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Le Journal de Bord
Mercredi 8 novembre 2023
Tout le groupe s’est bien rassemblé à Katmandou ce soir : nous sommes 9, prêts à partir explorer la biodiversité népalaise ! Avec Catherine, Konan et Iliane, ce sont Aurélie, Sébastien, Sandrine, Pascal, Margot et Hermine qui forment une fine équipe pour assurer la session 2023 de cette expédition de novembre.
Peu après que les derniers soient arrivés de l’aéroport (après un pittoresque voyage en taxi à travers Katmandou !), nous avons commencé à nous rencontrer autour d’une boisson. Thé pour les uns, bières pour les autres - à la surprise générale ce sont des bouteilles d’1L chacune qui nous ont été servies ! Nous sommes ensuite allés dîner dans un joli restaurant du quartier animé de Thamel : dahl bat, mapo tofu, biryani, momos... Ce sont les premières saveurs locales que nous avons pu expérimenter ce soir, avant de rentrer profiter d’une bonne nuit de repos avant le premier grand départ.
Jeudi 9 novembre
Réveil matinal : nous partons de Katmandou à 7h, direction Chitwan ! Une courte marche aux aurores pour rejoindre la place des bus nous met dans l’ambiance : déjà ici, en ville, un singe nous observe de très près.
Ce parc national au sud du pays n’est qu’à environ 200km de la capitale mais nous mettons près de 6h à l’atteindre : à bord de notre confortable bus le trajet est cependant passionnant. Les camions multicolores aux inscriptions fantasques, les petites échoppes le long de la route, les cahots de cette route en terre et la vue qui se dégage à chaque virage de la rivière encaissée que nous longeons... voilà un spectacle permanent et palpitant.
En milieu de trajet (c’est-à-dire vers 10h30) le bus s’arrête à un restaurant au bord de la « Highway » comme ils disent, car c’est l’heure de la pause dahl bat ! Buffet à volonté, cadre verdoyant en bordure de rivière, malgré l’heure nous mangeons avec appétit avant de repartir prendre la route.
Nous arrivons en milieu d’après-midi au terminus : aux portes du parc national de Chitwan, une foule de chauffeurs frénétiques accueille les passagers de notre bus, et principalement nous autres « tourists ». Mais rapidement une jeep vient à notre rencontre de la part du Chitwan Gaïda Lodge où nous nous rendons. Après le bain de chaleur à la sortie du bus à l’arrivée dans la plaine, le petit voyage en jeep nous aère agréablement les esprits !
A notre arrivée au Gaïda Lodge à Sauraha, nous sommes accueillis à bras ouverts par Tika, le fameux ornithologue qui travaille avec Biodiversita sur ce projet depuis sa genèse, et son fils. Après un petit jus de citron de bienvenue, c’est l’heure de la sieste et de l’installation dans nos chambres. Puis nous prenons les jumelles pour partir faire une balade de fin d’après-midi dans la jungle à deux pas du lodge... Et là c’est une immersion extraordinaire que vit le groupe : nous observons longuement des oiseaux fascinants comme un guêpier tout bleu (Green Bee-eater), quand soudain l’un de nous se retourne : deux éléphants domestiqués passent derrière nous, avec des locaux perchés sur leur dos, et des ballots de fourrage fraîchement cueillis dans la jungle. La lumière dorée de cette fin de journée et la toile sonore des oiseaux tropicaux nous baignent dans une ambiance magique.
Après un passage au Gaïda lodge pour mettre une petite laine, nous allons dîner à un des restaurants en bord de plage, où nous profitons de l’attente pour parler plus en détail de la mission qui nous attend et des outils utiles.
Vendredi 10 novembre
Ce matin, nouveau départ au petit matin : nous partons explorer le parc de Chitwan guidés par Bishnu, fameux ornithologue local, et deux gardes. Nous commençons par traverser la rivière sur de fines pirogues, pour arriver à l’orée de la jungle.
Ici nous sommes entourés d’arbres à l’écorce orangée, que l’on appelle Rhino Trees (Trevia nudiflora)... nous voilà en effet au pays des rhinocéros : Bishnu nous indique d’ailleurs avant de nous mettre en route que c’est l’arbre conseillé dans lequel se réfugier en cas de charge de rhino ! Bon, ce n’est pas au programme et nos rencontres du jour seront principalement à plumes.
Rapidement, nous sommes accueillis par un ballet de Red-bellied Parakeets, des perruches à gorge rose qui caquettent à la cime des immenses Rhino trees. Nous arrivons en milieu ouvert, et là ce sont les nombreux Bulbuls à ventre rouge que l’on ne se lasse pas de mettre dans les jumelles ! Par chance, un Calao (Hornbill en anglais) passe en vol non loin. La journée commence bien !
Nous passerons une bonne partie de la journée dans les grasslands : ces espaces ouverts constitués en majorité d’une graminée géante qu’ils appellent ici Elephant grass puisque c’est la nourriture favorite des éléphants -qui font également partie de la faune locale, et ça nous le voyons vite aux nombreux énormes crottins d’éléphants que nous croisons sur notre chemin.
Il fait très chaud. Nous pique-niquons à l’ombre d’un Rhino Tree, en hauteur, à l’affût. Au fil de la journée nous commençons à avoir l’oeil pour reconnaître les grands arbres (qui ne sont ici pas bien nombreux, il faut le dire), comme le Silk Cotton Tree avec son port verticillé caractéristique. Les Bulbuls jouent à cache-cache dans les buissons d’Herbes aux éléphants. Nous scrutons les zones humides avec attention, dans l’espoir d’apercevoir peut-être un grand mammifère emblématique de Chitwan.
En fin de journée, nous arrivons sur une vaste zone de brûlis : c’est une méthode pour régénérer la végétation, et quand on y passe il y a encore des zones en flammes. Le plus surprenant à ce moment, c’est le ballet des Drongos qui se perchent à deux pas des flammes et y plongent régulier : que font-ils donc !? Il semblerait qu’ils profitent d’un barbecue d’insectes paniqués par le feu.
Nous entrons peu après dans la forêt, changement d’ambiance : ici, des arbres immenses et une végétation florissante, nous entrons dans une autre dimension. Il fait plus sombre. Des lianes épaisses courent sur les troncs. Nous marchons en silence, à l’affût derrière Bishnu qui siffle pour attirer de discrets oiseaux de la forêt tropicale. Soudain, quelque chose tombe de la cime des arbres dans un bruit mat, dans les fourrés à deux pas de notre sentier. Intrigués, nous allons y regarder de plus près : une sorte de poule sans tête gît là. En croisant les indices d’’observations de chacun, nous élucidons le mystère : un rapace a été aperçu peu avant, notre arrivée a sans doute interrompu son repas, et sa proie n’a pas tenu très longtemps en haut des arbres.
Un peu plus loin, en lisière du couvert forestier, Bishnu nous fait signe avec excitation d’approcher du bord de l’eau. C’est le cadeau de fin de journée, cerise sur le gâteau tropical : il y a là un véritable RHINO, un imposant Rhinocéros unicorne (Rhinoceros unicornis) en plein bain, c’est magique. Sur la pointe des pieds, nous pointons nos jumelles et objectifs d’appareils photo sur le spectacle. On observe un corvidé perché sur son dos, qui a visiblement repéré une plaie ouverte sur la cuirasse de l’animal, et la picore sous nos yeux effarés, déclenchant quelques mouvements du rhino.
Après de longs instants de contemplation, nous reprenons notre chemin du retour.
Samedi 11 novembre
Après un tranquille petit déjeuner dans le jardin de notre Chitwan Gaïda Lodge, nous partons en jeep en direction des Twenty Thousands Lakes, une vaste zone humide protégée. Tout le monde est aux aguets pendant le trajet : la jeep offre un point d’observation en hauteur avec affût à 360° par toutes les personnes présentes, on ne rate pas un oiseau !
D’autant plus à partir de l’arrivée dans la zone de forêt tropicale dense, où nous ne cessons de toquer au carreau du driver pour qu’il s’arrête et que l’on sorte les jumelles.
Déposés au bord du lac principal, nous nous lançons dans une session de botanique introductive : découverte du livret des arbres et arbustes créé avec les anciens participants, prise en main de la fiche de caractérisation botanique et test de la clé d’identification améliorée et complétée à chaque expédition.
En fin de matinée, nous sommes surpris par la pluie : après la canicule écrasante de la veille, on ne s’attendait pas à avoir ce temps humide et plus si chaud qui nous fait regretter nos manteaux. Comme c’est l’heure du pique-nique, nous nous mettons à l’abri dans une cabane en bois surélevée au dessus du lac. C’est confortable : on est à l’abri pour dévorer nos sacs de riz et on a la vue sur les crocodiles qui nagent silencieusement un peu plus loin.
A la fin de notre pause déjeuner, la pluie décide elle aussi que ça suffit, et voilà un soleil discret qui pointe le bout de son nez. C’est l’heure de la rencontre avec les trois principales plantes invasives dont on va étudier la répartition dans les Chepang hills. On sort les loupes de botanistes et c’est parti : on compare les formes, la disposition des feuilles, on étudie la pilosité des tiges, le nombre d’inflorescences... aucun détail ne doit nous échapper pour nous mettre dans l’oeil les caractéristiques de ces espèces végétales.
En chemin, nous tombons sur d’impressionnantes termitières qui se dressent comme des châteaux au milieu de la végétation.
Le trajet du retour comme à l’aller est peuplé de multiples observations, dont un troupeau de cervidés accompagné des trois sangliers, au loin dans la prairie humide, jusqu’à ce que la pénombre nous arrête.
En rentrant de nuit, on découvre que toutes les maisons sont couvertes de guirlandes lumineuses et colorées : c’est la fête des Lumières, qui dure officiellement quatre jours cette année et c’est le début aujourd’hui.
De retour au Chitwan Gaïda Lodge, on nous propose de profiter du buffet de dahl bat préparé pour un groupe de Népalais hébergés aussi ici ce soir. Une solution efficace et goûtue qui nous permet de profiter de l’ambiance festive jusque dans le lodge puisque le groupe en question danse en musique pendant tout notre repas.
Dimanche 12 novembre
C’est le jour du grand départ : ce soir nous dormons dans les Chepang Hills ! Nos sacs sont bouclés, allégés de quelques affaires qui peuvent attendre ici notre retour.
Nous repartons en jeep. En passant en ville c’est l’occasion de faire quelques courses de fruits et de légumes dont nous aurons besoin pour nos trois jours de bivouacs en autonomie dans les Chepang hills. Quelle joie de découvrir les fruits et légumes locaux et de choisir ensemble lesquels nous intriguent pour les goûter !
Nous retrouvons ensuite Rupen, notre guide-interprète qui va nous accompagner pendant tout le périple. Alors que tout semble enfin prêt, la jeep démarre, traverse la route au dense trafic et...tombe en panne. Rapidement, cela attire de nombreux badauds qui y vont de leur avis. Par chance, la bonne personne est vite appelée à la rescousse : le mécano du coin arrive sur son scooter avec ses outils, et c’est parti pour la réparation en pleine rue ! La foule de curieux ne désemplit pas, notre mécano fait des allers-retours pour chercher le bon outil ou réparer une pièce dans son atelier, notre chauffeur fait de son mieux pour avancer la réparation : on ne perd pas une miette de spectacle. Et finalement, well done, la foule s’écarte, la jeep pétarade et nous nous élançons vers les montagnes.
Au bout de la route, nous sommes déposés avec tous nos sacs et c’est là que nous rencontrons la fière équipe d’habitants du village de Gadi descendus pour monter les sacs de matériel scientifique et logistique. Cela leur fait un revenu intéressant pour un effort qu’ils maîtrisent, et cela nous soulage pour entamer avec énergie la montée bien raide qui nous attend.
En prenant de la hauteur, la vue sur la vallée nous émerveille un peu plus à chaque virage. Comme les plantes atypiques qui nous entourent, telle que la fabacée à feuilles gigantesques (). Nous profitons de ce trajet au fort dénivelé pour faire un premier transect d’étude de la végétation : dès que le milieu change à droite ou à gauche du sentier, on s’arrête pour prendre un point GPS, caractériser le nouveau milieu selon des termes précis et prendre des photos.
Il fait chaud, et nous sommes heureux d’arriver enfin sur un replat à l’ombre : ça tombe bien, c’est le lieu prévu pour le pique-nique. L’habitude de s’arrêter à cet endroit a été prise depuis que l’écureuil noir géant y a été observé à plusieurs reprises. Nous mangeons donc calmement, les sens aux aguets pour tenter de voir ce fameux rongeur. Hélas, ce ne sera pas pour cette fois. Nous reprenons la marche sur un joli sentier bien moins raide. Régulièrement, des vues à travers le feuillage nous plongent dans cette profonde mer de verdure. Quelques oiseaux égaient aussi notre marche.
A un moment, notre petit chemin croise une route bitumée : ce chemin continuait tel quel aux premières expéditions, une large route en terre avait pris sa place la dernière fois, et maintenant il s’agit d’une route goudronnée qui monte au bas du village de Gadi. Nous traversons les petits hameaux avec force de « Namaste » souriants échangés avec les locaux. Arrivés au pied d’un immense Pipal Tree, arbre sacré protégeant autrefois une halte bien connue sur cette ancienne route du sel, nous sortons nos fiches de botanique pour faire une caractérisation minutieuse. Le Pipal Tree a des feuilles bien particulières, qui nous apprennent la définition du terme acuminé.
Face au petit sentier qui monte tout droit dans la végétation, le groupe se scinde en deux groupes : Rupen part avec Margot et Sandrine par la route, trajet plus long mais plus plat, tandis que le reste du groupe s’élance à l’assaut de la colline dans la lumière du soleil couchant. Les sauterelles et les cigales ne tardent pas à envahir l’espace sonore tandis que la pénombre nous enveloppe. On réussit à les observer chanter à plusieurs reprises, en les repérant à l’oreille dans le feuillage.
La dernière portion du trajet se déroule à la lueur de nos lampes frontales. C’est une ambiance atypique, celle de la nuit qui monte, avec de nouveaux sons, de nouvelles odeurs, d’autres sensations. On arrive à Gadi étourdis par cette marche nocturne immersive. Puis c’est l’heure de la douche, froide et au seau bien entendu, comme ce sera notre routine pendant toute l’itinérance à travers les Chepang, mais ô combien vivifiante et bienvenue.
A l’heure du dahl bat, Rupen, qui est aussi propriétaire de ce cottage sur la crête, nous fait un petit discours de bienvenue accompagné d’un verre de l’alcool local à base de millet : le Roksy.
Et c’est ainsi que nous nous endormons, épuisés et repus, prêts à sombrer dans des rêves nourris par l’aventure qui nous attend.
Lundi 13 novembre
Premier réveil dans les hauteurs des Chepang : et face à nous pour nous souhaiter la bienvenue, les blancs sommets himalayens illuminés du soleil levant. C’est beau.
On nous sert un délicieux petit déjeuner à base de légumes épicés, d’oeufs durs et de galettes de millet, accompagnés de boissons chaudes au choix. Ensuite, une fois nos gourdes remplies d’eau filtrée en direct, nous préparons nos petits sacs pour partir à la journée le long de la crête. Ce matin, nous testons pour la première fois le protocole d’étude des oiseaux, pour lequel chacun prend un rôle permettant à nous tous d’être efficaces pour inventorier au mieux les oiseaux de la jungle.
Arrivés à l’école de Kapé (fermée, « it’s festival » !), c’est déjà l’heure du repas du midi. Repas et non pique-nique, car un de nos cuisiniers-porteurs de Gadi vient nous apporter une casserole de riz et... des frites ! Au milieu de la jungle, c’est incongru mais toujours bienvenu. Nous sommes également ravitaillés en fruits, c’est super vu la chaleur. D’ailleurs c’est l’heure de la séance papillons, pour ceux qui veulent, et sieste pour les autres. Le timing est bon, ça voltige allégrement. Nous nous équipons des filet à papillons, guides de terrain locaux et appareils photo, et c’est parti !
Mardi 14 novembre
Transect oiseaux en deux groupes parallèles pendant la raide montée jusqu’à Chisapani, notre lieu de bivouac
Mercredi 15 novembre
Jeudi 16 novembre
Vendredi 17 novembre
Samedi 18 novembre
Dimanche 19 novembre
Lundi 20 novembre
Mardi 21 novembre
Mercredi 22 novembre
Jeudi 23 novembre
Vendredi 24 novembre
Samedi 25 novembre