Accueil > Nos actions > Journal de Bord des Opérations > Congés Sciences Solidaires > Chepang Hill, Expédition naturaliste dans la jungle népalaise- Novembre 2025
Introduction
Une expédition scientifique au Népal pour découvrir et étudier la biodiversité des forêts tropicales des Chepang Hill sur les contreforts de l’Himalaya. L’objectif : obtenir la protection officielle de ce site naturel exceptionnel et menacé par la construction de routes.
Le Journal de Bord
Mercredi 5 novembre 2025
Tout le monde est bien arrivé ce soir : Evelyne, Nicolas, Alexis, Jean-Marc, Brigitte et Annie. Nous nous réunissons au resto pour faire connaissance autour de bons plats locaux. Sylvain et Catherine, les deux responsables de cette expédition, nous présentent le programme du séjour, les enjeux scientifiques du projet des Chepang Hills et l’historique des efforts réalisés jusqu’à ce jour. Tout s’annonce passionnant !
On ne traîne pas après le restaurant car on prend le bus très tôt demain matin, direction le Parc National de Chitwan pour deux premiers jours d’entraînement et de formation aux thématiques botanique et ornithologie.
Jeudi 6 novembre 2025
On démarre la journée dès 6h15, pour prendre le bus de 6h50 qui nous emmène à Chitwan. Le bus est très confortable. Plongés par la fenêtre dans les paysages qui défilent et les diverses activités des locaux sur les bords de route, le temps passe vite. Nous voilà accueillis au sortir du bus par une jeep qui nous emmène au Chitwan Gaïda Lodge, notre logement pour les 3 prochaines nuits. On nous offre un « lemon squash » puis on s’installe.
La cour intérieure est luxuriante et pleine d’oiseaux curieux qui nous attirent l’œil. On se réunit pour aller se balader le long de la rivière et faire nos premières observations ornitho. On découvre les drongos, barbus, bulbuls...la balade est magnifique. On finit avec le coucher de soleil rougeoyant et en apercevant le dos d’un rhinocéros dans la végétation, et presque 70 cerfs tachetés, magnifiques.
Pour conclure cette belle journée, nous nous retrouvons pour le dîner assis autour d’une table sous un toit de chaume près de la rivière. Sylvain et Catherine nous initient à l’application Observation qui va nous servir pendant toute l’expédition pour enregistrer nos données naturalistes.
Vendredi 7 novembre 2025
Après un petit déjeuner servi dans la belle cour luxuriante de notre lodge, nous partons en jeep vers les « 20000 lakes ». A l’entrée de la forêt communale, un guide nous rejoint. Presque tous les 50m, le guide tape sur la jeep pour faire comprendre au conducteur qu’il faut s’arrêter pour nous laisser le temps d’observer. On s’émerveille ainsi sur de nombreux oiseaux dont les magnifiques Martin-chasseurs de Smyrne et autres martin-pêcheurs, des pics et même un Serpentaire bâcha (un gros rapace que l’on verra en tout 2 fois, posé sur sa branche à nous fixer sans nous craindre). Nous admirons aussi de nombreux Cerfs axis et Cerfs sambar.
Nous arrivons aux 20000 lakes à l’heure du pique-nique. Assis devant le grand lac, le riz aux légumes est bien apprécié. Puis nous repartons en jeep pour le Lac Kumal, qui nous enchante encore plus : sauvage, avec des couleurs magnifiques rougeoyantes et peuplé d’une dizaine de Cerfs axis, de deux Marabouts, de nombreux Cormorans et Aigrettes perchés côte à côte sur les branches des arbres, des canards colverts et Sarcelles d’hiver, des Vanneaux pie...pour n’en citer que quelques-uns !
C’est à cet endroit que l’on décide de faire notre initiation botanique. Après l’analyse de plusieurs rameaux sur lesquels nous apprenons un peu de vocabulaire basique, on se lance dans une clé d’identification créée de façon participative avec les groupes des séjours précédents. On identifie ainsi le Sal tree, arbre dominant de cette jungle. Puis nous caractérisons un nouvel arbre : « Terminalia tomentosa » en remplissant sa fiche de description. C’est un arbre dont on connaît le nom scientifique, mais nous n’avions pas encore eu l’occasion de remplir sa fiche descriptive car les feuilles se trouvent trop souvent hors de portée. Voilà qui est fait, et nous voila repartis en jeep pour rentrer à l’hôtel avec encore une fois, plein de belles observations en chemin.
Samedi 8 novembre 2025
Levés dès 6h du matin pour un départ à 7h, juste après que la brume se dissipe et nous permette de rentrer dans la jungle en sécurité. Après la traversée de la rivière Rapti en pirogue, nous démarrons notre exploration encadrés par notre guide Bishnu (spécialiste des oiseaux, qui a été formé par Tika, le parrain de notre projet dans les Chepang Hills) et ses deux assistants qui assurent notre sécurité.
Nous marchons pas à pas car les observations d’oiseaux sont partout. Bishnu les appelle en imitant des chants de rapaces nocturnes ou des pépiements d’oisillons. Notre matinée est bien dense, un vrai festival d’observations d’oiseaux en tous genres. Nous prenons le pique-nique près d’une tour de guet, où nous prenons une longue pause, apparemment nécessaire pour laisser le temps aux rhinocéros de se réveiller et de sortir de l’eau. (Sinon ils sont trop peu visibles et c’est plus compliqué de se balader à ce moment.)
Une des plus belles observations du matin, c’est le Grand Duc Brun, qui nous regarde droit dans les yeux depuis sa branche, et qui se fait ensuite houspiller par une Temia vagabonde jusqu’à ce qu’il fuit.
Après le pique-nique, plusieurs paons bleus et une magnifique empreinte de tigre dans la boue (et autres belles empreintes d’éléphant sauvage, rhinocéros et cerfs), nous voilà à longer le bord des rives du Rapti en espérant y voir un Rhinocéros. Après une bonne demi-heure d’attente, on se résigne à rentrer. Mais Nicolas et Jean-Marc perçoivent des herbes bouger depuis notre promontoire. C’est sûr il y a quelque chose de gros là-dessous. On attend encore ...mais rien ne vient. On repart et là, Eveline et Jean-Marc qui restaient en retrait nous font de grands signes excités ! Ils sont là, un rhinocéros et son bébé en train de courir avant de disparaître dans la forêt.
On est trop contents ! On se remet en route. Et cette fois c’est Annie et Brigitte qui nous rappellent : effectivement les rhinocéros sont redescendus en évidence et on est ravis de les revoir, et d’avoir le temps cette fois de les prendre en photo. Et il est tout juste le temps de rejoindre la rive pour repasser de l’autre côté en pirogue.
Autour d’un « lemon squash » offert par notre lodge, nous faisons nos au-revoirs à nos guides. La journée se termine autour d’un resto sur la plage pendant lequel Sylvain et Catherine nous présentent l’itinéraire jour par jour de l’expédition dans les Chepang Hills sur une carte. C’est notre dernière soirée avant le démarrage du cœur de l’expédition et on a tous bien hâte.
Dimanche 9 novembre 2025
Après un dernier petit déjeuner bien agréable dans le jardin du Chitwan Gaida Lodge, nous embarquons sur la jeep avec tous nos bagages, direction les Chepang Hills. On s’arrête en chemin pour des courses de fruits et légumes sur les étalages de bord de route et Rupen, notre guide local nous rejoint. On arrive en bas du chemin de rando vers 10h30. Nous allons pouvoir randonner légers car c’est la jeep qui amène nos affaires jusqu’au village de Gadhi. La première montée raide en plein soleil est un peu dure mais on est bien récompensés par le pique-nique à l’ombre pendant lequel nous guettons l’écureuil noir géant (mais nous ne le voyons pas). La suite de la randonnée nous enchante de belles vues, de la découverte des premières maisons et installations Chepang, et de quelques oiseaux évidemment. Avant la dernière grosse montée, Annie choisit de finir par la route avec Rupen pour éviter les passages trop raides pendant que le reste du groupe finit par le petit sentier. On voit 8 Langhurs sauter de branches en branches. Et la rando se finit avec une magnifique vue sur les Annapurnas et le soleil couchant. Après nos premières « douches » froides on se régale d’un bon dal bhat. Et c’est autour d’une boisson chaude que Sylvain et Catherine nous expliquent le protocole oiseaux que l’on va réaliser demain, puis qu’on se répartit les rôles.
Lundi 10 novembre 2025
Nous nous levons à 6h15 avec une vue imprenable sur les sommets de l’Himalaya, notamment le Manaslu que nous ne voyions pas hier. Le petit déj en terrasse avec cette vue, et le bon régal de pancakes/patates sautées/oeuf et miel local, voilà de quoi bien démarrer la journée. Le temps d’être servis puis de se préparer, nous démarrons plutôt tardivement notre premier protocole oiseaux, qui sera le long d’un sentier charmant qui part vers le nord et qui se termine à l’école du tout petit village de Kapé.
Rupen et Nicolas repèrent les oiseaux aux jumelles, suivis par Sylvain qui tente de les photographier, puis de Brigitte qui enregistre tous les cris et chants, d’Alexis qui enregistre avec l’application Merlin pour aider à orienter les identifications possibles, de Jean-Marc qui tient prêt le livre d’ornitho de référence ainsi que les fiches de terrain de description des oiseaux inconnus, et enfin le binôme qui dépote : Annie sur la prise de données papier et Evelyne sur la prise de données numérique (via l’application Obsmapp), et Catherine qui chapeaute le tout pour assurer que les informations aient bien circulé dans l’ensemble du groupe.
Une belle observation : le Roselin sombre, encore jamais répertorié dans les Chepang, donc une donnée exceptionnelle. Nous avons aussi la chance de très bien voir une chouette posée tranquillement sur sa branche à nous regarder (son nom d’espèce n’est pas encore sûr, nous ferons confirmer par Tikal, l’ornithologue local, à notre retour à Chitwan). Et pour le plaisir des yeux, un Langhur du Teraï et un énorme groupe de Macaques Rhésus. Nous finissons ce transect peu avant midi au village de Kapé, où Gothe nous attend avec le pique-nique (de luxe !). Servis avec assiettes et couverts : riz aux légumes et patates sautées et omelette encore chauds, ainsi que fruits ! Place ensuite à l’initiation chasse aux papillons sur place.
Puis nous allons tester notre tout nouveau projet d’interview systématique des habitants pour récolter des informations sur la faune locale. Rupen, Annie et Sylvain s’en vont donc interroger la dame qui semble habiter la maison la plus proche de nous avec la fiche d’information à remplir. Très vite, c’est toute la famille qui s’attroupe autour des photos qu’on leur montre et tout notre groupe qui vient profiter de ce bel instant de vie et de lien avec les locaux. Les photos les rendent très bavards et Rupen nous fait la traduction. On apprend ainsi la présence régulière de 4 Gaurs (les plus gros bovidés du monde, jusqu’à 2mètres et plus de hauteur au garrot !) dans leur village ! Après cette belle discussion, la famille nous offre des toutes petites châtaignes récoltées et grillées pour nous. Puis Rupen nous montre comment le maïs est laissé séché au plafond, puis écrasé sous une meule (on s’y essaye pour voir ce que ça donne). Nous repartons en cheminant tranquillement en faisant une belle boucle avant de revenir au village de Gadhi vers 16h30. La soirée se passe tranquillement en temps libre – boissons chaudes sur la terrasse – douches etc en attendant le dal bhat du soir.
Ce soir on nous sert un dal bhat avec du dhido à la place du riz, c’est de la polenta locale. Nous avons avec une rasade d’haricots verts et patates et épinards, on est ravis et c’est le grand festin général, on en demande et on en redemande (car c’est toujours à volonté).
Mercredi 12 novembre 2025
On se lève avec le soleil et une superbe vue. Nous partons faire le transect dans le vallon de Chisapani en changeant les rôles. On identifie aussi une fougère arborescente avec la clé d’identification puis c’est le retour, pendant lequel nous allons récupérer les enregistreurs audio. Un a disparu.
Au camp nous nous régalons d’un pique-nique de chapatis.
Ensuite l’après-midi se compose de temps de botanique et de l’installation d’un piège-photo à l’endroit où l’on a trouvé une empreinte de chat-léopard.
Le dîner est un vrai régal ce soir : un dalh d’aubergines, miam !
