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Aide à l’identification des limicoles

Cet article destiné aux débutants en ornithologie passe en revue les critères d'identification des limicoles. On y aborde le plumage, la silhouette et le comportement de ces oiseaux. Il se base sur des exemples et des comparaisons en images. Voir descriptif détaillé

Aide à l’identification des limicoles

Cet article destiné aux débutants en ornithologie passe en revue les critères d'identification des limicoles. On y aborde le plumage, la silhouette et le comportement de ces oiseaux. Il se base sur des exemples et des comparaisons en images. Voir descriptif détaillé

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Le Projet

Aide à l’identification des limicoles

Les limicoles sont les oiseaux qui appartiennent à l’ordre des charadriiformes qui compte 222 espèces dans le monde. Ce groupe inclus notamment les chevaliers, les bécasseaux, les courlis, les barges, les pluviers et bien d’autres. Mais pourquoi limicole ? Ce nom provient du latin « limus » qui signifie « limon » ou « boue », faisant référence à leur comportement alimentaire particulier : En effet, ces oiseaux sont associés à l’eau et se nourrissent habituellement de petits organismes vivants dans la vase. Pour cela, ils ont des pattes généralement longues leur permettant de s’aventurer en eaux profondes là où d’autres ne le pourraient pas. Voilà pourquoi on les a longtemps appelé des échassiers. Ils peuvent profiter du cycle des marées pour se nourrir sur l’estran mais on les retrouve dans toutes sortes de zones humides que ce soit dans les terres ou sur les côtes : Les marécages, les étangs, les lagunes ou les prairies humides. Leurs becs, quant à eux, sont de forme et de taille très diverses selon leur alimentation.




Par exemple, l’Huîtrier-pie qui porte bien son nom, peut ouvrir des huîtres ou des moules grâce à son bec long, comprimé latéralement, se terminant en pointe un peu relevée (photo a). Les régimes alimentaires sont aussi divers : certains peuvent se nourrir entre autres de petits invertébrés








comme des vers, des mollusques, des crustacés, des insectes mais aussi des baies et des graines comme c’est le cas du Pluvier doré par exemple (photo b). Ce groupe est assez atypique de par la diversité des oiseaux qui le compose et quelque soit le critère avec lequel on les définit, il y a toujours une exception à la règle ! On peut toutefois établir des généralités caractéristiques. Par exemple, la plupart sont migrateurs et vivent en groupe, excepté pendant la nidification où ils sont plus solitaires. Aussi, la majorité d’entre-eux nichent au sol et affectionnent les zones dégagées.
On s’attache ici à passer en revu les critères sur lesquels il est important de porter son attention pour identifier les différentes espèces. Certaines espèces sont communes en France, d’autres plutôt occasionnelles ou rares. Il est plus prudent de toujours considérer dans un premier temps les espèces communes avant de penser aux raretés.

Le plumage

La première chose que l’on regarde souvent chez un oiseau c’est la couleur du plumage. Chez les limicoles, ceci peut vite s’avérer un vrai défi ! Plumage d’hiver ? plumage d’été ? plumage de jeune ? plumage de mue ?...Un vrai casse-tête ! De quoi effrayer plus d’un ornithologue ! Alors comment y voir plus clair ?

Comment le plumage varie-il et pourquoi est-il important de le comprendre ?

Le plumage des limicoles varie énormément. D’abord en fonction de l’âge. Les juvéniles ont un plumage différent de celui des adultes. Par exemple, chez le Bécasseau maubèche, le juvénile a les plumes des ailes et du dos très écaillées contrairement à l’adulte qui est plus uniforme (photos c et d).

















Chez le Bécasseau variable, le juvénile a les plumes plus écaillées que l’adulte avec aussi des lignes blanches sur le dos (photos e et f).

















Puis le plumage varie aussi en fonction de la saison. Pendant la nidification, les oiseaux arborent un plumage nuptial pour séduire leurs partenaires, différent de celui de l’hiver qui permet de se camoufler et se faire discret des prédateurs (photos g et h).
















S’ajoute a cela aussi les plumages de transition, quand les oiseaux passent d’un plumage à un autre.





Chez le Bécasseau variable, à la fin de la saison de nidification, on commence à voir apparaître des plumes grises uniformes parmi les plumes colorées (photo i).













Certains individus acquièrent leur nouveau plumage plus tôt que d’autre, ainsi pendant la période de mue, on peut trouver des individus en plumage nuptial et en plumage d’hiver en même temps (photo j).




Autant de changements qui nous mettent des bâtons dans les roues pour l’identification ! C’est pourquoi il est utile de connaître les périodes de migration des oiseaux ainsi que les périodes de nidification pour comprendre ce que l’on observe et se faciliter la tâche. La migration des oiseaux est un cycle qui se répète à l’identique de façon précise chaque année, grâce à leur horloge interne réglée sur l’évolution de la durée du jour et de la nuit. Ainsi, les dates auxquelles on peut observer les espèces à un endroit donné sont similaires d’une année sur l’autre. Par ailleurs, pour la majorité des espèces à l’automne, les adultes migrent avant les jeunes résultant alors sur le terrain, de vagues de migration d’adultes suivies de vague de migration de juvéniles. Par exemple, en France, la migration post-nuptiale du Combattant varié débute mi ou fin juillet par l’arrivée des adultes, suivis quelque temps plus tard par les jeunes. Le pic du passage est atteint fin août ou en septembre. Les effectifs diminuent ensuite durant le mois d’octobre.

Les oiseaux qui s’envolent alors qu’on tente de les identifier ? Pas de panique, c’est une opportunité à saisir !

L’observation des oiseaux en vol peut parfois faciliter la tâche d’identification. Et oui parce que les contrastes sous les ailes, le patron de coloration du dos ou les détails de la queue peuvent fournir des informations précieuses. Par exemple, le Chevalier culblanc peut parfois être confondu avec le Chevalier sylvain quand ils sont posés. Mais lorsque qu’ils sont en vol, les larges barres à la queue du Chevalier culblanc ne laissent plus de place au doute comparées aux fines rayures du Chevalier sylvain (photo k et l) !




















Il en est de même pour les Pluviers argenté et doré qui peuvent être confondus quand l’éclairage est mauvais. Mais s’ils sont en vol, les aisselles noires du Pluvier argenté flashent et excluent catégoriquement le Pluvier doré qui lui, a les aisselles claires….Ne reste plus qu’à réussir à les suivre à la longue-vue (photo m et n) !

















La silhouette

Parce qu’on ne peut pas toujours compter sur l’observation de certains détails illustrés dans les guides, il faut porter attention à d’autres critères que la couleur du plumage : la silhouette, l’attitude et les cris des limicoles. Ces oiseaux sont très souvent observés à des distances importantes avec un éclairage parfois faible qui rendent les jumelles largement insuffisantes et la longue-vue indispensable.

Taille

La taille de l’oiseau est primordiale pour la détermination d’une espèce.

Comme on observe souvent plusieurs espèces en même temps, on a l’avantage de pouvoir comparer la taille des oiseaux entre eux. Un Huîtrier-pie par exemple est plus gros qu’un Pluvier argenté , qui est plus gros qu’un Tournepierre à collier qui lui-même est plus gros qu’un Bécasseau sanderling (photo o).




Attention parfois la différence est subtile ! Prenons l’exemple du Bécasseau sanderling et du Bécasseau minute qui ont un plumage d’hiver et une attitude qui peuvent se ressembler et sont souvent confondus : le premier est de la taille (du bout du bec au bout de la queue) d’un bécasseau variable que l’on voit sur l’image, jamais inférieur à 18 cm. Le second n’est jamais plus grand que 15 cm et fait partie des plus petits limicoles (photo p).





Forme du bec

On s’intéresse notamment à la forme du bec : Est-ce que le bec est à peu près droit, courbé vers le haut ou courbé vers le bas (photos q,r,s) ? Est-ce qu’il est plutôt fin ou plutôt épais ? Par exemple, un Chevalier stagnatile aura un bec très fin comparé à un Chevalier gambette.











Certaines espèces ont une façon de s’alimenter très caractéristique. C’est le cas de l’Avocette élégante, tenant son bec courbé ouvert progressant dans l’eau avec un mouvement régulier de la tête de gauche à droite.

Longueur des pattes




L’échasse blanche, par exemple, a des pattes tellement longues qu’elle accède à des zones d’alimentation privilégiées en eaux profondes (photo t). Au contraire, les bécasseaux ont la plupart du temps les pattes plus courtes, sauf exception comme le bécasseau à échasses. Ce critères est important même s’il arrive qu’on ne voit pas toute la longueur des pattes quand l’animal est dans l’eau.










Silhouette générale

La silhouette des oiseaux est déterminante. Elle consiste à regarder l’animal dans son ensemble. Elle permet de différencier des espèces qui se ressemblent par le plumage, la taille, la forme du bec ou l’attitude. Par exemple, le Bécasseau de Temminck peut ressembler au Bécasseau minute selon le moment de l’année : un dos et une poitrine colorés, un dessous blanc, un petit bec droit et une petite taille. Cependant les proportions sont très différentes si on y regarde à deux fois : La queue chez le Bécasseau de Temminck est plus longue, dépassant légèrement en arrière des ailes et les pattes sont plus courtes, ce qui lui donne une silhouette plus longue que son cousin (photos u et v).















On peut comparer aussi la Barge à queue noire et la Barge rousse : Ces deux espèces ont des becs légèrement arqués vers le haut, une démarche lente, un plumage brun-gris en hiver, la bedaine rousse en été et un corps de taille assez similaire. Cependant, la première a des pattes et un bec plus longs, lui conférant une silhouette plus élancée et plus svelte que la deuxième (photos w et x) .




















Le comportement

Pour identifier les espèces, il est bien utile de connaître leurs comportements les plus typiques et de se poser les bonnes questions : L’oiseau se déplace-t-il lentement ou rapidement ? Est-il en groupe ou seul ? Est-il sur une plage dégagée, dans la végétation ou les rochers ? Est-t-il bruyant ou silencieux ? A quoi ressemble son cri ? Autant de questions qui peuvent nous permettre de se faire un avis sur l’espèce que l’on observe...

Pendant qu’ils s’alimentent, certains limicoles sont très nerveux et ont la bougeotte ! C’est le cas de la plupart des espèces de gravelot ou des plus petits bécasseaux qui alternent des petites courses et des arrêts pour picorer rapidement dans le sable. D’autres au contraire se déplacent plus lentement comme l’Échasse blanche, l’Avocette élégante ou le Chevalier gambette qui sondent parfois du bec en s’aventurant en eaux profondes.
Ensuite, certains aiment s’isoler pour s’alimenter : c’est le cas de la plupart des chevaliers ou du Pluvier argenté par exemple. D’autres en revanche, s’alimentent toujours en groupe comme les bécasseaux minute ou sanderling.
Enfin, selon leur alimentation, certaines espèces ont pour habitude de fréquenter des endroits végétalisés comme le Bécasseau de Temminck alors qu’au contraire d’autres se trouvent plutôt sur des plages dégagées comme le Bécasseau minute. Certains encore, vont préférez rester sur les rochers, c’est le cas de l’Huîtrier-pie qui y trouve ses coques et moules favorites !

Pendant les migrations, certains prédateurs comme les Faucons pèlerin profitent de l’inexpérience des bécasseaux juvéniles pour se faire un festin. Mais ceux-ci ont beau être jeunes et innocents, ils ont plus d’un tour dans leur sac ! Leur stratégie de défense consiste à se regrouper, ce qui permet aux limicoles d’augmenter leur vigilance : pendant que certains se reposent ou se nourrissent, les autres montent la garde et préviennent du danger à l’arrivée d’un prédateur. Si un faucon arrive, tous les petits bécasseaux s’envolent alors en même temps de façon synchronisée formant ainsi une nuée d’oiseaux tellement dense que le faucon devient indécis et ne sait plus ou donner de la tête, abandonnant ainsi la lutte (photo y).



Pendant la nidification, au contraire, les limicoles deviennent plus solitaires et les groupes se dispersent. La plupart du temps, les nids s’établissent au sol.

Pour les plus téméraires, les cris des limicoles sont un bon moyen de reconnaître les espèces. Et oui car chacune d’elle a un cri qui lui est propre. En connaissant les cris de toutes les espèces on peut ainsi identifier les oiseaux les yeux fermés ! Cet exercice nécessite de la pratique et une bonne oreille ! Ces cris sont disponibles gratuitement sur des sites comme xéno-canto par exemple, ou en vente dans le commerce.

Conclusion

Et voila ! Nous avons passé en revue les critères importants d’identification des limicoles et nous sommes prêts à partir s’exercer sur le terrain en les gardant en tête : le plumage, la taille, la forme du bec, la taille des pattes, la silhouette générale, le comportement et le cri de l’espèce à identifier. Ceci peut paraître difficile au premier abord. Cependant, en s’armant des bons ouvrages d’identification, on multiplie les chances de succès. De la pratique et beaucoup de patience sont les maîtres mots en ornithologie ! Et quelle belle récompense que le privilège de pouvoir observer cette faune majestueuse et si diversifiée !

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