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Sur les Traces du Lynx des Balkans du 08 au 19 Juin 2022

Journal de bord de l'expédition au Monténégro sur les traces du Lynx des Balkans. Expédition de 12 jours réalisée entre le 8 et le 19 Juin 2022. Biodiversité, observations et suivis naturalistes, mammifères, recensements sont au programme. Voir descriptif détaillé

Sur les Traces du Lynx des Balkans du 08 au 19 Juin 2022

Journal de bord de l'expédition au Monténégro sur les traces du Lynx des Balkans. Expédition de 12 jours réalisée entre le 8 et le 19 Juin 2022. Biodiversité, observations et suivis naturalistes, mammifères, recensements sont au programme. Voir descriptif détaillé

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Introduction

Notre équipe d’écovolontaires s’est rendue au Monténégro pour un séjour, afin d’aller étudier l’écosystème du Lynx qui est pour l’instant un véritable fantôme. Seules quelques observations ont été faites par des habitants du coin donc nous espérons pouvoir voir des images du prédateur.
Nous profitons de cette mission pour étudier l’écosystème dans ce secteur, ce qui nous permettra, à terme, de connaître la façon dont les espèces animales et végétales s’adaptent à la présence du Lynx.

Retrouvez le descriptif complet de cette mission écovolontaire Sur les traces du Lynx des Balkans en cliquant ici.

Le Journal de Bord

Découvrez le récit de nos éco-volontaires et suivez leurs aventures en plein coeur des montagnes du Monténégro au jour le jour.

Mercredi 8 Juin 2022, une arrivée tout en douceur

Ça y est, tout le monde est bien arrivé au Monténégro, nous allons pouvoir commencer notre sixième expédition sur cet animal emblématique que l’on appelle si souvent le fantôme des forêts. Nos trois participants, Pascal, Nicolas et William sont tous arrivés par le même avion à Podgorica, ce qui nous a permis de nous retrouver facilement à l’aéroport. Pour une fois il ne fait pas si chaud que ça en sortant de l’avion (on est sous les 30°C c’est pour dire…) mais c’est lié aux gros orages que nous avons eu ce matin sur la capitale et qui ont bien refroidi le sol.
On croise les doigts d’ailleurs pour que les premiers jours d’expé dans la montagne ne soient pas trop pluvieux parce que de bons orages sont annoncés pour la fin de la semaine… Et tout le monde sait que les orages en montagne, ça peut compromettre une journée bien comme il faut !

Petit temps de pause dans un hôtel 3 étoiles vraiment très luxueux avec réunion en terrasse (puis à l’intérieur quand les gouttes ont recommencé à tomber) pour tous se présenter, faire le point sur le planning de la semaine et sur la mission du programme « Lynx des Balkans ».

Puis nous sommes partis à pied pour rejoindre le restaurant dans lequel nous allons manger ce soir, en passant par plusieurs petits recoins cachés de la capitale et en visitant quelques monuments emblématiques de la ville (Cathédrale de la résurrection du Christ, Pont Millénium, vestiges romains, Quartiers ottoman, Clock Tower….). Au détour des chemins nous croisons la route de 2 tortues terrestres, d’un cormoran pygmé, d’hirondelles rousselines, d’un murier arborescent plein de fruits… Cette capitale est pleine de vie et le fait que la rivière Moraca passe en son sein lui confère des recoins encore très préservés. On espère juste qu’ils sauront continuer à développer leur capitale tout en préservant cette richesse.

Et après un repas copieux à « Lanterna » (nous avons pris 3 plats pour 4 et c’était largement suffisant… Pour mémoire, ils proposent quand même dans ce restaurant un plat de 1,1 kg de viande pour 2 personnes…), où les discussions diverses et variées ont été de bon train, nous sommes rentrés à pied à l’hôtel.

Et comme en juin dernier, exactement au même endroit, on entend de nouveau le Petit duc chanter dans un parc urbain, au milieu de la capitale ! On ne traîne pas trop ce soir parce que demain matin nous avons un bus à prendre à 8h20 et que la semaine promet d’être chargée ! Mais tout le monde est content et cette expédition promet d’être fort agréable !

Jeudi 9 Juin, premier piège photos récupéré

Bon cette fois-ci, ça commence pour de vrai, nous partons de la capitale pour rejoindre les montagnes au-dessus de la commune de Plav. Au programme de la matinée ? Départ à 7h45 de notre hôtel pour passer en coup de vent devant l’agence de Nikolas où nous avons laissé un sac d’affaires, prendre le bus à 8h25, faire 4h de trajet, retrouver notre chauffeur à Plav et puis monter tranquillement jusqu’au Katun par les routes forestières.

Le trajet se passe bien, on profite de la vue plongeante sur la rivière Moraca tout le long, Nicolas en profite pour récupérer quelques heures de sommeil et nous sommes bercés au rythme des virages et de la musique locale diffusée dans le bus…

Seul élément imprévisible de la journée…. Enko ! Ancien directeur du parc de Prokletije et une personnalité encore très influente dans la région : il œuvre pour la protection de la biodiversité. C’est lui qui va nous conduire jusqu’aux katuns d’Ermina. Mais avant ça nous prenons le temps de discuter des cartes, de la disposition des pièges-photos, de l’avenir du projet et des informations nouvelles qu’il a concernant la population du lynx des Balkans. Et après un chocolat chaud (très chocolaté et très sucré) nous prenons la route vers les Katuns. La météo n’est pas vraiment avec nous, il pleut de manière continue et il y a un brouillard à couper au couteau par endroits… Mais la piste forestière nous donne quand même un aperçu de ce à quoi ressemblent les forêts par ici.

On rencontre Ermina, la propriétaire des katuns, toujours aussi adorable, on s’installe et finalement, à 15h, il est grand temps de manger ! On s’abrite de la pluie et Ermina nous apporte un repas local à base de risotto (tellement bon…), de boulettes de viande enroulées dans du choux et de fromage de vache fait sur place.

En attendant que la pluie se calme, on reste discuter à l’abri, on teste les jumelles, on fait nos premières observations d’oiseaux (Pic épeiche, Casse-noix moucheté, Bergeronnette des ruisseaux, Bouvreuils pivoine…) et puis vers 16h30, ça y est, le ciel semble s’ouvrir, la pluie disparait et la mer de nuage descend en vallée en dessous de nous. C’est le top départ, on s’équipe et on part à la recherche du premier piège-photo de l’expé ! Il n’est pas très loin, seulement à une bonne ½ heure de marche. On profite du trajet pour identifier des traces et indices de présence de mammifères, quelques plantes et les oiseaux et puis vers 17h30 ça y est nous sommes devant !

Et 1re bonne nouvelle…. Il est toujours là !
On récupère la carte SD et on profite de la fin d’après-midi pour aller discrètement explorer les clairières à proximité et on rentre tranquillement aux katuns en faisant du hors-piste de manière à couvrir un autre secteur de notre zone d’étude. Le sol est bien glissant par endroit mais ce détour nous aura peut-être permis de voir une espèce vraiment pas courante parce que nous sommes tombés sur un Pic épeiche… qui a quand même quelques caractéristiques faisant bien penser au Pic syriaque ! C’est encore très hypothétique pour le moment mais nous avons pris des photos que nous regarderons sur l’écran de l’ordi dans les jours qui viennent pour lever le doute, dans un sens… ou dans l’autre !

Repas local ce soir de nouveau, nous mangeons des bourecs (sorte de rouleaux de pomme de terre frit) avec un fromage frais maison, devant un coucher de soleil.

Et la soirée se termine en beauté avec le visionnage des vidéos du piège que nous avons relevé cet après-midi ! 10 espèces sauvages identifiées (parce que non, nous n’avons pas compté ni les vaches, ni les cueilleurs de myrtille, ni les chasseurs !) dont un magnifique mâle de Grand tétras, des renards, un chevreuil et surtout un Chacal doré ! Une première sur ce piège !

Vendredi 10 Juin, de belles vidéos sur les pièges photos

Premier réveil dans la montagne, il est 7H et nous sommes tous debout, les visages sont encore frais et dispos, on sent que l’expé ne fait que débuter ! Tout le monde est motivé pour cette journée qui commence et ce malgré la fine bruine qui tend à humidifier chaque recoin de notre environnement…

Le mari d’Ermina nous apporte le petit déjeuner, des chapatis avec de la confiture, une omelette, du pain, des crudités, du fromage…. Tout ce qu’il faut pour faire un repas bien consistant avant de commencer la marche.

Vers 8h Esad, notre guide, arrive et nous prenons le temps de discuter avec lui de ce que nous voulons faire aujourd’hui, de là où nous voulons poser les nouveaux pièges-photos, de ceux que nous voulons relever et de ce qui est sorti de la discussion avec Enko la veille. Et de son côté il vient avec une nouvelle moins réjouissante qui s’est résumée en une phrase : « We can do what you want but today it will be a shower … »

Nous avons fini par statuer que compte tenu de la météo, nous allions aller relever le piège du carré 6 qui n’est pas si loin que ça et qui n’a jamais été relevé depuis sa pause en juin 2021 ! Nous partons donc en voiture pour nous approcher au maximum par une piste forestière du point GPS puis nous finissons à pied pour rejoindre le piège.

La bruine forcit un peu mais cela reste correct pour le moment, seuls les pieds sont mouillés…
On prend le temps sur le chemin de prendre quelques données naturalistes (crottes de renards, de sangliers, de grand tétras, quelques orchidées, empreintes de chevreuil…) puis nous arrivons sur la zone du piège. Et malgré les doutes d’Esad l’année dernière… le piège est toujours là ! Superbe nouvelle ! On sort les clés, on met un petit bout de temps à réussir à déverrouiller le cadenas qui était un peu coincé mais finalement ça y est, avec la patience de Pascal et de Konan combinées on a fini par l’avoir ! Et là surprise…plus de 370 vidéos sur la carte ! Plus qu’à espérer maintenant que ce soit des vidéos pertinentes…

Retour progressif jusqu’à la voiture, la météo est finalement toujours correcte donc on décide de continuer la route à pied jusqu’au lac Hridsko Jezero pour continuer notre inventaire naturaliste opportuniste. On prend notre temps, mais nous finissons par arriver aux abords du lac qui est juste magnifique et d’autant plus aujourd’hui avec l’ambiance brumeuse humide l’enveloppant…

Konan nous raconte la légende le concernant et finalement nous décidons de pousser le vice encore plus loin et de profiter de la météo qui n’est pas si catastrophique pour rentrer à pied jusqu’aux katuns d’Ermina !

Cela nous a permis de faire quelques belles observations supplémentaires (traces de Grands tétras, Becs-croisés des sapins, Bouvreuils pivoines…) mais nous avons aussi fini par prendre sur le dos la grosse douche qu’Esad nous avait promise !

Nous arrivons donc trempés de chez trempés aux katuns mais heureusement nos chaussures et nos vestes vont rapidement trouver une place au-dessus d’un poêle (sauf pour les chaussures de William qui sont restées miraculeusement plutôt sèches !)

L’après midi est par conséquent plus tranquille, on fait une pause au chaud, puis nous prenons en main et préparons un nouveau piège-photo pour demain, et nous passons une partie de l’après-midi à identifier des espèces sur les vidéos récupérées hier. Et surprise ! Nous avons un chat forestier !!! Et à nouveau de très belles vidéos de Grands tétras.

Le soir nous sommes invités à manger près du poêle, ce qui a été accueilli avec grand soulagement par tout le monde, et nous avons terminé la soirée en analysant les vidéos du piège récupéré cet après-midi ! Mais cette fois-ci pas de grande surprise, le lieu était malheureusement beaucoup plus fréquenté que ce que nous espérions… Donc beaucoup de vaches, de chèvres, de berger…. Mais quand même quelques belles vidéos de renards, chevreuils, lièvres, blaireau et chat forestier de nouveau.

Et maintenant nous croisons les doigts pour que la journée de demain soit plus clémente avec nous en ce qui concerne la météo ! Mais comme nous serons le 11 juin et que ce sera la Journée internationale du Lynx… ça devrait être une bonne journée !!

Samedi 11 Juin, une caméra posée, une caméra perdue

Bon eh bien raté… Cette Journée internationale du Lynx ne commence finalement pas si bien puisqu’il pleut des cordes ce matin ! A tel point que nous sommes plusieurs à avoir été réveillés cette nuit par le bruit de la pluie sur les toits des katuns… Une fois de plus, nous sommes invités à prendre notre petit déjeuner à l’abri dans la katun d’Ermina et de son mari, la seule possédant un poêle à bois, mais l’espace étant restreint, s’ils nous laissent la place c’est parce qu’eux sont dehors en train de traire les vaches qui permettent de faire le fromage que nous mangeons tous les jours !

En mangeant, nous gardons un œil sur l’extérieur mais comme la pluie ne fait pas mine de s’arrêter nous finissons par envoyer un message à Esad, notre guide, pour lui dire de venir une heure plus tard et croisons les doigts pour qu’entre-temps la pluie cesse…

Et à 9h nous partons, une nouvelle fois grâce à la voiture d’Esad (une sorte de mini 4x4 surélevé datant d’avant-guerre) pour s’approcher d’une zone où nous allons poser un nouveau piège-photo. Et quand nous arrivons sur place la pluie n’est plus qu’une bruine très fine quasiment inexistante ! Nous prenons donc nos affaires et partons en marchant vers la zone qu’Enko avait repérée, mais au bout de quelques mètres nous réalisons que malgré l’absence de pluie... eh bien nous allions quand même être trempés ! Et ce parce que nous allons devoir nous frayer un chemin à travers des étendues de pieds de myrtille détrempés… Mais bon, qu’à cela ne tienne, ce n’est pas ça qui va nous arrêter !

Au bout d’une heure de marche et plusieurs allers-retours dans la zone, ça y est, nous l’avons notre super spot pour installer le nouveau piège photo ! A 2m50 au-dessus du sol, arrimé à un arbre surplombant une sorte de sente discrète sillonnant entre les pieds de myrtilles. On ne sait pas, bien entendu, ce que nous allons y découvrir mais ça sent quand même bien la zone à Ours brun ! Et comme c’est une zone très calme et pas très facile d’accès… peut-être même plus que des ours…

En fin de matinée nous sommes partis récupérer le piège contrôlé hier, nous avons regardé les 300 vidéos dans la soirée mais il n’y avait pas grand-chose d’intéressant… Sans qu’on le sache, nous n’étions pas si loin que ça à vol d’oiseau de katuns et les moutons et vaches sont souvent venu brouter devant le piège… Quand même quelques vidéos intéressantes de renard, chevreuils et chat forestier mais pas suffisamment pour qu’on laisse le piège à cet endroit. A ce moment-là, nous avions un membre en moins dans l’équipe puisque Nicolas est resté se reposer dans la voiture (l’humidité constante et les produits laitiers fabriqués directement par Ermina ont eu raison de sa fringance…).

Magnifique observation sur la route du retour d’une femelle de Grand tétras que nous avons pu voir de très près ! Nous étions dans la voiture donc elle ne s’est méfiée de rien et nous avons pu l’approcher à quelques mètres !
Nous sommes rentrés nous mettre à l’abri des katuns pour le repas du midi. Nos chaussures et nos jambes sont bien trempées même si nous avons évité le plus gros de la pluie et nous sommes bien contents de manger au chaud. Lors du repas nous recevons la confirmation de la part d’une collègue de Konan que le Pic du 1er jour était bien un Pic… syriaque !!! Superbe donnée, on est vraiment contents, c’est la 1re fois que cette espèce est observée dans le parc de Prokletije !

Cet après-midi fut un peu moins drôle puisque nous sommes partis relever un autre piège photo que nous n’avons jamais trouvé… Nous avons bien retrouvé le câble autour de l’arbre mais c’est tout… Quelqu’un a réussi à trouver le piège photo, à casser l’accroche et à partir avec… Esad suspecte des chasseurs mais nous n’avons aucune preuve de quoi que ce soit… Et c’est d’autant plus frustrant que dans ces cas-là, nous perdons le piège mais aussi les données qui vont avec… Et nous avions beaucoup d’espoirs pour cet emplacement puisque c’était face à un gros rocher présentant un renfoncement à son pied… une superbe cachette pour la faune sauvage… Et puis nous avions déjà eu un ours sur ce piège….

Après une pause bien méritée, nous finissons l’après midi en travaillant sur les arbres du parc, nous avons apporté des améliorations à la clé d’identification faite lors des expéditions précédentes et ajouté une espèce à la clé. Cela nous a prit une bonne heure mais nous savons maintenant à peu près identifier une bonne dizaine d’espèces présentes dans le parc !

La soirée se termine avec une grosse assiette de riz pour tout le monde, il y a eu une demande express suite à des ventres qui commencent à être contrariés par le rythme et le régime imposé. Mais d’après Ermina, cela n’a rien à voir avec les produits laitiers fabriqués sur place… C’est quand on a les pieds mouillés toute la journée qu’on a mal au ventre ! Tout le monde sait ça !

Dimanche 12 Juin, utilisation de notre enregistreur sonore

Et ce matin nous nous réveillons avec…. Devinez devinez….. Et oui c’est bien elle…. LA PLUIE !
On remarque tout de suite qu’il y a 2 camps différents dans l’équipe : les personnes prévoyantes, celles qui sont venues avec 2 paires de chaussures et qui vont donc au petit déjeuner avec des chaussures sèches et les personnes moins prévoyantes, qui y vont pieds nus en marchant dans les flaques d’eau parce que leur seule paire de chaussures est en train de sécher chez Ermina…

Une fois de plus on envoie un message à Esad pour lui dire que ce n’est pas la peine qu’il vienne avant 9h et de notre côté on fait trainer un peu le petit déjeuner pour rester le plus longtemps possible dans la pièce avec le poêle…

L’heure tourne mais la pluie ne faiblit pas, Esad arrive et nous nous mettons d’accord sur l’objectif du jour : aller relever les 2 pièges-photos de l’EST du carré 3, à un endroit où il y a un vieux piège (déjà quasiment mort l’année dernière) et un neuf posé en Août 2021 et donc jamais relevé ! On a hâte d’y être et de voir si tout s’est bien passé mais en même temps, nous n’avons pas vraiment hâte de marcher sous une douche froide… Donc on attend… Pendant une grosse demi-heure, William, Nicolas et Pascal se remettent donc à l’abri pour jouer aux dés pendant que Konan et Esad discutent à l’abri d’un appenti. Pour l’instant, seul le couple de canards d’Ermina semble ravi par la météo !

Mais à 10h, ça y est, il y a une fenêtre météo ! Donc on s’équipe rapidement et on sort en espérant que la pluie ne revienne pas trop vite !
La première pente est bien raide, on monte 400m de dénivelé assez rapidement, ce qui nous tient chaud malgré nos pieds de plus en plus humides…. Que dis-je « humides »…. Malgré nos pieds de plus en plus trempés !

Sur le chemin on continue notre inventaire de la faune et de la flore locale, on prend beaucoup de fleurs en photos (Orchis mâle, Potentilles sp, Cardamines sp, Populage des marais, Trolles d’Europe…) et on profite de l’absence de pluie pour sortir pour la première fois l’enregistreur sonore et son micro directionnel et à plusieurs reprises dans la journée nous avons pris le temps d’enregistrer les chants d’oiseaux, dans le but de les identifier plus tard.

Vers 12h nous arrivons aux pièges et bonne nouvelle, ils sont toujours là ! Mais mauvaise nouvelle… Quelque chose a déconné avec le nouveau piège, nous avons seulement 100 vidéos dessus et rien de bien intéressant… Est-ce qu’il a pris un coup de froid ? Est-ce que quelqu’un a essayé de le forcer ? Est-ce que toute la sève collée dessus y est pour quelques chose… ? Pour l’instant le mystère reste entier… Mais quoi qu’il en soit on va le retirer d’ici.

Et deuxième mauvaise nouvelle (plus prévisible) le vieux piège est bien mort de chez mort…. Aucune photo dessus… donc on le récupère aussi.
On prend donc le temps de rechercher un nouveau spot pour installer un nouveau piège-photo, toujours dans le même secteur mais cette fois-ci plus à l’abri des regards, au-dessus d’une petite mare et d’une sente tracée par les animaux et non loin d’un secteur rocheux présentant plein de cachettes possibles pour la faune sauvage ! Le lieu est idéal mais maintenant nous n’avons plus qu’à espérer ne pas avoir de nouvelle mauvaise surprise en Août quand on viendra le contrôler…
On pique-nique non loin, avec une très jolie vue sur la montagne, finalement nous sommes chanceux avec la météo, on a les pieds trempés mais il ne pleut pas depuis ce matin !

Sur la route du retour nous remettons la carte SD dans le piège du 1er jour puis nous rentrons tranquillement aux katuns où un thé chaud et des pâtisseries d’Ermina nous attendent ! C’est aussi un temps douche bien méritée pour certains, il faut un peu de courage pour y aller (l’idée de se déshabiller par ce temps humide et froid nous freine un peu) mais finalement une fois dessous cela fait vraiment du bien !

Pour la fin de l’après-midi, Konan nous a sorti un petit jeu de sa conception, le concept n’est pas compliqué mais cela a fait appel à toutes nos connaissances acquises depuis le début de la semaine : Il a fallu associer chaque nom d’animal à sa photo (ça c’était facile), à son empreinte, à ses fèces (ça c’était déjà moins facile), puis à son crâne !
Dernier repas dans la katun d’Ermina puisque demain matin Enko revient nous chercher et nous partons pour les montagnes d’Hajla !

Lundi 13 Juin, vers Rozaje une de nos caméra enregistre des vidéos d’une mère ours avec ses petits

Ce matin nous faisons presque une grasse matinée puisque nous nous levons à 8h ! Cela ne fait qu’une heure de plus par rapport à d’habitude, mais mine de rien ce fut apprécié par tout le monde. Nous prenons notre dernier petit dej’ avec Ermina qui nous répète régulièrement en rigolant « Kicha catastlophe, kicha catastophe ! » ce qu’il faut comprendre comme « Aujourd’hui encore il pleut, c’est une catastrophe… ».

Mais bon, grâce au poêle tous nos habits et chaussures sont secs et à 10h nous sommes fin prêts à partir pour les montagnes d’Hajla ! Enko était censé venir nous chercher mais finalement c’est un autre chauffeur qui arrive et quelques instants plus tard nous partons accompagné de Ramo, le mari d’Ermina qui profite du trajet pour redescendre à la ville. Une demie-heure plus tard, nous voilà arrivés à Plav et quelques instants avant d’arriver à la station de bus nous voyons la voiture d’Enko arriver en face au beau milieu de la circulation ! Qu’à cela ne tienne, notre chauffeur et Enko s’arrêtent au milieu de la route le temps que Konan passe par la fenêtre une clé USB avec toutes les données de la semaine ! Et c’est reparti, l’échange a duré moins de 30 secondes, efficacité maximale !

Nous avons 2 bonnes heures de route pour arriver jusqu’à Rozaje où nous retrouvons Semir, notre guide pour les 5 prochaines jours. Le temps de boire un Cokta (version ex-yougoslavienne du Coca) dans un bar, de faire les courses alimentaires pour les jours qui viennent et de payer les taxes de séjour et nous voilà repartis à bord d’un vieux et gros 4x4 en direction de notre prochain chalet dans la montagne.

A cette occasion Feka vient avec nous, c’est un homme d’une soixantaine d’années, propriétaire du chalet et conducteur du gros 4x4 ! Et autant dire qu’il n’était pas de trop ! Parce qu’autant les 1re routes que nous avons prises étaient un peu cabossées mais sans que ce soit trop méchant, en revanche la dernière demi-heure pour rejoindre le chalet fut très sportive ! Il n’y a pas vraiment de chemin pour rejoindre le chalet et nous avons dû suivre une pseudo-piste bien raide et détrempée par les pluies des jours précédents ! Donc à de nombreuses reprises le véhicule a bien patiné, puis penché dangereusement, puis tapé dans un rocher, puis repatiné… Mais avec de la patience et de la persévérance, Feka a réussi à nous amener à bon port ! A noter quand même que pendant toute la durée du trajet, Nicolas était compressé entre tous les sacs à l’arrière du véhicule !

Au chalet, la vue magnifique et le soleil enfin présent nous invitent à manger dehors mais notre bien-être sous ces rayons réconfortants ne dura qu’un temps car à peine 10 minutes après le début du pique-nique… une jolie averse est arrivée nous forçant à rapatrier rapido presto à l’intérieur ! Le repas se termine par des Batlava, des pâtisseries locales bien grasses et bien sucrées mais tellement bonnes…

On s’équipe de nouveau bien comme il faut contre la pluie et l’humidité et vers 16h nous partons marcher pour récupérer un nouveau piège-photo. Il y a un brouillard à couper au couteau mais malgré ça nous dressons un petit inventaire des fleurs présentes sur le chemin. Nicolas commence à bien prendre en main notre application de recensement, ObsMapp, et tout le monde commence à bien maitriser les arbres du coin.

Nous traversons des zones bien encombrées par les pins sylvestres (qui nous mouillent bien au passage) et nous finissons par arriver au piège ! Il est toujours là mais les batteries n’ont pas tenu très longtemps… Il n’y a donc pas beaucoup de vidéos dessus mais il y a quand même plusieurs vidéos d’une mère ours avec ses petits !

Suite à ça, Pascal, qui commence à être un peu malade (à force de se prendre des saucées, ça se comprend…) décide de rentrer au chalet pendant que le reste du groupe part escalader un petit massif non loin du piège. L’ascension se fait rapidement et est sympathique mais le brouillard toujours présent nous empêche de profiter pleinement de la vue… On continue notre inventaire des plantes au sommet mais une nouvelle grosse averse nous force à prendre le chemin du retour.

Nous finissons la journée en faisant à manger sur le feu (spécialité locale à base de boulettes de viandes dans de la pâte feuilletée) à l’intérieur du chalet, la cuisson est un peu longue donc on enchaîne les parties de 10 000, un jeu de dés bien sympathique et juste avant le début du repas Feka nous interrompt avec une belle bouteille de gnôle de pomme ramenée directement de Serbie ! On a tous le droit à un petit verre bien généreux et voyant que Nicolas semblait bien apprécier, Feka a essayé de lui remplir son verre à plusieurs reprises ! Mais comme dirait Nicolas, à côté du Snaps de mon grand-père, ça passe tout seul !

Mardi 14 Juin, inventaire floristique des montagnes

Premier réveil dans le chalet ce matin, on a tous bien dormi, la température était agréable (contrairement aux katuns d’Ermina où 3 couvertures n’étaient pas de trop) et William n’a même pas ronflé ! Nicolas semble complètement guéri mais malheureusement c’est au tour de Pascal d’être bien malade… C’est dommage, maintenant que le soleil est enfin là !

En descendant on se rend compte que Feka n’est plus là et on apprend qu’à 6h ce matin, après avoir posé une dernière bûche dans le poêle il a décidé de rentrer à pied à Rozaje ! Plus de 10km à travers un brouillard à couper au couteau…
On prend le temps de bien manger et à 9h nous sommes fin prêts à attaquer cette grosse journée. Au programme ? Plus ou moins 7h de marche et 3 pièges-photos à contrôler ! A cette heure-ci, on sent que le soleil n’est pas très loin derrière les nuages mais le sol étant encore détrempé et la température pas très haute, on s’équipe comme à notre habitude depuis le début de cette expé humide.

Cette fois-ci ça y est, Nicolas est à fond sur ObsMapp, il photographie toutes les plantes qu’il croise pour les enregistrer sur l’application ! On est partis pour avoir un bon inventaire floristique des montagnes d’Hajla cette année !

Vers 11h nous arrivons près du 1er piège, il appartient à Semir et il est dans une sorte de pré humide et tourbeux donc seul Konan et lui partent le chercher puisque ce sont ceux qui ont les chaussures les plus imperméables. Pendant ce temps, le reste du groupe prend le temps de ramasser les déchets présents sur la zone. L’année dernière il n’avait pas donné grand-chose donc nous espérions avoir un peu plus de chose cette année dessus mais nos espoirs étaient vains… Seulement 2 vidéos de chevreuils… Et les piles qui sont complétement rouillées à l’intérieur du piège…. On est tous bien déçus forcément, la chance n’est pas vraiment avec nous sur cette expé mais bon, on ne peut pas gagner à tous les coups… On récupère donc ce piège, c’était un vieux mais bon, c’est toujours dommage de voir des pièges passer l’arme à gauche !

On reprend notre route en direction des pièges suivants, on continue de noter les traces et indices que nous croisons (crottes de renards et empreinte de chevreuils sont au rendez-vous) et nous croisons fortement les doigts pour le prochain piège… C’est une zone où il y a beaucoup de chasseurs et même s’il était bien camouflé, si quelqu’un l’a repéré… On sait qu’on ne le retrouvera pas !

La tension monte petit à petit au fur et à mesure que les minutes passent et quand nous arrivons sur place… BINGO ! Il est toujours là !! Grand soulagement dans l’équipe 😊. On grimpe dans l’arbre, on le récupère, on branche la carte SD et….. On se rend compte qu’il y a plus de 3500 photos/vidéos !

On mange sur place puis on prend le temps de l’installer ailleurs au cas où quelqu’un l’aurait repéré… Et pour maximiser nos chances de ne pas se le faire voler, cette fois-ci nous avons employé les grands moyens ! On vous laisse juger par vous-même en regardant les photos ci-dessous !

Et puis à partir de là, la chance semble tourner ! Un vrai soleil est enfin dans le ciel et réchauffe nos pieds humides, et nous allons de découvertes en découvertes sur notre chemin : D’abord une belle grosse crotte de loup, puis de grand tétras, puis d’ours ! C’est top !

Le 3e piège est aussi toujours en place, nous l’avons rejoint après une nouvelle petite heure de marche, mais nous nous rendons vite compte qu’il y a un problème… L’antivol est rendu sur l’objectif, comme si quelqu’un avait essayé de le forcer… Et en regardant les vidéos nous nous rendons compte que c’est bien ce qui s’est passé ! Quelqu’un a essayé de forcer le cadenas et de voler le piège ! Heureusement il n’a pas réussi mais il a quand même fini par nous mettre le cadenas devant l’objectif… Donc nous n’avons malheureusement pas tant que ça de vidéos valables…

Mais bon, au moins nous avons toujours le piège ! On prend donc le temps de l’installer à un autre endroit, dans la même zone mais plus en hauteur et cette fois-ci c’est à Semir de faire le singe dans un arbre ! Une fois l’installation terminée, on rentre tranquillement en direction du chalet que nous avons rejoint vers 18h.

Le temps d’un goûter accompagné d’un verre de Cokta, puis d’une partie de 10.000 et nous nous lançons dans la confection d’un repas sur le feu de bois.

La soirée se termine par le visionnage des 999 premières photos/vidéos du 2e piège que nous avons relevé aujourd’hui et nous ne sommes pas déçus : de nombreux renards, quelques chevreuils, de nombreux passages d’un chat forestier, un gros sanglier, un ours et surtout…. Un loup ! Deuxième fois qu’un loup est capté en vidéo dans le coin, c’est une donnée précieuse !

Mercredi 15 Juin, une belle randonnée en montagne proche du Kosovo

Ce matin on met la barre un peu plus haute ! Le réveil sonne à 5h55 et nous sommes tous debout à 6h. L’idée était de se lever tôt pour voir plus d’animaux le matin et voir la montagne sous un autre jour mais en ouvrant les volets nous nous sommes rendu compte que pour bien faire…. Il aurait fallu se lever à 4h ! En effet nous sommes sur le même fuseau horaire qu’en France mais bien plus à l’Est, donc tout est décalé. Qu’à cela ne tienne, si cela ne nous permet pas de voir le jour se lever, cela nous permettra au moins de na pas avoir trop chaud en marchant aujourd’hui. Et c‘est une bonne chose puisque cette fois ci nous avons pour de vrai notre 1re grande belle journée de soleil (dès 6h il fait grand bleu dehors) et que nous sommes partis pour faire du dénivelé ! L’objectif étant de monter sur la crête au-dessus du chalet pour rejoindre la frontière avec le Kosovo (réputée pour être une zone calme propice aux chamois, loups et ours du coin).

A 7h nous sommes dehors (sans pantalons de k-way pour une fois !) et c’est parti pour l’ascension. Nicolas appréhende un peu puisqu’il n’a jamais fait de grande marche en montagne comme ça et qu’après 20 minutes de marche, il se rend compte qu’il a oublié sa Ventoline… Mais bon, il se dit qu’il va marcher tranquillement et que ça devrait le faire…

Les premières observations ne tardent pas à arriver, une femelle de Grand tétras décolle devant nous et nous pouvons la voir longtemps planer avant de disparaitre, des Chocards à bec jaune viennent nous saluer de leurs cris mélodieux puis nous trouvons nos premières Edelweiss de la journée.

On alterne entre marche sur un bon dénivelé, observations naturalistes et pauses pour admirer le paysage et progressivement nous nous approchons de la frontière avec le Kosovo. Une fois arrivés sur la crête nous faisons une pause pour comparer les 2 pays et nous nous rendons compte que visiblement les Kosovar investissent beaucoup dans les routes, on en voit beaucoup comme autant de cicatrices dans un paysage il y a encore peu bien préservé… Semir en profite pour nous faire un point sur l’historique et l’actualité du Kosovo et il est bien placé pour en parler parce qu’étant petit sa famille a hébergé plus de 60 réfugiés fuyant la guerre avec la Serbie… La situation s’est progressivement améliorée mais lui voit ça comme un baril de poudre, c’est calme pour le moment mais il suffirait d’une allumette pour que ça reparte dans tous les sens… Et autre petit détail intrigant mais qui a son importance, les USA ont leur plus grande base militaire européenne au Kosovo, en bonne partie enterrée ! La raison officielle étant bien entendu d’aider ce pauvre pays à ce défendre contre les autres pays…. Mais quand on creuse un peu le sujet, on se rend compte que le Kosovo est aussi l’une des plus grandes réserves de minéraux précieux d’Europe…. Mais bon, cela ne doit être qu’une coïncidence !

Mais bon bref, trêve de politique, ce n’est pas pour ça que nous sommes venus ici ! On reprend donc notre marche, Nicolas carbure toujours autant à identifier ses plantes et à les enregistrer sur Obsmapp (sauf quand on passe sur des crêtes un peu vertigineuses…), on est tous attentifs à la moindre trace tout en admirant les paysages et nos efforts finissent par payer ! En fin de matinée nous trouvons notre première crotte du loup accompagnée de ses petites crottes de chamois ! Une double observation bien sympathique !

Vers 11h nous atteignons le sommet (2403m), nous faisons une nouvelle pause et on ne se lasse pas de regarder les vallées de chaque côté de la crête que nous suivons. Et toute la fin de matinée s’est poursuivie dans la même dynamique, un superbe soleil, quelques névés pour faire des glissades (plus contrôlées par Pascal que par Nicolas !), de belles observations naturalistes, des données qui s’accumulent progressivement, quelques crottes de loups et même une vipère péliade ! Que du bonheur…

Vers 13h nous nous arrêtons manger dans la « vallée de la paix », une petite vallée cachée depuis laquelle nous pouvons voir Rosaje, très loin en contrebas. Nous sommes survolés par un faucon crécerelle puis par un faucon hobereau ! Première observation de cette espèce depuis le début des expés d’OSI ici !

On commence notre descente et sur la route nous croisons de nouvelles raretés : des empreintes d’ours dans la boue, bien marquées comme il faut et bien impressionnantes, des sonneurs à ventre jaune (des petits crapauds qui apprécient les ornières de véhicule pleines d’eau en montagne) et une nouvelle vipère péliade que Semir manipule sans trop d’hésitation !

Nous faisons un petit crochet par son village d’enfance mais on ne voit personne donc on commence notre dernière ascension de la journée pour rejoindre le chalet. Sur le chemin nous remplissons nos gourdes à même une source qui sorte de la roche et nous montons progressivement.

Bilan des courses ? Une très belle journée sous le soleil avec de nombreuses espèces observées (Grand tétras, traces d’Ours et de Loup, Edelweiss, Faucon hobereau, Tritons alpestres, Sonneurs à ventre jaune, Vipères péliades...), des paysages magnifiques et une randonnée bien intéressante d’un point de vue physique aussi : 18km et 1100m de dénivelé (positif et négatif) dans la journée !

Et cela n’a pas empêché William, Pascal et Konan de finir la dernière montée en courant pour faire la course jusqu’au chalet !!

Et pour recharger les batteries, ce soir nous avons fait un gros gratin de pommes de terre crème fraiche et fromage fondu au four à bois avant de refaire une petite session de visionnage de données de pièges-photo. Et cette fois-ci encore, nous avons de bons résultats puisque nous avons pu voir des vidéos de renards, de chevreuils, de chats forestiers, d’ours et même de loup !
Une très très belle journée !

Jeudi 16 Juin, découverte d’une crotte d’ours en direction d’Armitsa

Dernier réveil dans le chalet de Feka, la veille au soir William et Pascal parlaient de se lever à l’aube pour aller marcher mais finalement un réveil à 7h30 fut largement suffisant. On mange rapidement, on prépare notre repas pour le midi puis nous faisons nos sacs que nous allons déposer dans le 4x4 de Feka. L’idée étant de rejoindre notre prochain lieu de campement à pied, nous nous allégeons le plus possible puisque nos gros sacs à dos vont être posés directement à notre lieu d’arrivée.

A 10h nous sommes fin prêts et après avoir rapidement étudié la carte pour comparer le trajet de la veille et celui à venir, nous partons ! Nous commençons par rejoindre le lieu du piège-photo que nous avons récupéré lundi avec dans l’idée de le ré-installer (les piles étant mortes quand on l’a récupéré, nous y avons mis cette fois-ci des nouvelles au lithium, qui durent bien plus longtemps), mais le chemin d’accès n’étant vraiment pas évident (crapahutage et recherche constante de chemin entre les pousses de Pin noir), seuls Semir et Konan partent le reposer pendant que le reste du groupe fait une pause au soleil.

Les discussions vont bon train des deux côtés, Semir fait un point à Konan sur toute la complexité de la politique au Monténégro, du manque d’éducation de certains habitants de la montagne qui peuvent cueillir une espèce pour la vendre jusqu’à la faire quasiment disparaitre, la présence des mafias du bois d’Albanie qui viennent la nuit couper des bouts de forêt au Monténégro, des jeux de pouvoir qui font que certaines zones sont protégées et d’autres non indépendamment de leurs intérêts naturalistes… Et de l’autre côté, on observe en commentant quelques hommes en train de couper grossièrement des têtes de Pin noir (Pinus nigra) dans une zone où la cueillette de cette espèce est censée être strictement règlementée… Ce pays est pour l’instant encore très préservé par endroits mais beaucoup de choses donnent l’impression de ne tenir qu’à un fil….

Une fois le piège installé et le groupe réuni, on repart en direction d’Armitsa, le sommet que nous voulons faire dans la journée ! Le chemin est très peu praticable et Semir sort rapidement sa hache pour l’éclaircir de nouveau. Les discussions précédentes l’ayant un peu tendu, on sent qu’il a toute l’énergie qu’il faut pour couper toutes les branches et parfois les jeunes arbres qui encombrent le chemin !
On profite du chemin pour continuer notre inventaire floristique du coin, il y a quelques espèces que nous ne parvenons pas à identifier mais dans ce cas nous les prenons en photos sous toutes les coutures pour pouvoir les identifier plus tard. Et au milieu de ces plantes à fleurs nous trouvons… une ENORME crotte d’ours au beau milieu du chemin !

L’ascension se fait tranquillement, on repasse par la zone où un pic tridactile avait été vu l’année dernière mais personne à l’horizon cette fois-ci… Cependant, après ces quelques jours de soleil, les papillons sont enfin de retour ! Nous ne sommes pas équipés pour les attraper donc nous faisons exclusivement des identifications à la vue : Procris, Tircis, Machaon, Petite tortue, Belle dame, Aurore…

La dernière montée est bien raide et le chemin n’est pas tracé mais cela n’arrête pas (bien au contraire) les 3 chamois de l’équipe : Pascal, William et Konan qui accélèrent presque autant que la pente se renforce ! Tout le monde arrive bien transpirant au sommet mais on est tous heureux d’être là, sur cette petite montagne qui permet d’avoir une vue à 380° sur les montagnes d’Hajla !

On mange sur le sommet pendant que Semir nous explique en nous montrant le paysage le programme de l’après-midi et de demain. Au-dessus de Rozaje, il y a un petit village et au-dessus de ce village une zone où le lynx a été signalé la saison dernière ! On va dons s’en approcher au maximum demain pour pouvoir aller y poser notre dernier piège-photo.

On longe la crète pendant un temps pour profiter de la vue au maximum, la végétation et les plantes à fleurs sont différentes ici donc on reprend notre inventaire pour augmenter notre liste d’espèces. La dernière partie de la descente fut moins sympathique puisque nous avons dû suivre une piste de ski en cours de construction…faisant comme une belle cicatrice dans la montagne. Le terrain est complétement déstructuré mais présente l’avantage d’avoir des ornières boueuses dans lesquelles nous avons pu observer des empreintes de chevreuils, de sanglier, de blaireau et pour finir de loup !

Vers 16h nous arrivons à notre lieu de campement pour les 2 nuits qui viennent : une sorte de grande maison encore en cours de travaux semblant moderne mais sans douche ni de gazinière à proprement parler. Nous avons une vieille cuisinière à bûche qui nous réserve une surprise pour la soirée.

Le soleil étant encore haut dans le ciel, nous décidons de nous remettre en route pour aller explorer les environs, il y a non loin une sorte de mini village de katuns où il semble y avoir quelques personnes. Et cette idée fut brillante puisqu’à peine 10 minutes après être partis, nous croisons la route d’une grosse vipère péliade ! Nous avons, bien entendu, pris le temps de faire une jolie petite séance photo avec elle avant de continuer notre chemin.

Jolies observations de Linottes mélodieuses, de Corneilles mantelées et d’un Pie-grièche écorcheur puis nous montons de plus en plus avant que le groupe ne se sépare de nouveau en 2. D’un côté Pascal et Nicolas qui considèrent avoir assez marché pour la journée et veulent rester assis au soleil à scruter l’horizon avec les jumelles et de l’autre William et Konan qui ont repéré un joli petit col de montagne au-dessus et qui devient l’objectif à atteindre de la soirée ! (Semir est rentré à Rozaje pour la soirée)

Des 2 côtés des observations sont faites, on notera la présence du Lys des Balkans (Lilium albanicum) une espèce localisée aux montagnes des Balkans et du Botryche lunaire, une petite fougère censée ne pas être commune mais qui semble très bien se plaire ici !

Repas crêpes ce soir on est motivés, mais une première difficulté a failli nous faire battre en retraite ! La fameuse cuisinière à bûches qui, une fois allumée, s’est mise à fumer par tous les bouts (sauf par le tuyau d’évacuation de la fumée…) et a plongé la cuisine dans un brouillard dense et agressif pour les yeux et les poumons ! Mais avec un peu de persévérance et plusieurs tests nous avons fini par amadouer la bête ! Et nous avons bien mangé nos crêpes, toutes réalisées par William.

Vendredi 17 Juin, exploration d’un nouveau vallon pour poser un nouveau piège-photos

Ça y est, ça commence à sentir la fin, aujourd’hui c’est notre dernière journée complète en montagne… Puisque demain nous allons reprendre la route vers Podgorica depuis Rozaje. Mais avant ça nous avons encore des choses à faire !
Nous partons du gîte à 9h30, après un bon petit déjeuner (et après avoir attendu Semir un petit bout de temps…) en direction du nord pour aller explorer un nouveau vallon apparemment intéressant pour le Lynx des Balkans. Nous sommes juste au-dessus d’un flanc de montagne sur lequel il aurait été aperçu la saison dernière par plusieurs villageois et aujourd’hui nous allons relever un vieux piège-photo de Semir et poser le dernier des nôtres.

Après un petit dénivelé et quelques observations naturalistes, Semir nous explique la raison de la pertinence de ce lieu pour poser un piège-photo. Nous sommes à la croisée de plusieurs chemins et de plusieurs petites vallées encaissées aboutissant presque toutes au même endroit. Autrement dit, nous sommes à la sortie d’un entonnoir naturel qui poussera les animaux à passer devant notre piège quel que soit la direction par laquelle ils arrivent ! Donc s’il y a un lynx dans les parages… Il y a bien un moment où il passera par l’un de ces fonds de vallées !

On se mets donc en recherche du spot parfait, on compare les points de vue, les avantages et les inconvénients de chacun des arbres mais pour le moment nous n’arrivons pas à être parfaitement satisfaits de ce que nous trouvons… On laisse donc la question de la localisation précise du piège en suspend et partons à la recherche du piège de Semir.

Après de nouveau un petit temps de marche, nous arrivons devant, nous récupérons la carte SD puis nous regardons rapidement les vidéos… Mais une fois de plus les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances…. Seulement quelques chevreuils et renards sur ce piège… On le réinstalle à la même place (parce qu’en soi le spot est intéressant) mais étant un vieux piège, on ne mise pas tous nos espoirs dessus !

On repart tranquillement, toujours en enregistrant les chants d’oiseaux, les plantes et les traces de mammifères que nous croisons sur notre chemin, nous voyons des petites choses intéressantes mais nous gardons un œil attentif sur le ciel qui s’obscurcit de plus en plus au-dessus de nos têtes…

Et au détour d’une clairière nous sommes tombés presque nez à nez avec un brocard qui nous a vite repéré mais comme nous avons tous eu le réflexe de nous immobiliser, nous sommes restés à nous observer respectivement pendant presque 10 minutes, nous aux jumelles et lui en se demandant visiblement ce qu’on pouvait bien faire là !

A 13h après une boucle dans des vallées encaissées et bien boisées, nous arrivons de nouveau sur le lieu où nous voulons poser notre dernier piège-photo. Et cette fois-ci un arbre s’est imposé à nous presque comme une évidence. Et il était temps de choisir puisque les nuages s’amoncellent au-dessus de nos têtes et que les premières goutes commencent à tomber. On se répartit donc rapidement le travail, Semir grimpe dans l’arbre pour couper les branches en trop, Nicolas s’occupe de faire les réglages du piège, Pascal de remplir la fiche associée, William de préparer le système d’antivol et Konan de superviser l’ensemble. Après presque 12 jours d’expé, on sent que ça y est, l’équipe est bien rodée et nous sommes efficaces dans tout ce que nous faisons !

Et heureusement parce que nous mettons quand même facilement 20min à tout installer pour que le piège soit parfaitement au bon endroit et avec la bonne orientation et que ces 20 minutes en question se sont faites sous une pluie bien bien présente !

Une fois satisfaits, nous regagnons un peu d’altitude pour pique-niquer au soleil et sur un promontoire rocheux nous offrant une vue bien sympathique. Il fait beau là où nous sommes mais on aperçoit à peine Rozaje qui semble avoir disparu sous un rideau de pluie ! Et rapidement nous comprenons que le soleil que nous avons n’est qu’un court répit avant que la pluie n’arrive jusqu’à nous, et qu’une belle douche nous attend si on ne se dépêche pas de quitter la zone !

On mange donc en 4e vitesse et rapatrions vers le chalet pour essayer d’échapper au rideau de pluie qui arrive. On fait aussi vite que possible mais cela ne nous a pas empêché de finir avec l’orage grondant fortement au-dessus de nos têtes, les éclairs ne semblant pas tomber loin et la pluie attelant nos épaules !

Changement du programme pour cet après-midi, plutôt que d’aller faire une crête, on va rester à l’intérieur pour finir d’analyser les données des pièges-photos que nous avons contrôlés et nommer individuellement chaque vidéo présentant une espèce sauvage.

Puis après une petite partie de 10.000 bien méritée, nous nous mettons déjà à préparer le repas du soir puisque demain, pour profiter de notre dernière matinée en montagne, nous avons prévu de nous lever à 5h de manière à être à 5h30 dehors en train de commencer notre dernière rando !

Samedi 18 Juin, dernière balade et bilan de la mission

Il est 5h, nos réveils sonnent et nous savons que nous n’avons que 30 minutes avant que Semir n’arrive. Hier soir, Nicolas s’est finalement dit que 5h c’était bien trop tôt pour se réveiller et donc nous ne sommes que 3 à nous rendre compte qu’à 5h… Eh bien il fait déjà vraiment vraiment jour au Monténégro ! Donc nous n’aurons même pas le droit d’avoir un lever de soleil. Mais bon, au moins à cette heure-ci la montagne est calme et peut-être aurons-nous la chance de voir quelques animaux. La seule chose qui nous questionne, c’est l’état de nos chaussures à la fin des quelques heures de marche qui se profilent devant nous… La brume est bien présente et la végétation brille d’humidité… Mais bon, après tout, ce n’est pas comme si nous n’étions pas habitués !

A 5h30 pétantes nous partons et l’avantage de l’air frais du matin, c’est qu’il est plus léger et cette légère différence de structure incite les oiseaux à chanter particulièrement activement au lever du jour. Nous en profitons donc pour faire des enregistrements sonores régulièrement de manière à pouvoir inventorier facilement et efficacement les oiseaux de notre zone d’étude.

Nous partons faire le tour d’un petit mont, ça grimpe bien au début puis une fois à une certaine hauteur nous restons sur la même ligne de niveau (approximativement) ce qui facilite la marche et quelque temps après, nous faisons décoller une perdrix grise juste sous nos pieds ! L’identification ne fut pas facile puisque nous avons été surpris par son décollage et que le temps était très brumeux mais sa queue rousse contrastant avec le gris de son corps nous a tout de même permis d’émettre une conclusion.

On en profite pour prendre en photo toutes les nouvelles espèces de fleurs présentes dans ce coin de montagne pour une identification ultérieure et même si finalement nous ne voyons pas beaucoup d’espèces animales (en dehors des oiseaux), cela reste très agréable de marcher tôt le matin comme ça. A tel point que nous nous sommes dit que pour les prochaines expéditions, on devrait peut-être décaler toutes les journées de 3h pour être toujours tôt le matin dehors !

Trois heures plus tard nous sommes de retour au chalet, on retrouve Nicolas et nous finissons de boucler nos sacs. Nous n’avions qu’une heure devant nous mais nous avons tout de même pris le temps d’allumer un feu dans le nouveau poêle du salon (et non pas dans la vieille cuisinière de la cuisine !) pour y faire sécher nos chaussures, bien trempées par l’humidité du matin. Le seul paramètre que nous n’avions pas pris en compte… C’est justement que ce poêle était quasiment neuf et que donc là où la cuisinière mettait une demi-heure à chauffer… lui met 10 minutes ! Ce qui a permis à l’une des chaussures de Konan d’arborer un nouveau look… Mais heureusement plus de peur que de mal, seulement une bonne trace de chaud sur l’un des côtés !

Nous redescendons à Rozaje pour prendre notre bus mais avant ça, une petite halte s’impose dans une petite petoite très typique de vente de Burek ! Une spécialité locale, vendue une bouchée de pain mais pourtant très nourrissante, constituée de feuilles de pâtes feuilletées enroulées autour de viande, de fromage ou bien d’épinard et autant dire qu’après les heures de marche de ce matin, c’était très bienvenu !

A 12h nous prenons enfin notre bus (avec une heure de retard) et rentrons tranquillement à Podgorica. La route est longue depuis Rozaje mais toujours aussi belle et on alterne entre siestes et contemplation du paysage.

Puis une fois à Podgorica, de nouveau dans l’hôtel du début de l’expé, nous prenons tous le temps de prendre une bonne douche bien méritée après tous ces jours avec un confort sommaire. La soirée se termine avec un petit bilan des 15 jours, puis un dernier restaurant et bien sûr quelques dernières parties de 10.000, qui fut définitivement LE jeu de l’expé.

Demain matin chacun reprendra sa route, Nicolas a son avion à 15h pour la France et William et Pascal ont prévu de rester quelques jours de plus au Monténégro pour prendre le temps de visiter la partie sud du pays.

En revanche, un autre programme attend Konan puisque dans les jours qui viennent il va travailler pour remettre au propre les 830 données que nous avons récoltées pendant l’expé ! Une bonne charge de travail l’attend mais c’est aussi très satisfaisant de voir apparaitre sur une carte les avancées des connaissances naturalistes que nous avons de la zone !

Donc même si ce journal de bord de la 6e expédition au Monténégro sur la trace du Lynx des Balkans touche à sa fin, restez connectés parce que dans les jours qui viennent apparaitront en bas de cette page les cartes de répartition des espèces contactées !

Données scientifiques de cette mission

Ca y est, les vidéos des pièges-photos ont toutes été nommées individuellement et enregistrées sur notre base de données en ligne, les données récoltées sur ObsMapp ont été vérifiées et « nettoyées » et les cartes bilans ont été réalisées !

Ci-dessus voici 2 PDF (Un par zone d’étude) que vous pouvez télécharger avec le nombre d’espèces identifiées par carré de 1km de côté. Au total nous avons pour l’instant comptabilisé 127 espèces différentes dans le Parc National de Prokletije et 139 dans les montagnes d’Hajla. Et si pour l’instant toujours pas de trace de notre insaisissable Lynx des Balkans, nos partenaires locaux, présents à l’année sur place restent confiants puisque d’après différentes sources... au moins un individu aurait été aperçu à deux endroits différents cet hiver ! Il ne nous reste donc plus qu’à persévérer et à trouver LE bon spot qui nous permettra d’avoir les premières preuves en image de sa présence au Monténégro ! On croise les doigts !

- Retrouvez la liste des espèces observées sur Prokletije dans la base de données Observation.org en suivant directement ce lien :

- Retrouvez le bilan scientifique de la mission de 2019, en allant sur cette page :
https://osi-biodiversita.org/Sur-les-traces-du-Lynx-des-Balkans-Bilan-2019.html

Informations complémentaires

- Un article publié dans le journal Mammifères Sauvages consacré à notre étude sur le Lynx est disponible en suivant ce lien :
https://osi-biodiversita.org/Nos-resultats-sur-l-etude-du-Lynx-enfin-publies.html

- Retrouvez le descriptif de cette mission en suivant ce lien : https://vacances-scientifiques.com/Sur-les-Traces-du-Lynx-au-Montenegro.html?var_mode=calcul

- Pour découvrir l’ensemble des photos du séjour, rendez-vous sur notre plateforme OSI-photos (https://osi-photos.org/thumbnails.php?album=817)

Contact et réservation

- Si vous êtes intéressé(e) pour participer au prochain séjour « En quête de biodiversité au pays du Loup en Itinérance », ou si vous avez des questions sur notre protocole d’étude, l’organisation du séjour, voir les disponibilités et réserver votre séjour, n’hésitez pas à nous envoyer un mail : contact osi-biodiversita.org

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