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Sur les Traces du Lynx des Balkans du 17 au 28 Août 2022

Mission écovolontaire sur l'étude du grand prédateur qu'est le Lynx dans le Parc national Prokletije. Voir descriptif détaillé

Sur les Traces du Lynx des Balkans du 17 au 28 Août 2022

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Introduction

Notre équipe d’écovolontaires s’est rendue au Monténégro, afin d’aller étudier l’écosystème du Lynx qui est pour l’instant un véritable fantôme. Seules quelques observations ont été faites par des habitants du coin donc nous espérons pouvoir voir des images du prédateur.
Nous profitons de cette mission pour étudier l’écosystème dans ce secteur, ce qui nous permettra, à terme, de connaître la façon dont les espèces animales et végétales s’adaptent à la présence du Lynx.

Retrouvez le descriptif complet de cette mission écovolontaire Sur les traces du Lynx des Balkans en cliquant ici.

Le Journal de Bord

Mercredi 17 Août 2022

Et c’est parti pour une 7e expédition au Monténégro sur les traces du lynx des Balkans ! Stéphan et Gilles sont bien arrivés, malgré un petit couac de taxi qui n’avait visiblement pas retenu qu’il fallait récupérer 2 personnes à l’aéroport malgré les consignes claire qu’il avait pourtant eu… Une fois Stéphane dans la voiture, il est donc parti en laissant à Gilles le soin de se débrouiller seul pour rejoindre l’hôtel depuis l’aéroport ! Heureusement (généralement) les personnes qui s’inscrivent sur cette expédition sont débrouillarde, si bien que finalement Gilles nous avait rejoint par ses propres moyens avant même que nous ayons eu le temps de mettre en place un plan B.

Nous avons donc fait connaissance dans notre hôtel habituel et après un tour de présentation et un descriptif détaillé du programme des 12 jours nous nous sommes mis en route vers Lanterna, un restaurant très réputé de la capitale.

Et sur le chemin, nous en avons profité pour visiter quelques monuments historiques incontournable, comme à chaque fois : L’impressionnante Cathédrale de Résurrection du Christ avec son intérieur quasiment intégralement recouvert d’or, le pont Millénium (fierté nationale), les magnifiques vieux quartiers ottomans avec leurs ruelles étroites et leurs façades aux multiples couleurs, clock-tower ainsi que le vieux pont de la Ribnica….

Sur notre chemin nous croisons quelques oiseaux d’eau (cormorans pygmés, aigrettes garzettes…) occupés à pêcher dans la Moraca, la rivière qui traverse la capitale ainsi que d’une tortue terrrestre qui faisait tranquillement son chemin à côté des piétons.

Après un repas copieux et la découverte du Kocta, (l’équivalent local du Coca mais en bien meilleur !) nous sommes reparti tranquillement en direction de l’hôtel pour faire une bonne nuit bien mérité et, nous l’espérons, bien réparatrice ! Parce qu’à partir de demain, nous allons commencer les choses sérieuses !

Jeudi 18 Août 2022

Et c’est parti ! Cette fois ci ça ne rigole plus l’expedition commence pour de vrai ! Débout 7h pour tout le monde pour (de nouveau) un petit déjeuné TRES copieux… Les Monténégrins ne font pas dans la demie mesure en ce qui concerne les quantités de nourriture généralement !

Nous prenons notre bus à 8h25 en direction de Plav et le trajet va durer 4h en mélangeant des routes de très bonne qualité et des route… disons… carrossable pour le vieux bus que nous avons. Mais tout de même, grande nouveauté, nous ne passons désormais plus le long de la Moraca en bus (à notre plus grand regret) puisque les travaux de la 4voies sont désormais terminés et que nous avons donc pris une route toute neuve qui passe eu cœur de la montagne…
Une fois à Plav, nous rencontrons Enko, l’ancien directeur du parc de Prokletije, qui est une personnalité très influente dans la région et qui œuvre pour la protection de la biodiversité mais qui du premier abord communique à peu près aussi facilement… qu’un ours ! (Ce n’est pas moi qui le dis, la comparaison vient de Gilles et Stéphane !)

Alors bon, les choses s’améliorent petit à petit et nous savons désormais comment le prendre dans le sens du poil mais malgré tout les rencontres avec lui sont toujours folkloriques ! Et cette fois ci grande surprise, il est de bonne humeur et pour une raison tout à fait valable : Un berger du parc de Prokletije lui a dit avoir vu un lynx récemment à un endroit précis ! Pas si loin que ça des Katuns d’Hermina, là où nous allons être hébergé pendant 4 nuits.

Enko devrait donc nous rejoindre Samedi pour passer la journée avec nous et poser 2 de ces pièges photos en plus des nôtres dans la fameuse zone qui parait très intéressante !

Après un nouveau trajet d’une demi-heure dans la 4x4 d’Enko à travers la montagne, nous arrivons aux katuns d’Hermina, une charmante petite place avec une vue magnifique sur la vallée de Plav. Nous mangeons un gros rizotto préparé par les soins d’Hermina, on boit un petit café turc (avec presque plus de marc que de café) puis nous partons faire un tour dans la montagne pour relever le 1er piège photo de l’expédition.

Il est toujours là, c’est une bonne chose, mais comme nous l’avons déjà contrôlé en Juin celui-ci, nous savons qu’il n’y aura probablement pas énormément de vidéos dessus… d’autant plus que l’été les vaches d’hermina qui vivent en semi-liberté dans la montagne ont la fâcheuse tendance à venir brouter devant !

Néanmoins, nous avons tout de même de belles vidéos de chevreuils, de marcassins, de martres (ou de fouine) et de grives musiciennes.

Nous finissons l’après midi en faisant du hors-piste pour essayer de trouver plus de traces que sur les chemins de randonnées régulièrement utilisés et notre idée paye ! En quelques temps nous trouvons des traces et fèces de renards, de sangliers, de chevreuils et même de chamois !

De nouveau un superbe repas préparé par Hermina, nous avons eu des sortes de petits poivrons lactofermentés, et une énorme assiette de Bureks, une spécialité locale aussi légère que sont nom le suggère (un mélange épinards fromage enroulé dans une pâte feuilletée, frit puis trempé dans du yaourt).

Ce fût une belle 1re journée ! Et nous partons pour une nuit bien méritée, demain nous retrouverons Esad, notre guide pour les 3 prochains jours et il arrive à 8h pétante !

Ha oui ! Petit détaille que j’ai failli oublier mais qui a son importance…. En faisant du hors-piste, nous avons aussi trouvé une belle quantité de girolles que nous avons ramassé et donné à Hermina et qui nous en a fait une superbe petite fricassée avec de l’ail et des petits oignons…. Un délice !

Vendredi 19 Août

Nous nous réveillons presque aux aurores ce matin, entre 5h et 6h pour Gilles et Stephane, ce n’était pas vraiment volontaire mais la luminosité matinale du Monténégro incite à ce genre de comportements…. Rappelons tout de même que nous sommes approximativement à 1500km à l’EST de Paris mais que nous sommes tout de même sur le même fuseau horaire ! Donc forcément… Le soleil se lève tôt le matin !

Nous prenons un joli petit déjeuné, avec du pain perdu, des saucisses (ou fromage pour les végétariens), 2 œufs au plat, quelques crudités et le tout accompagné de café turc, devant les montagnes qui s’illuminent progressivement. Le temps de faire nos sacs à dos rapidement et voilà Esad qui arrive à 8h pétante pour nos accompagner pour cette première journée avec lui dans la montagne.

Le temps de faire un point d’organisation des jours qui viennent le nez collé aux cartes du coin, puis nous partons en voiture avec lui (une petite voiture blanche à l’origine qui a été traficoté dans tous les sens pour pouvoir passer n’importe où sur les routes cabossées de la montagne : caisse surélevée, 4 roues motrices, moteur changé pour être plus puissant et l’ensemble arrosé d’huile de coude pour rendre la voiture increvable ! Il faut s’y reprendre à plusieurs fois pour bien claquer les portières et la notion de ceinture est illusoire mais elle a l’avantage c’est quelle passe partout et que nous ne craignons pas de l’abimer !) en direction de la frontière du Kosovo pour y poser un nouveau piège photo.

Nous y arrivons vers 10h sur place et voici la mission que nous avons : nous devons trouver une zone propice pour poser un piège photo dans une zone très large partant de la frontière du Kosovo (sur la crête de montagne) jusqu’au fond de vallée ou nous voyons au loin, des katuns. Il semblerait que l’année passée, des bergers auraient vu un lynx dans cette zone et au vu de la morphologie paysagère, il est vrai que tout transit d’animaux sauvages doit se faire pas ce flanc de montagne.

Nous prospectons pendant 2 bonnes heures puis ça y est, après une petite pause goûter pour se rafraichir les neurones, nous trouvons une zone très propice au passage de la faune. Nous trouvons une sorte de petit vallon en forme d’entonnoir bien prometteur, plein de pieds de myrtille et à proximité de 2 petits ruisseaux ! Tout ce qu’il faut !

Nous coupons quelques branches, on installe le piège, on fait tous les réglages et puis ça y est, après quelques tests, nous installons le cadenas et nous finissons le travail en intégrant des petites branches pleines de lichen à l’ensemble pour le rendre plus discret.

Nous pique-niquons à l’ombre d’un grand pin de Macédoine puis juste après manger, après avoir de nouveau fait un petit point sur la carte, nous repartons en direction du la voiture. Et c’est reparti pour un tour de brinquebalage dans la montagne au rythme des creux et des bosses de la route en direction d’un piège photo que nous avons déplacé en Juin dernier. Cela ne fait que 2 mois mais nous sommes tout de même curieux de savoir si ce nouvel emplacement fonctionne mieux que le dernier !

Après une bonne demi-heure de route nous finissons par ranger la voiture le long d’un talus à un moment où Esad à décidé que finalement sa voiture (qui a faillit finir embourber dans une grosse flaque) n’irait pas plus loin !

Et après de nouveau une bonne demi-heure de marche, nous trouvons le piège qui n’a pas bougé d’une oreille depuis que nous l’avons laissé ! Nous l’avions installé au-dessus d’une mare, pas très loin d’une grande clairière et l’endroit nous semblait prometteur.

On récupère la carte SD rapidement et nous regardons les vidéos sur l’ordi de voyage que Konan à toujours dans son sac à dos. Quelques résultats sympas en 2 mois : de nombreux chevreuils, de nombreux renards et un ours ! A savoir plus de résultats en 2 mois à cette nouvelle localisation qu’en un an à l’ancienne !

On rentre tranquillement, on sent que la fatigue commence à se faire sentir puis nous reprenons la route avec la voiture d’Esad pour une dernière descente. Gilles en profite alors pour essayer de faire un petit somme mais le contexte des chemins de montagne rend l’opération délicate !

Demain nous partons avec Esad et (théoriquement) Enko dans un zone où un lynx aurait aussi été vu et l’objectif est de contrôler le dernière piège posé en juin et d’en poser 2 de plus appartenant à enko dans les environs !

Samedi 20 Aout

Ce matin nous partons avec Esad et Enko (parce que oui, après plusieurs incertitudes il est là aussi !) pour explorer les environs d’une autre zone à katuns que celle d’Hermina, dans un coin ou un lynx aurait été aperçu par une vielle dame qui vit seule dans la montagne…

Une fois sur place, Enko nous fait un topo bien détaillé de ses connaissances et suppositions actuelles sur les zones de présence du lynx puis nous partons en marchant tranquillement au-dessus des katuns de la vieille dame.

La matinée sera composée d’exploration et d’aller retours dans une vaste zone à la recherche du meilleur emplacement pour les pièges photos et nous finissons par trouver une zone très prometteuse : une clairière humide entourés de zone idéale pour qu’un lynx puisse se cacher et observer les chevreuils qui broutent !

On se dépêche d’installer le piège (et finalement nous en installons qu’un seul sur les 2 qu’il a puisqu’il y a un énorme orage qui se prépare au-dessus de nos têtes !), on taille quelques branches, on arrache quelques jeunes arbres qui auraient assurément prit le vent puis on dissimule le piège photo avec du lichen et des branches, comme d’habitude.

Au retour, comme la pluie n’est pas encore tout à fait là, nous décidons d’aller contrôler un piège posé en Juin 2022 dans un sous-bois plein de pieds de myrtilles, le terrain est un peu glissant, et nous essayons de nous dépêcher autant que possible à travers les rochers, les plantes et les troncs d’arbres coucher du hors-piste que nous empruntons puisque le ciel se fait de plus en plus menaçant !

Nous retrouvons le piège sans encombre et nous l’ouvrons sous les premières grosses goutes de pluie qui commencent à tomber ! Et là, surprise…. Plus de 900 vidéos en 2 mois !!! Mais bon pas le temps de trop se questionner, on est entrain de se prendre une énorme douche sur le dos donc nous échangeons la carte avec une vide et on repart illico presto ! On en profite pour tous se vautrer au moins une fois dans les myrtilles en voulant aller un peu trop vite pour éviter la pluie puis enfin, nous arrivons jusqu’à la voiture, tous bien tremper comme il faut mais content d’avoir une carte SD pleine dans la poche !

Vu le temps qu’il fait, nous changeons légèrement le programme et décidons de rentrer aux katuns pour se mettre à l’abris, au moins le temps de manger. Nous faisons une petite pause après le pique-nique, le temps de se changer et de se reposer un peu avant de repartir puis vers 15h30 nous reprenons nos sacs à dos, nos jumelles et nos outils de prises de données pour repartir faire un peu de terrain en direction du lac Hridsko Jezero.

Nous marchons pendant plus ou moins 2h, toujours en enregistrant toutes trace de passage de mammifères, les oiseaux, les plantes et aux espèces présentes sur notre chemin puis nous arrivons devant le lac où à chaque expédition il y a de nouvelles espèces d’oiseaux à rencontrer et cette fois ci ce sont des gobe-mouches gris et des gobe-mouches noirs qui nous ont fait le plaisir de leurs présence. On en profite pour scruter les falaises et massifs d’en face à la recherche de chamois mais sans succès…
Retour aux katuns, de nouveau un superbe repas préparé par Hermina (agrémenté cette fois ci de girolles que nous avons ramassées sur notre chemin) puis nous nous attaquons aux 900 vidéos de la carte récupérée ce matin.

Mais notre surprise est de courte durée puisque nous réalisons assez rapidement que c’est à 90% rempli de vent… Nous pensions que le piège ne serait pas soumis à cette problématique puisqu’il était installé dans une dépression au cœur de la forêt mais visiblement le vent passait quand même dans les buissons de myrtilles ! Nous avons tout de même quelques vidéos d’ours et de chevreuils mais l’ensemble n’est pas suffisamment concluant pour qu’on le laisse là où il est. Dans les jours qui viennent nous allons donc aller le récupérer et le déplacer.

Dimanche 21 Aout

Aujourd’hui c’est une grosse journée qui se prépare ! Nous allons faire une grosse marche pour rejoindre le carré 7, un carré où nous avions posé un piège en Aout dernier et que nous n’avons jamais été contrôler depuis ! Et comme nous avons 400 de dénivelés négatifs puis 400m de dénivelés positifs (on descend dans un creux de vallée et on remonte de l’autre côté) à faire pour aller le chercher puis la même chose dans l’autre sens pour rentrer… On espère qu’il sera toujours là !

La matinée se déroule sans encombre, même si nous avons quelques passages délicats à passer à causes d’arbres imposants tombés au travers du vieux chemin que nous utilisons et après 2 heures de marches, nous arrivons au fond de la vallée où nous tombons sur un petit paradis isolé du monde. Dans cette vallée encaissée et encore très préservée vivent des familles qui ne semblent pas avoir changer de modes de vies depuis des siècles. Gilles est sous le charme et comme il appréhende un peu le retour, il décide de nous y attendre le temps que nous allions contrôler le piège photo. Nous continuons donc notre chemin sans lui et quelques temps plus tard notre route croise celle d’un chevreuil qui ne nous avait pas entendu arriver et qui détale en nous apercevant.

Arrivé sur place Esad nous fait croire que le piège n’est plus là et qu’il a été volé, comme celui en Juin… Mais nous comprenons vite la blague (qui ne nous a pas non plus fait trop rire…) et sommes finalement heureux de le voir toujours bien arrimé à son tronc !

Nous l’ouvrons, on récupère la carte, on la glisse dans l’ordi portable qui ne quitte pas le sac à dos de Konan et on ouvre le dossier…. Et c’est la FOLIE ! Il y a de tout, des ours, un couple de loup qui fait des aller retours devant le piège, des dizaines de vidéos de renards et de chevreuils, plusieurs vidéos de chats forestiers dont l’une où il attaque un serpent, des grand tetras qui se battent dans la neige juste devant le piège, des oiseaux divers et variés…. C’est top ! Bon, pas encore de lynx mais nous somme clairement dans une zone de transite depuis le Kosovo donc s’il y a des lynx de l’autre côté de la frontière, ce n’est qu’une question de temps avant que l’un d’entre eux daigne passer devant notre piège photo !

Nous remettons le piège en marche en le laissant exactement au même endroit puis nous reprenons le chemin du retour pour retrouver Gilles qui nous attends toujours au fond de la vallée. On lui raconte brièvement ce que nous avons vu sur le piège mais sans entrer dans les détails pour lui garder quelques surprises pour le soir.

Sur le chemin du retour, nous tombons sur une énorme crotte de loup sur le bord du chemin que nous empruntons, pleine de poiles et d’os comme c’est très souvent le cas chez cet animal. Et nous en profitons aussi pour récupérer le piège photo que nous avions contrôlé la veille et qui n’avait pas donné des résultats très pertinent…

Pause de 2h aux katuns comme d’habitude en fin d’après midi pour nous ressortons pour reposer le piège photo que nous avons récupéré. Hier en rentrant du lac et en cherchant quelques girolles, nous étions tombés sur une petite marre naturelle dans une dépression en cuvette dans la forêt qui nous avait parut très prometteuse donc nous allons aller poser le piège là-bas pour voir ce qu’il en est exactement.

Lundi 22 Août

C’était notre dernière nuit chez hermina, qui une fois de plus nous a hébergée dans les règles de l’art pendant ces quelques jours, le temps d’une dernière photo et de quelques phrases pour se souhaiter bonne continuation et nous partons avec Samuel, le fils d’Ermina, à bord d’une voiture aussi traficotée que celle d’Esad mais qui a le même avantage de passer partout sans qu’on ait peur de l’abimer !

Une fois à Plav, c’est le frère d’Enko qui nous récupère (et qui lui ressemble comme 2 goutes d’eau) et qui nous conduit jusqu’à Rozaje, à 1h30 de route. Une fois là-bas, nous rencontrons notre nouveau guide, Semir, qui va rester avec nous jusqu’à la fin de l’expé.

Le temps d’un café dans un bar, de faire quelques courses pour les jours qui viennent et de rencontrer Feka, le propriétaire du gîte et de traverser Rozaje à pied et nous voilà à bord d’une jeep d’un autre temps pour partir à l’assaut de la montagne. Il est 13h et nous avons encore 1h30 de route sur des chemin de moins en moins bonne qualité en fur et à mesure que nous grimpons.

Nous arrivons finalement à « Grope », une sorte de grande cabane perdue dans la montagne mais tout de même très confortable (il y a des lits, un poêle à bois et de l’eau potable, quoi demander de plus ?) et prenons le temps de nous poser un peu pour digérer le trajet, de manger un coup puis nous partons avec Semir pour déjà aller contrôler un piège photo.

Il n’est pas très loin et c’est un vieux piège de Semir qui ne donne jamais beaucoup de résultats mais il a l’avantage d’être vraiment proche de Grope et de pouvoir être contrôlé en moins de 2h. L’accès n’est pour autant pas si évident que ça puisque nous devons nous frayer un chemin à travers des pins noirs (Pinus nigra) qui poussent en s’enchevêtrant les uns les autres d’une manière assez efficace.
Le piège est toujours là, Semir branche rapidement la carte à son téléphone et comme à chaque fois pour ce piège, nous avons quelques chevreuils et quelques ours mais rien de plus, donc pas de grosse surprise.

Nous rentrons, faisons à manger sur le poêle, regardons quelques vidéos issus des pièges photos contrôlés les jours précédents puis allons nous coucher puisque demain une grosse journée s’annonce : Il ne va pas faire très beau donc il va falloir trouver la bonne fenêtre météo et être efficace pour contrôler les 2 pièges photos que nous devons contrôler !

Mardi 23 Août

Le brouillard est très dense ce matin, dans ces conditions nous sommes contents de travailler avec un guide local qui connait la montagne comme sa poche ! La mission du jour est donc de descendre en fond de vallée pour aller contrôler 2 pièges photos qui sont posés depuis respectivement 12 et 14 mois. Ces pièges sont contrôlés à chaque expédition et donnent des résultats différents.

Le 1er est à la croisée de différents chemins dans le fond d’une vallée encaissée, on a à chaque fois de très bons résultats sur ce piège ci, mais comme c’est une zone que la faune sauvage apprécie particulièrement…. Nous avons aussi beaucoup de chasseurs sur nos vidéos ! Et malheureusement les chasseurs du coin ne sont pas très conciliants avec les démarches de recherches sur la faune sauvage… A chaque fois nous sommes donc un peu inquiets pour ce piège parce que c’est très probable qu’un jour il ne soit plus là…. Mais en attendant, nous avons très fréquemment dessus des loups, des ours, des chats forestiers, des renards, des chevreuils…. Donc pour l’instant nous le laissons là malgré la crainte d’un vol ou d’une destruction, nous faisons juste en sorte de le rendre au maximum inaccessible.

Le 2e est un peu plus en hauteur, sur un petit col et compte tenu de la topographie du coin, si les animaux ne passent pas devant le 1er piège, il y a de forte chance qu’ils passent devant le second puisque c’est le 2e passage le plus facile pour passer d’une vallée à une autre. Mais contrairement au 1er piège, celui-ci ne donne jamais beaucoup de résultats, nous avons uniquement eut quelques chevreuils, quelques renards et quelques ours à passer devant.

Après 2h de marche et de relevés naturalistes opportunistes (empreintes de renards, fèces de mustélidés, quelques espèces d’oiseaux identifiées à l’oreille, identifications botaniques…) nous arrivons devant notre premier piège photo qui est toujours là ! La petite marre au-dessus de laquelle on l’avait installée est sèche (et après observation, il n’y a pas d’empreintes dedans) mais c’est habituellement un point d’eau qui attire pas mal la faune sauvage. Nous récupérons le piège photo, on sort l’ordinateur portable et on commence à analyser les photos et vidéos prises avec ce piège. Comme d’habitude, de très bons résultats : ours (3 individus différents !!), loups, tétras, chats forestiers…. Et un résultat hors du commun : notre 1er chacal doré sur piège photo !!!

Mais aussi moins drôle : on voit sur certaines vidéos que des chasseurs ont repéré notre piège… Il va donc falloir qu’on le change de place.
Nous prenons donc une heure sur place pour trouver le meilleur nouvel emplacement, nous refaisons quelques réglages pour les adapter à la nouvelle zone, Semir notre guide grimpe dans un arbre pour l’installer et le rendre le moins accessible possible, on fait quelques tests et puis c’est bon, nous sommes satisfaits du résultat !

Plus qu’à aller chercher le 2e !

Les résultats du 2e sont assez similaires à ceux que nous avons à chaque fois, c’est définitivement une zone avec peu d’intérêt pour le passage de la faune, malgré l’aspect topographique du lieu qui était prometteur… Après avoir téléchargé toutes les données et formaté la carte, nous le déplaçons donc de 800m, vers une zone qui est potentiellement plus intéressante.

Sur place nous profitons de la vue que nous avons pour faire lecture de paysage et essayer de déduire les déplacements de la faune sauvage en fonction du relief et de la forme des vallées et des montagnes aux alentours. Et par ce biais, nous finissons par trouver un col de montagne à la végétation ouverte qui permet la connexion entre 2 vallées et qui est dans la continuité des 2 pièges que nous venons de contrôler ! Dans les jours qui viennent nous allons donc assez de rejoindre ce col pour y poser un nouveau piège photo !

Sur le chemin du retour, en plus de nos relevés naturalistes nous en profitons pour ramasser les déchets que nous trouvons sur notre chemin qui sont malheureusement très nombreux malgré le peu de personnes qui viennent dans ces coins reculés de la montagnes… Mais visiblement le passage de quelques humain (chasseurs et ramasseurs de myrtilles) suffit à marquer visuellement un paysage…

Mercredi 24 Août

Hier nous avons fait une bonne marche pour aller contrôler nos 2 pièges photos et demain nous partons à pied en direction de notre dernier logement et pour ce faire, nous feront aussi pas mal de kilomètres et de dénivelés. Aujourd’hui le programme est donc plus tranquille et ça tombe bien parce que dehors il y a un brouillard à couper au couteau et qu’il y a des averses régulières.

Bien entendu, cela ne nous empêche pas de sortir pour autant et nous partons vers 10h faire un peu d’explorations vers l’ouest. Nous trouvons à plusieurs reprises des crottes d’ours fraiches (quelques heures) et avons l’œil averti pour essayer de trouver des amphibiens mais rien en vu… Qu’à cela ne tienne, les plantes sont tout aussi identifiables sous la pluie qu’avec le soleil donc nous nous y attaquons particulièrement ce matin.

Après 4h de marche et 400m de dénivelés (négatif et positif) et une petite pause sympathique dans le petit village d’enfance de notre guide où nous avons pu boire un café turc dans les règles de l’art (avec presque plus de marc que de café dans la tasse), nous voilà de nouveau à Grope.

Nous utilisons l’après midi pour faire du tri dans les données issues des pièges photo (on supprime celles où il n’y a rien et on renomme celles avec un animal) puis Konan sort un jeu de carte de sa conception pour apprendre reconnaitre les traces, crottes, et crânes d’animaux. Un jeu pas si évident que ça mais très pédagogique !

Jeudi 25 Août

Ce matin nous quittons Grope ! Nous commençons donc la journée en faisant nos sacs que nous mettons dans la jeep qui va redescendre à Rozaje puis nous nous équipons pour la journée. Pas de pièges à poser ni à contrôlés aujourd’hui mais nous allons allez explorer de nouvelles zones dans lesquelles nous n’avons encore jamais mis les pieds. Ces explorations permettent de découvrir de nouveaux milieux, souvent de nouvelles espèces encore non enregistrées sur notre zone d’étude et parfois un coin tip top que nous gardons en mémoire pour poser un futur piège photo.
Lors des dernières expéditions, nous sommes passés presque à chaque fois par le sommet de Ahmica (2272m) et cette fois si nous décidons de contourner ce sommet par l’EST et de passer au plus près de la frontière avec le Kosovo.

Cette journée fût riche en découverte puisqu’elle nous a permis de trouver une zone intéressante de transite entre le Kosovo et le Monténégro, pas très loin de la frontière nous avons trouvé un chemin très riche en traces diverses et variées : chevreuils, sangliers, renards, ours (crotte) et même des empreintes de martres, qui ne sont vraiment pas communes à observer.

Le midi nous avons fait une pause sur un col de montagne, toujours très proche de la frontière avec le Kosovo et juste à côté d’un petit cimetière isolé et datant (d’après Semir, notre guide local) de la 2nd guerre mondiale. On en profite pour faire de nouveau un peu de prospection et nous concentrons principalement sur les orthoptères, les plantes et les oiseaux, ce qui nous permets d’apercevoir un grand tetra s’envolant et un cincle plongeur disparaissant dans l’eau !

Nous arrivons en fin d’après midi à notre nouveau logement, dans le village de Stedim, petit village d’une dizaine de cabanes fabriquées de bois et de taules. Nous profitons de la fin d’après-midi pour traverser et s’imprégner de ce nouveau lieu et nous marchons de nouveau jusqu’à un col de montagne qui nous permet de voir à la fois Rozaje et la fameuse forêt brûlée dans laquelle un lynx aurait été vu l’hiver dernier !

Ce point de vue nous permet aussi de deviner, presque à l’horizon, les emplacements des différents pièges photos que nous avons posé et contrôlé ces derniers jours et grâce à ce nouveau point de vue et à cette analyse du paysage, l’emplacement du dernier piège photo que nous devons poser nous apparait comme une évidence !

Vendredi 26 Août

Départ à 8h, l’objectif de la journée est de nouveau de contrôler 2 pièges photos différents (l’un des nôtres et l’un de ceux de Semir). Nous traversons le village, faisons une heure de marche et retrouvons notre 1er piège photo. Nous l’avions installé en Juin dernier dans une petite clairière en pente douce et à la croisée de différents chemins et allons donc voir les 1er résultats de ce piège !

1re bonne nouvelle, il est toujours là ! Nous l’avions mis bien en hauteur mais malgré nous savons qu’il y avait des chasseurs dans le coin donc n’étions pas certain de le retrouver…
Nous le décrochons, l’ouvrons, récupérons la carte, la branchons sur l’ordi et surprise…. Plus de 2000 vidéos en 2 mois !! Mais nous ne sautons pas de joie, au contraire parce que nous savons que quelque chose n’a pas bien fonctionné pour avoir autant de vidéos que ça… Et en effet, en analysant les vidéos, nous réalisons qu’une petite branche arrivait discrètement dans le coin inférieur droit du capteur…. Et avec la sensibilité que nous avions mise au maximum à cause de la hauteur à laquelle est le piège…. Ça n’a pas pardonné !

Néanmoins, toujours quelques vidéos sympathiques de loups, d’ours, de chat forestiers, de renards, de chevreuils de de martres !

Nous le réinstallons (en changeant les paramètres et en enlevant la branche qui était dans le champ de vision du piège) et partons à la recherche du suivant. Après de nouveau une heure de marche, nous le récupérons et regardons les vidéos qu’il a prise lors de ces 2 derniers mois. Il y a peu de résultats donc nous décidons de le changer de place pour couvrir une nouvelle zone avec, ont l’espère plus de passage de faune.

Nous rentrons sous un énorme orage sans pluie mais pas moins impressionnant et sur le chemin du retour nous rencontrons un homme qui était entrain de couper du bois et qui nous invite à boire un café turc chez lui ! Et s’en suit une bonne demi-heure de partage de culture et d’échange verbaux malgré les différentes barrières de langages que nous pouvions avoir. Très chouette moment.

Après ça, l’orage s’étant calmé, nous sommes remontés faire un tour dans la montagne, ce qui nous a permis de rentrer quelques données ornithologiques supplémentaires, dont des guêpiers d’Europe.

Samedi 27 aout

Dernière journée dans la montagne et en même temps journée du transfert vers Podgorica. Etant donné que nous avons voulu optimiser au maximum notre présence sur notre zone d’étude, nous nous sommes levés à 4h30 ce matin pour aller poser notre dernier piège photo dans la zone que nous avions repéré les jours précédents.
Après 15 minutes de routes, nous garons la voiture en bord de route et commençons l’ascension d’une belle montée à travers les bois pour accéder à une petite prairie en hauteur que de loin nous paraissait bien propice. Et une fois sur place nous avons eu la confirmation de notre bonne intuition : Il y a une zone particulière qui fonctionne un peu comme un entonnoir naturel entre 2 clairières dans les quels il y a clairement des traces de passages répétés de faune sauvage !

Il est 6h30 et nous nous mettons à faire du débroussaillage pour préparer au mieux l’emplacement pour le piège photo et au bout d’une bonne demi-heure de tests, ça y est, nous sommes satisfaits par notre installation !
Nous redescendons tranquillement sur le chemin chaotique qui traverse la forêt, nous rejoignons la voiture puis nous reprenons la route en direction de Rozaje.

Le Bus en direction de Podgorica étant à 12h, nous prenons le temps de s’arrêter boire un café dans un bar et de prendre un bon petit repas à base de Bureks et de yaourt.

Puis long trajet vers Podgarica, on se prend de beaux orages sur la route mais nous arrivons tout de même sous un soleil de plomb à la capitale. Nouvel hôtel très luxueux pour finir l’expédition, on fait un petit bilan tous ensemble pour avoir les retours et les avis constructifs de chacun concernant l’ensemble du voyage puis nous partons vers notre dernier repas dans la capitale, sur le toit d’un grand immeuble.

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