? Une androsace qui ne nous dit rien du tout, du jamais vu nous semble-t-il. C’est parti, voilà l’équipe affairée à identifier cette inconnue, on sort les loupes pour chercher le nombre de branches sur les poils étoilés, tout semble indiquer qu’il s’agit d’une androsace non encore répertoriée dans la vallée. Beaucoup trop étrange mais tellement intriguant et excitant. Nous récoltons un tout petit échantillon et mitraillons la plante de photos afin de pouvoir vérifier au mieux les critères à la loupe binoculaire en rentrant et pour pouvoir éventuellement partager nos photos à des chercheurs spécialistes des plantes de haute-montagne au cas où il s’agisse bien d’une espèce non encore répertoriée dans ce coin de la Suisse. Le retour se fait avec les rayons couchants dorés et lumineux, les cours d’eau chantant, un vrai régal. Et au final ce ne sera qu’à 19h40 que nous arriverons au centre, en en ayant bien plein les jambes mais ravis à l’unanimité par cette grosse journée. On aura donc passé plus de 12h en montagne pour réaliser ce protocole ambitieux d’une traite ! (En général lorsque la météo nous le permet, le bivouac nous permet d’étaler la prise de données sur 2 jours au moins, voire 3). Le dîner les pieds sous la table est particulièrement bien apprécié. Et après le dîner, Romain, un collègue de Catherine et Sylvain propose de nous faire les observations d’astronomie que l’on peut faire à la lunette juste devant le gîte. On se retrouve ainsi sur la terrasse, sur un petit fond musical très agréable, à observer le ciel, ses galaxies lointaines et on se laisse porter par l’immensité de notre univers, ...On ne s’est jamais couchés aussi tard mais la fascination devant ces belles photos du ciel en valait la peine, et clôture à merveille cette belle journée.

Mercredi 17 juillet 2024

Aujourd’hui, journée calme entre les 2 sommets. Le matin, on commence par reprendre nos données de la veille pour apporter quelques précisions sur la fiche de donnée. Puis vient le moment attendu, nous allons étudier l’Androsace d’hier sous la loupe binoculaire. On zoom bien dessus, et voilà les poils étoilés qui se révèlent dans toute leur splendeur. Et donc la plupart à 2 ou 3 pointes, quelques uns à 4 ou 5 pointes, ce qui semble confirmer que c’est n’est pas l’Androsace des Alpes. Bon, après quelques photos des poils bien grossis, on rassemble toutes les photos, et Sylvain envoie un message à un botaniste du jardin botanique de Lausanne pour expertise, cette petite plante attisant vraiment notre curiosité.
Et puis vu que la loupe bino est sortie, on en profite pour jeter un œil sur quelques spécimens de papillons en collection des années précédentes. Vient ensuite le tour de l’identification des photos de coccinelles prises dans les jours précédents. L’une d’entre elle semble être la Coccinelle à 10 points Adalia decempunctata, espèce que nous n’avions pas encore répertorié dans la vallée (les coccinelles sont un des groupes d’insectes que l’on étudie de plus près).
L’après midi, à la demande de Julia, nous voilà dehors dans un coin bien sympathique au bord de plusieurs petites cascades pour une initiation au protocole d’étude des papillons de jour que nous utiliserons demain. Enfin, en guise d’initiation, nous réalisons directement le protocole sur le terrain, qui consiste à l’identification et au comptage de tous les papillons dans un rayon de 25m pendant 1h de prospection. Au final nous avons 44 individus (pas mal pour cet été qui est particulièrement pauvre en papillons) pour 11 espèces, dont l’Argus de l’Hélianthème Aricia artaxerxes, espèce difficile à identifier et donc peu souvent notée. Une bonne donnée donc, et un temps bien apprécié par tout le monde.
Le soir après le dîner, Julia retourne à la loupe bino pour photographier en macro avec son téléphone les insectes en collection sous tous les angles, elle réalise comme ça des photos fantastiques qui révèlent des couleurs et détails auxquels on ne fait pas attention quand on voit l’insecte de loin.

Jeudi 18 juillet 2024

C’est le grand jour, nous repartons cette fois pour 3 jours en montagne. On passe donc notre matinée aux préparatifs de départ. Après une petite synthèse sur les papillons d’altitude les plus communs dans le Val d’Anniviers, nous partons vers 11h pour prendre le bus puis le funiculaire. Nous pique-niquons rapidement pour nous alléger (car on transporte en plus de la nourriture et des affaires de bivouac le matos d’escalade et quelques bouquins papillons). L’approche au lieu de bivouac est facile, un sentier en balcon très agréable à suivre. On arrive sur place tôt dans l’après-midi. Le temps d’une petite pause, de cacher les gros sacs sous les génévriers et nous voilà partis pour aller faire un protocole habitat et papillons sur un endroit précis de la crête au-dessus de nous. Cet endroit correspond tout pile à une intersection du quadrillage UTM de la carte topo, qui nous sert de base pour prospecter toute notre zone d’étude dans le petit vallon proche du Lac de l’Armina, l’idée étant de réaliser dans ce secteur des protocoles à chaque intersection (ce qui correspond à un quadrillage d’1km de côté). Arrivés sur le point précis, la vue est chouette ! Malheureusement, on ne verra qu’un seul papillon passer, donc nous n’y faisons que le protocole habitat et tant pis pour les papillons. Il y a trop de vent sur cette crête, et il faut croire que cette année les papillons sont « en retard » par rapport aux années précédentes, et donc encore trop peu nombreux en altitude. De retour au bivouac, nous installons le tarp, le filtrage de l’eau tout en s’extasiant de la beauté de l’endroit. Notre bivouac est sur un petit promontoire qui surplombe la vallée, avec une vue à 360° de toute beauté, la rivière qui passe non loin de là et surtout la pelouse remplie de fleurs aux couleurs splendides (Raiponces d’un bleu azur en mélange avec des Arnicas aux couleurs jaunes d’or, petites Silènes des rochers blanches, Trèfles des neiges roses ...). Les lumières du soir sont splendides. On se couche donc la tête dans les étoiles, ravis.

Vendredi 19 juillet 2024

Nous nous levons avec les premiers rayons du soleil perçant au-dessus de la montagne vers 7h45. Le temps du petit déj et de plier/cacher les affaires de bivouac et nous voilà prêts à 9h30 lorsque la guide Emilie nous retrouve. Nous partons d’un bon pas vers les Aiguilles de Nava. Emilie nous raconte plusieurs anecdotes sur les mœurs et coutumes de la vallée. La traversée démarre de façon très facile, nous progressons en corde tendue : Emilie avec sur sa cordée Julia, et Sylvain et Catherine en cordée libre derrière, qui prennent des notes sur l’application Obsmapp dès qu’ils croisent une nouvelle plante, le but étant de récupérer autant de données que possible sur cette crête sur laquelle nous n’avons encore jamais été. Arrivés au premier gros sommet (la crête alterne plusieurs petits sommets et cols), nous prenons le temps de faire un protocole habitat complet. Puis nous repartons, et cette fois nous avons quelques passages plus verticaux nécessitant la pause de friends (des coinceurs mécaniques), et donc de chouettes sensations d’escalade. Le rocher n’étant pas sain partout, il faut être bien vigilant sur le choix des prises et des appuis. Nous pique-niquons au niveau du plus haut sommet : le Bec de nava, avec une vue imprenable sur, à la fois la vallée du Rhône et l’entrée du Val d’Anniviers d’un côté, et la couronne impériale de l’autre côté. C’est après le pique-nique que nous avons notre montée d’escalade la plus longue et impressionnante. Une belle dernière montée qui en a valu bien la peine, car le sommet est encore plus chouette que le précédent ! Emilie nous quitte à la redescente au col. De notre côté, nous rentrons tranquillement vers notre lieu de bivouac, sans plus trop trainer car de la pluie est annoncée vers 18h. Au final, nous n’aurons eu que quelques gouttes pendant la nuit, et donc aucun problème. A l’arrivée au bivouac, c’est la grande détente, car la journée a été sportive et longue. On se trempe les pieds dans la rivière et on se réinstalle. Nous avons encore droit à de belles couleurs de coucher de soleil, avec une luminosité faisant resplendir toutes les fleurs de la prairie sous nos pieds. Un bon dîner bien mérité, une petite séance d’étirements sur le rocher encore chaud, et nous voilà tous couchés.

Samedi 20 juillet 2024

Voilà déjà notre dernier matin sur cette belle « presqu’île » de bivouac. On se prépare tranquillement, on prend le temps de tester notre clé des Astéracées et d’identifier les quelques papillons qui se baladent. Puis nous redescendons par le sentier des cascades puis en longeant ensuite un sentier le long d’un canal. C’est magnifique. Nous terminons dans le village de St Luc où nous prenons le bus pour arriver les pieds sous la table au centre. L’après-midi passe vite avec la retransmission des enfants et ados des séjours d’astronomie, de géologie et de biodiversité qui avaient lieu en parallèle de notre séjour sur le centre. C’est un chouette moment de convivialité où tout le monde se mélange, échange sur ce qu’il a fait dans la semaine. C’est ensuite la fondue qui clôture cette dernière journée. Après le dîner, nous allons faire une petite balade digestive dans le village de Chandolin d’où nous admirons un lever de pleine lune incroyable. Julia retourne ensuite une dernière fois à la loupe binoculaire pour photographier en macro tous ces petits insectes mis en collection au labo Biodiversita. Voilà une belle conclusion de séjour.
Un grand merci à toute l’équipe de cette année ! On aura réussi à rassembler plein de données scientifiques intéressantes pour la poursuite de notre étude. Et on vous tiendra bien évidemment informés de la suite, notamment de cette fameuse Androsace qui nous a tant posé question au Col de Meidspitz !

Petit bilan scientifique des 2 semaines

Bien que les conditions d’enneigement et d’accès aux différents secteurs du Val d’Anniviers aient modifié largement le programme de cet été, nous avons pu mener nos études de façon très fructueuse tout de même !
Ainsi nous avons réalisé 2 transects complets sur les sommets de la Brinta (en randonnée) et du Meidspitz (en alpinisme), le premier étant une première réalisation dans le cadre de notre programme. La Brinta s’ajoutera donc aux sommets que nous suivrons dans le temps pour la répartition altitudinale des plantes cibles de notre projet.
Nous avons exploré trois nouveaux secteurs : autour de la Brinta, au niveau des Pointes de Nava et le long des moraines glaciaires de Moiry. Ces explorations ont ainsi permis de récolter des données opportunistes dans des endroits encore peu connus de la vallée, et viendront donc compléter notre base de données sur l’ensemble du Val d’Anniviers, nous permettant ainsi de mieux connaître sa faune et sa flore.

Nous avons enregistré en tout 666 observations via l’application Obsmapp la première semaine, visibles ici et 755 la 2e semaine visibles . Ces données sont donc consultables sur le site Observations.org et sont ainsi automatiquement partagées avec les communautés scientifiques en accès libre de droit. Elles alimentent la base de donnée mondiale de référence, le GBIF (Global Biodiversity Information Facility) et contribuent ainsi à améliorer les connaissances sur la faune et la flore de la Suisse au-delà du programme Biodiversita.

Pour retrouver la liste des espèces observées lors du transect de la Brinta (93 espèces dont 80 de plantes et 5 d’oiseaux), c’est ici.

Pour retrouver la liste des espèces observées lors du transect du Meidspitz (118 espèces dont 105 de plantes et 5 d’oiseaux), c’est ici.

Pour retrouver la liste des espèces observées lors de la traversée des Pointes de Nava (99 espèces dont 89 de plantes et 4 de papillons), c’est ici

Parmi les observations remarquables, la donnée d’intérêt la plus importante et dont le suspens est encore en cours, c’est la fameuse Androsace vue au Col du Meidspitz pour laquelle tous les détails ont été pris en photos pour pouvoir confirmer l’espèce à posteriori grâce à notre réseau de collègues spécialistes de la flore d’altitude de Suisse. Il s’agirait à priori de l’Androsace à tige courte Androsace brevis, qui constituerait la première donnée dans le Val d’Anniviers, encore non connue des atlas de botanique suisses !
Nous pouvons aussi noter le Gypaète barbu et l’Aigle royal du premier jour, avec leur confrontation mutuelle à plusieurs reprise en vol. Par ailleurs, le Pin à crochet Pinus uncinata (un pin que l’on ne trouve qu’en altitude), étonnamment, était encore inconnu de la vallée et c’est donc le premier été où l’on a pu le repérer, à l’état de petit arbuste discret dans les landes à éricacées.
Une autre donnée intéressante est celle de la Cicindèle champêtre Cicindela campestris, trouvée vers 2200m d’altitude, que nous n’avions jamais vue aussi haut. Jusque là nous ne trouvions que la Cicindèle des Alpes en altitude Cicindela gallica.
Et enfin, d’autres constats intéressants :
- la présence abondante de notre « mouche doudou » Cephenemya stimulator sur tous les sommets réalisés, particulièrement marquée cette année.
- le retard général des rhopalocères (papillons de jour) et des orthoptères (criquets, grillons et sauterelles) cette année par rapport aux étés précédents, que nous n’avons que très peu vus et/ou entendus. Ce n’est que début août qu’ils sont devenus plus abondants.


Pour voir les photos du séjour, c’est ici.

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